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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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négocié avec Mr. De Klerk au téléphone jusqu ’ à plus de 8 heures du soir. Mr. De Klerk m ’ avait demandé si j ’ acceptais de lui permettre d ’ être le dernier orateur du lendemain. C ’ était moi qui devais faire les remarques de conclusion et je lui dis que j ’ étudierais la question avec le NEC. Je le dis le soir même et, malgré les craintes de mes camarades, je les persuadai d ’ autoriser Mr. De Klerk à avoir le dernier mot. Je ne considérais pas la question comme vitale, et j ’ étais disposé à lui accorder cette faveur.
    A la fin de la session, tout semblait bien aller   ; je parlai de l’importance des pourparlers et je fus suivi par Mr. De Klerk. Il souligna la signification historique de l’événement et la nécessité de dépasser notre méfiance mutuelle. Mais alors il fit une chose curieuse. Il commença à reprocher à l’ANC de n’avoir pas adhéré aux accords passés avec le gouvernement. Il se mit à nous parler comme un maître d’école qui gronde un mauvais élève. Il réprimanda l’ANC, qui n’avait pas pu découvrir de caches d’armes et lui reprocha de garder une « armée privée   », Umkhonto we Sizwe, en violation de l’Accord national de paix de septembre 1991.
    Dans un langage peu mesuré, il demanda si l’ANC était suffisamment honorable pour respecter les accords qu’il signait.
    C’était plus que je ne pouvais tolérer et il n’était pas question que je le laisse avoir le dernier mot. Quand il eut fini, le meeting devait s’achever. Mais la salle était devenue très calme   ; au lieu de laisser la séance se terminer, j’allai à la tribune. Je ne pouvais pas ne pas répondre à ses remarques. Ma voix trahissait ma colère.
     
    Je suis très préoccupé par le comportement de Mr. De Klerk aujourd’hui. Il a attaqué l’ANC et, ce faisant, manqué de franchise. Même le chef d’une minorité illégitime et discréditée comme celle à laquelle il appartient doit respecter certains critères moraux. Le simple fait qu’il soit le chef de ce régime discrédité ne lui donne aucune excuse pour ne pas respecter ces critères moraux […]. Si un homme peut venir à une conférence de cette nature et avoir le comportement qui a été le sien, peu de gens accepteront de traiter avec lui.
    Les membres du gouvernement nous ont persuadés de le laisser parler en dernier. Ils tenaient absolument à avoir le dernier mot. Maintenant, la raison en est claire. Il a abusé de sa position parce qu’il espérait que je ne répondrais pas. Il se trompait lourdement. Je vais lui répondre.
     
    J’ai dit qu’il était inacceptable que Mr. De Klerk utilise un tel langage. J’ai répété que c’était l’ANC, et non le gouvernement, qui avait pris l’initiative des pourparlers de paix et que c’était le gouvernement, et non l’ANC, qui se montrait incapable de respecter ses engagements. J’avais déjà dit à Mr. De Klerk qu’il ne servait à rien d’attaquer l’ANC publiquement, pourtant il continuait à le faire. Je remarquai que nous avions suspendu la lutte armée pour manifester notre engagement envers la paix, mais le gouvernement était le complice des fauteurs de guerre. Nous lui avions dit que nous ne rendrions nos armes que lorsque nous ferions partie du gouvernement qui ramasserait ces armes.
    J’ajoutai qu’il devenait clair que le gouvernement tenait un double langage. Il utilisait les négociations non pas pour arriver à la paix mais pour augmenter ses médiocres gains politiques. Tout en négociant, il finançait secrètement des organisations qui utilisaient la violence contre nous. Je citai les révélations récentes sur le demi-million de rands payé à l’Inkatha, fait que Mr. De Klerk prétendait ignorer. Je déclarai que si un homme dans sa position « ne sait pas de telles choses, alors il n’est pas apte à être le chef du gouvernement   ».
    Je savais que j’avais été très dur et je ne voulais pas faire chavirer le bateau des négociations, aussi terminai-je sur une note plus positive.
     
    Je lui demande de jouer cartes sur table. Travaillons ensemble au grand jour. N’ayons pas de plan secret. Qu’il ne nous persuade pas d’être le dernier orateur parce qu’il veut abuser de ce privilège et nous attaquer en espérant que nous ne répondrons pas. Malgré toutes ses fautes, je suis prêt à travailler avec lui.
     
    La dernière séance de la CODESA avait lieu le lendemain et Mr. De Klerk et

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