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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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constitution, une assemblée constituante et un gouvernement de transition. Les délégués de vingt partis différents, y compris les gouvernements des homelands, avaient accepté les règles de base de la convention.
    A l’ouverture, l’optimisme ne put être tempéré par quelques mauvais coucheurs. Le PAC décida de boycotter les pourparlers, accusant l’ANC et le Parti national de conspirer ensemble pour installer un gouvernement multiracial –   cela malgré la formation, un mois plus tard, du Front patriotique, l’alliance de l’ANC, du PAC et de l’Azanian People’s Organization (Organisation du peuple d’Azanie {27} ) autour d’une déclaration d’objectifs communs. Les responsables du PAC redoutaient des élections démocratiques parce qu’ils savaient qu’un tel vote révélerait leur maigre soutien populaire. Le chef Buthelezi boycottait lui aussi les pourparlers parce qu’on ne lui avait pas permis d’avoir trois délégations   : une pour l’Inkatha, une pour le gouvernement du KwaZulu et une pour le roi Zwelithini. Nous soutenions que le roi devait être au-dessus de la politique et que, si on devait l’admettre, alors chaque tribu d’Afrique du Sud devrait être autorisée à envoyer son chef suzerain.
    Ce qui dominait au World Center n’était pas seulement le sentiment de l’histoire mais aussi celui de la confiance. Contrairement aux négociations précédant les nouvelles structures politiques dans des Etats africains tels que le Zimbabwe et l’Angola, qui nécessitaient des médiateurs extérieurs, en Afrique du Sud nous réglions nos différends entre nous. Mr. De Klerk parla de la nécessité d’un gouvernement de transition avec « partage du pouvoir   » sur une base démocratique. Le chef de la délégation du Parti national aux pourparlers, Dawie De Villiers, présenta même des excuses pour l’apartheid.
    Dans mes remarques d’ouverture, je dis qu’avec la naissance de la CODESA les progrès en Afrique du Sud étaient devenus irréversibles. J’expliquai que les gouvernements tiraient leur autorité et leur légitimité du consentement des gouvernés et que nous nous étions réunis pour créer une telle autorité légitime. Je dis que la CODESA marquait le début de la route qui conduisait à une assemblée élue qui rédigerait une nouvelle constitution et je ne voyais aucune raison pour que l’élection d’une telle assemblée constituante n’ait pas lieu en 1992.
    Je demandai au gouvernement de nommer un gouvernement intérimaire d’unité nationale pour superviser cette élection, contrôler les médias d’Etat et l’armée et superviser de façon générale la transition vers une nouvelle Afrique du Sud non raciale et démocratique.
    Le premier jour de la convention, la plus grande partie des participants, dont le Parti national et l’ANC, signèrent une déclaration d’intention qui engageait toutes les parties à soutenir une Afrique du Sud unitaire dont la loi suprême serait une constitution garantie par un système judiciaire indépendant. Le système légal du pays garantirait l’égalité devant la loi, et une déclaration des droits serait rédigée pour protéger les libertés civiles. En bref, il y aurait une démocratie multiparti fondée sur le suffrage universel des adultes inscrits sur la même liste électorale. En ce qui nous concernait, c’était le seuil constitutionnel minimal acceptable pour une nouvelle Afrique du Sud. L’Inkatha refusa de signer parce que l’expression « une Afrique du Sud unitaire   » impliquait que le système fédéral était rejeté.
    La convention créa cinq groupes de travail qui se réuniraient début 1992 afin de préparer la voie à la seconde séance de la CODESA, prévue pour mai 1992. Les groupes étudieraient la question de la création d’un climat politique de liberté, la politique des homelands, la restructuration de la South African Broadcasting Corporation, l’examen des différents principes constitutionnels tels que le fédéralisme, et la création et l’installation d’un gouvernement intérimaire. Les différents partis acceptèrent que les décisions soient prises par un « consensus suffisant   » qui ne fut jamais défini mais qui, en pratique, signifiait un accord entre le gouvernement, l’ANC et une majorité des autres partis.
    La première journée de la CODESA   1 se déroula sans problèmes, jusqu ’ à sa clôture. La veille de la convention, j ’ avais

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