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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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fassent les autorités, les volontaires ne devaient pas répondre, sinon ils ruineraient la valeur de toute l ’ entreprise. A la violence, ils devaient répondre par la non-violence   ; il fallait maintenir la discipline à n ’ importe quel prix.
    Le 31 mai, les responsables de l ’ ANC et du SAIC se sont retrouvés à Port Elizabeth et ont annoncé que la campagne de défi commencerait le 26 juin, jour anniversaire de la première journée nationale de protestation. Ils ont également créé un Comité national d ’ action pour diriger la campagne et un Conseil national des volontaires pour le recrutement et la formation. J ’ ai été désigné comme volontaire national en chef de la campagne et président du Comité national d ’ action et du Conseil national des volontaires. J ’ étais responsable de l ’ organisation de la campagne, de la coordination des sections régionales, du recrutement des volontaires et de la réunion des fonds.
    Nous avons aussi discuté pour savoir si la campagne devait suivre les principes de non-violence de Ghandi, ou ce que le Mahatma appelait satyagraha, une non-violence qui tente de convaincre par la discussion. Certains défendaient la non-violence sur des bases purement morales, en affirmant qu ’ elle était moralement supérieure à toute autre méthode. Cette idée était fermement défendue par Manilal Gandhi, le fils du Mahatma et directeur du journal Indian Opinion, qui était un membre éminent du SAIC. Avec son comportement très doux, Gandhi semblait la personnification même de la non-violence, et il insistait pour que la campagne suive une voie identique à celle de son père en Inde.
    D ’ autres disaient que nous devions aborder la question non sous l ’ angle des principes mais sous celui de la tactique, et que nous devions utiliser la méthode qu ’ exigeaient les conditions. Si une méthode particulière nous permettait de vaincre l ’ ennemi, alors il fallait l ’ employer. En l ’ occurrence, l ’ Etat était bien plus puissant que nous et toute tentative de violence de notre part serait impitoyablement écrasée. La non-violence devenait plus une nécessité qu ’ un choix. Je partageais ce point de vue et je considérais la non-violence du modèle de Gandhi non comme un principe inviolable mais comme une tactique à utiliser quand la situation l ’ exigeait. La stratégie n ’ était pas à ce point importante qu ’ on dût l ’ employer même si elle menait à la défaite, comme le croyait Gandhi. C ’ est cette conception qui a prévalu malgré les objections obstinées de Manilal Gandhi.
    Le conseil commun d ’ organisation s ’ est mis d ’ accord sur un programme ouvert de non-coopération et de non-violence. Deux étapes ont été proposées pour la campagne de défi. Tout d ’ abord, un petit nombre de volontaires bien formés violeraient des lois choisies dans quelques régions urbaines. Ils entreraient sans autorisation dans des zones interdites, iraient dans des endroits réservés aux Blancs comme des toilettes, des compartiments de train, des salles d ’ attente et des entrées de bureaux de poste. Ils resteraient délibérément en ville après le couvre-feu. Chaque vague de volontaires aurait un responsable qui préviendrait la police de l ’ acte de désobéissance de façon que les arrestations puissent se faire avec un minimum de désordre. La deuxième étape était envisagée comme un défi de masse, accompagné de grèves et d ’ actions dans l ’ industrie, à travers tout le pays.
    Avant le lancement de la Campagne de défi, un rassemblement a eu lieu à Durban, le 22 juin, qu ’ on a appelé la Journée des volontaires. Le chef Luthuli, président de l ’ ANC pour le Transvaal, et le Dr. Naicker, président du Congrès indien pour le Natal, ont pris la parole et se sont engagés dans la campagne. J ’ étais le principal orateur. Dix mille personnes environ assistaient au meeting et je leur ai dit que la Campagne de défi serait la plus puissante action de masse jamais entreprise par les opprimés d ’ Afrique du Sud. Je n ’ avais encore jamais parlé à une foule aussi importante, et c ’ était une expérience extraordinaire. On ne peut pas s ’ adresser à une grande masse de gens comme à un public de vingt personnes. Pourtant, que mon auditoire ait été une foule immense ou un groupe restreint, je me suis toujours efforcé d ’ apporter le même soin à mes explications. J ’ ai dit aux

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