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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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responsables venus de l’UDF et du COSATU, qui étaient restés dans le pays et connaissaient bien mieux que nous la situation politique. Ces organisations avaient dans une certaine mesure remplacé l’ANC à l’intérieur du pays au cours des années 80. L’ANC devait aussi intégrer ces hommes et ces femmes dans ses rangs.
    Nous étions confrontés non seulement à des problèmes logistiques mais aussi à des problèmes philosophiques. Quand on combat un ennemi commun, maintenir la cohésion d’un mouvement est relativement simple. Mais créer une politique quand cet ennemi se trouve de l’autre côté de la table des négociations est une autre paire de manches. Dans le nouvel ANC, nous devions non seulement intégrer de nombreux groupes différents, mais aussi beaucoup de conceptions différentes. Nous avions besoin d’unir l’organisation autour de l’idée des négociations.
    Au cours des dix-sept premiers mois d’activité légale, l’ANC avait recruté 700   000 membres. Il s’agissait d’un chiffre impressionnant, mais il n’y avait pas de place pour l’autosatisfaction. Un nombre proportionnellement bas d’entre eux venaient des régions rurales, là où historiquement l’ANC avait toujours été le plus faible. Dans le même temps, le Parti national ouvrait en grand ses portes aux non-Blancs et recrutait activement des métis et des Indiens mécontents.
     
    Depuis ma libération, l’Etat avait continué sa campagne pour discréditer ma femme. Après le prétendu enlèvement de quatre jeunes qui se trouvaient dans la maison de Diepkloof et la mort de l’un d’eux, Winnie avait d’abord été diffamée par une campagne de rumeurs, puis on avait retenu contre elle quatre chefs d’accusation pour enlèvement et un pour voies de fait. Ces calomnies permanentes étaient telles qu’elle et moi souhaitions qu’elle aille au tribunal pour prouver son innocence.
    Le procès de ma femme commença en février, à la Cour suprême du Rand à Johannesburg. J’assistai au premier jour du procès, comme beaucoup de responsables de l’ANC, et je continuai à y assister aussi souvent que je le pouvais. Je fis cela à la fois pour soutenir ma femme et pour montrer que j’étais convaincu de son innocence. Elle fut défendue avec compétence par George Bizos, qui s’efforça de démontrer que Winnie n’avait rien à voir ni avec les enlèvements ni avec les coups.
    Au bout de trois mois et demi, le tribunal la déclara coupable d’enlèvement et de complicité de voies de fait. Cependant, le juge reconnut qu’elle n’avait pas donné elle-même de coups. Elle fut condamnée à six ans de prison mais libérée sous caution dans l’attente du procès en appel. En ce qui me concernait, avec ou sans condamnation, je n’avais aucun doute sur son innocence.
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    Le 20 décembre 1991, après plus d ’ un an et demi de pourparlers sur les pourparlers, les discussions reprirent   : la CODESA –  Convention for a Democratic South Africa (Convention pour une Afrique du Sud démocratique)  – représenta le premier forum de négociations entre le gouvernement et l ’ ANC et d ’ autres partis sud-africains. Toutes nos discussions bilatérales précédentes avaient permis de préparer le terrain pour ces pourparlers qui eurent lieu au World Trade Center, un centre moderne d ’ exposition près de l ’ aéroport Jan Smuts, à Johannesburg. La CODESA comptait dix-huit délégations couvrant tout l ’ éventail politique sud-africain, plus des observateurs des Nations unies, du Commonwealth, de la Communauté européenne et de l ’ Organisation de l ’ unité africaine   ; la plus grande représentation de groupes politiques jamais réunie au même endroit en Afrique du Sud.
    L’ouverture de tels pourparlers était un événement historique, sans doute la plus grande convention constitutionnelle depuis 1909, date à laquelle les anciennes colonies du Cap et du Natal et les républiques boers du Transvaal et de l’Etat libre d’Orange s’étaient mises d’accord pour former une seule union. Bien sûr, cette convention n’avait pas été un hommage à la démocratie mais plutôt une trahison de celle-ci, car aucun des représentants présents ce jour-là n’était noir. En 1991, la majorité l’était.
    Notre délégation, conduite par Cyril Ramaphosa et comprenant Joe Slovo et Valli Moosa, avait eu des discussions hebdomadaires avec le gouvernement sur le problème des élections, la

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