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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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Personne n’était jamais venu leur demander leur opinion sur ce qu’on devait faire dans leur pays.
    Après avoir assimilé les suggestions des forums, nous sommes allés dans le pays transmettre notre message aux gens. Certains, à l’ANC, voulaient faire de la campagne une simple élection de libération et dire aux gens   : votez pour nous parce que nous vous avons libérés. Mais nous avons décidé de leur offrir la vision de l’Afrique du Sud que nous espérions créer. Nous voulions que les gens votent pour l’ANC non seulement parce que nous avions combattu l’apartheid pendant quatre-vingts ans mais parce que nous étions les mieux qualifiés pour faire naître l’Afrique du Sud dans laquelle ils espéraient vivre. Je sentais que notre campagne devait insister sur l’avenir, et non sur le passé.
    L ’ ANC rédigea un document de 150 pages intitulé Programme de reconstruction et de développement qui expliquait notre intention de créer des emplois par les travaux publics   ; de construire un million de maisons neuves avec l ’ électricité et des toilettes intérieures   ; d ’ étendre les services de santé et d ’ assurer dix années de scolarité gratuite pour tous les Sud-Africains   ; de redistribuer la terre   ; et de supprimer la TVA sur les produits alimentaires. Nous nous engagions aussi à prendre des mesures de développement dans les secteurs public et privé. Ce document fut condensé dans un petit manifeste intitulé   : Une vie meilleure pour tous qui, à son tour, devint le slogan de l ’ ANC pour la campagne.
    Quand nous disions aux gens ce que nous allions faire, je savais que nous devions aussi leur dire ce que nous ne pourrions pas faire. Beaucoup avaient l ’ impression que la vie allait changer du jour au lendemain après une élection libre et démocratique, mais ce ne serait pas du tout le cas. Souvent, je disais dans les réunions   : « Ne vous imaginez pas que le lendemain de l ’ élection vous allez conduire une Mercedes ou nager dans votre piscine. » Je disais à nos partisans   : « La vie ne va pas changer de façon spectaculaire, mais votre amour-propre sera plus grand et vous serez devenus des citoyens dans votre pays. Vous devez être patients. Vous devrez peut-être attendre cinq ans pour voir les résultats. » Je leur lançais des défis   ; je refusais d ’ être paternaliste. Je leur disais   : « Si vous voulez continuer à vivre dans la pauvreté sans vêtements ni nourriture, alors allez boire dans les shebeens. Mais si vous voulez vivre mieux, vous devez travailler dur. Nous ne pouvons pas le faire à votre place   ; vous devez le faire vous-mêmes. »
    Je disais aux publics blancs que nous avions besoin d’eux et que nous ne voulions pas qu’ils quittent le pays. Ils étaient sud-africains exactement comme nous et ce pays était aussi le leur. Je ne mâchais pas mes mots sur les horreurs de l’apartheid, mais je répétais sans cesse que nous devions oublier le passé et nous concentrer sur la construction d’un avenir meilleur pour tous.
    Chaque rassemblement avait aussi pour but d’apprendre aux gens à voter. Le bulletin lui-même était une longue bande de papier étroite avec la liste des partis classés par ordre descendant sur la gauche, puis le symbole de chaque parti et une photo de son chef sur la droite. Les électeurs devaient mettre une croix dans la case proche du parti de leur choix. Je disais   : « Le jour du vote, regardez votre bulletin et, quand vous verrez la photo d’un beau jeune homme, faites une croix à côté. »
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    La route vers la liberté n ’ était pas égale. Le Conseil de direction de transition commença à fonctionner au début de la nouvelle année, mais certains partis le quittèrent. L ’ Inkatha refusa toute participation aux élections et s ’ engagea dans une politique de résistance. Le roi Zwelithini, soutenu par le chef Buthelezi, réclama un KwaZulu autonome et souverain et déconseilla à tous ceux de sa province de voter. La droite blanche accusa l ’ élection d ’ être une trahison et réclama un volkstaat, sans proposer l ’ endroit où il serait situé ni en expliquer le fonctionnement. En Afrique du Sud, il n ’ y avait aucun district dans lequel les Blancs constituaient la majorité des résidents.
    Le 12 février 1994 était la date limite pour l’inscription des partis et, ce jour-là, l’Inkatha, le Parti conservateur et l’Afrikaner Volksfront ne

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