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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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l’archevêque Desmond Tutu, qui avait généreusement combattu les démons du racisme à l’époque la plus dure de l’apartheid.
    Cette récompense était un hommage à tous les Sud-Africains et en particulier à ceux qui avaient participé à la lutte   ; c’est en leur nom que je l’accepterais. Mais je n’avais jamais pensé au prix Nobel. A Robben Island, pendant les moments les plus tristes, Amnesty International ne faisait pas campagne pour nous parce que nous avions utilisé la lutte armée et cette organisation ne défendait aucune personne qui avait choisi la violence. C’était pour cette raison que je pensais que le comité Nobel ne retiendrait jamais pour le prix de la paix le nom de l’homme qui avait créé Umkhonto we Sizwe.
    J’avais un immense respect pour la Suède et la Norvège. Dans les années 50 et 60, quand nous recherchions une contribution pour l’ANC auprès des gouvernements occidentaux, on nous avait tourné le dos. Mais la Norvège et la Suède nous avaient accueillis à bras ouverts et nous avaient donné assistance, bourses d’études et argent pour une défense juridique, ainsi qu’une aide humanitaire pour les prisonniers politiques.
    Je profitai de mon discours en Norvège non seulement pour remercier le Comité Nobel et esquisser l’avenir de l’Afrique du Sud, ce qui était juste et équitable, mais pour rendre hommage à mon colauréat, Mr. De Klerk.
     
    Il a eu le courage d’admettre qu’un tort terrible avait été fait à notre pays et à notre peuple à cause du système d’apartheid. Il a eu la perspicacité de comprendre et d’accepter que tous les habitants d’Afrique du Sud devaient, grâce à des négociations et en tant que participants égaux, déterminer ensemble ce qu’ils voulaient faire de leur avenir.
     
    On m’a souvent demandé comment j’avais pu accepter une récompense conjointe avec Mr. De Klerk après l’avoir critiqué si sévèrement. Je ne voudrais pas reprendre mes critiques, mais je pourrais dire qu’il avait apporté une contribution authentique et indispensable au processus de paix. Je n’avais jamais cherché à saper les efforts de Mr. De Klerk, pour la raison pratique que plus il était affaibli et plus le processus de paix l’était lui-même. Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé.
    La campagne officielle pour l’assemblée nationale ne devait pas commencer avant février 1994, cependant, nous nous y sommes lancés avec ardeur dès que la constitution a été ratifiée. Nous n’étions pas les premiers   ; le Parti national avait commencé sa campagne le jour où l’on m’avait libéré de prison.
    Malgré les sondages qui donnaient une confortable avance à l’ANC, nous n’avons jamais considéré la victoire comme acquise. Je mettais tout le monde en garde contre un excès d’optimisme. Nous avions tous lu des articles sur les partis donnés comme gagnants et qui étaient arrivés seconds. Nous avions devant nous un adversaire expérimenté, bien organisé et disposant de fonds.
    Notre campagne était dirigée avec compétence par Popo Molefe, Terror Lekota et Ketso Gordhan, tous anciens militants UDF, spécialistes de la mobilisation de masse. La tâche était immense. Nous estimions à plus de vingt millions le nombre des électeurs, dont la plupart voteraient pour la première fois. Beaucoup étaient illettrés et la simple idée de voter les intimiderait sans doute. D’après la commission électorale indépendante, il y aurait dix mille bureaux de vote sur l’ensemble du pays. Nous voulions former cent mille personnes capables d’aider les électeurs.
    La première étape de notre campagne fut les forums du peuple. Les candidats de l’ANC allaient dans tout le pays pour tenir des meetings dans les villes et les villages et enregistrer les peurs et les espoirs, les idées et les plaintes de notre peuple. Les forums étaient semblables aux réunions que tenait Bill Clinton en Amérique dans sa campagne pour la présidence. Il s’agissait de parlements du peuple pas très différents des réunions de chefs à la Grande Demeure quand j’étais enfant.
    Ces forums m’amusaient beaucoup. J’ai commencé au Natal en novembre, puis je suis allé dans la région de Pretoria, de Johannesburg, du Nord-Transvaal, et dans l’Etat libre d’Orange. J’assistais à trois ou quatre forums par jour. Les gens aimaient beaucoup cela.

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