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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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s’inscrivirent pas. Le gouvernement du homeland du Bophutatswana refusa aussi de participer aux élections et de réintégrer une Afrique du Sud unie. La décision de ces différents groupes de ne pas participer aux élections m’inquiétait beaucoup. Pour les faire céder, nous avons proposé plusieurs compromis importants   : nous avons accepté l’utilisation d’un double bulletin de vote pour le scrutin national et le scrutin régional   ; des garanties pour de plus grands pouvoirs aux provinces   ; le changement d’appellation de la province du Natal, qui devenait KwaZulu/Natal   ; l’affirmation qu’un principe d’autodétermination « interne   » serait inclus dans la constitution pour les groupes partageant un héritage culturel et linguistique commun.
    J’ai organisé une rencontre avec le chef Buthelezi, à Durban, le 1er mars. « J’irai à genoux supplier ceux qui veulent entraîner notre pays dans un bain de sang   », ai-je dit à un meeting avant cette rencontre. Le chef Buthelezi a accepté de s’inscrire provisoirement pour les élections en échange de la promesse que nos divergences sur les questions constitutionnelles seraient soumises à une médiation internationale. J’ai accepté avec plaisir. Avant la date définitive d’inscription, le général VilJoen a aussi inscrit un nouveau parti, le Freedom Front (Front de la liberté).
    Lucas Mangope, président du Bophutatswana, avait choisi de laisser son homeland en dehors des élections   ; cependant, la marée des événements modifia bientôt la situation. Je lui avais parlé à de nombreuses occasions en insistant pour qu’il laisse son peuple décider, mais en vain. Ceux qui voulaient y participer ont organisé de grandes manifestations de masse et des grèves, qui ont bientôt gagné l’administration du Bophutatswana. La radio et la télévision se sont arrêtées. Dans les rues de Mafikeng, des bagarres ont éclaté entre la police du homeland et les ouvriers et les étudiants en grève. Mangope a demandé une aide militaire à ses alliés blancs d’extrême droite. Ses propres forces l’ont bientôt abandonné et il a été renversé lors d’un coup d’Etat au début de mars. Quelques semaines plus tard, au Ciskei, le général Gqozo a capitulé et demandé à l’Afrique du Sud de reprendre l’administration du homeland.
    Au Natal, la violence empirait. Les partisans de l’Inkatha s’opposaient à notre campagne. Quinze membres de l’ANC travaillant pour les élections ont été abattus et tués à coups de hache alors qu’ils collaient des affiches de l’ANC. En mars, le juge Johann Kriegler nous fit savoir, à Mr. De Klerk et à moi, qu’à cause du manque de coopération du gouvernement du KwaZulu, des élections libres ne pourraient avoir lieu sans une intervention politique directe. Pour montrer notre force dans la province, l’ANC organisa une manifestation au centre de Durban. Alors l’Inkatha essaya d’en faire autant à Johannesburg, avec des résultats catastrophiques.
    Le 28 mars, des milliers de membres de l ’ Inkatha, brandissant des lances et des knobkerries, défilèrent dans Johannesburg pour se rassembler au centre ville. Au même moment, un groupe armé d ’ Inkatha essaya d ’ entrer dans Shell House, le quartier général de l ’ ANC, mais il fut repoussé par des gardes armés. Des coups de feu furent aussi tirés par des gens non identifiés au centre ville, tuant en tout cinquante-trois personnes. C ’ était un spectacle épouvantable et il semblait que l ’ Afrique du Sud était au bord de la guerre civile. L ’ Inkatha voulait repousser les élections, mais ni Mr. De Klerk ni moi n ’ avons cédé. La date était sacro-sainte.
    J’avais accepté une médiation internationale et, le 13 avril, une délégation arriva, conduite par Lord Carrington, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères, et Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’Etat américain. Mais quand les responsables de l’Inkatha furent informés que la date des élections n’appartenait pas à la médiation, ils refusèrent de rencontrer les médiateurs, ce qui faisait qu’il ne restait personne avec qui parler. Maintenant, le chef Buthelezi savait que les élections auraient lieu quoi qu’il arrive. Le 9 avril, huit jours avant le scrutin, il accepta l’offre d’un rôle constitutionnel pour la monarchie zouloue et fut d’accord pour participer aux élections.
     
    Dix jours

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