Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
place, mes chers. » L ’ officier lui donna l ’ ordre de s ’ écarter mais il refusa. Tandis que les policiers le repoussaient, j ’ ai dit à l ’ officier   : « Vous devez vous assurer que nous sommes sous le coup d ’ une interdiction. Faites bien attention parce que si nos interdictions avaient expiré, ce serait une arrestation abusive. Vous croyez vraiment que nous serions ici ce soir si elles n ’ avaient pas expiré   ? »
    Il était bien connu que la police avait peu d ’ archives et qu ’ elle se trouvait souvent dans l ’ incapacité de vérifier la durée des interdictions. L ’ officier le savait aussi bien que moi. Il a réfléchi à ce que je venais de dire, puis il a ordonné à ses hommes de reculer. Ils se sont écartés pour nous laisser entrer dans la salle.
    A l ’ intérieur, les policiers étaient provocateurs et méprisants. Armés de pistolets et de fusils, ils déambulaient dans la salle en bousculant les gens et en faisant des remarques insultantes. J ’ étais assis à la tribune avec d ’ autres responsables et, au moment où la réunion allait commencer, j ’ ai vu le major Prinsloo entrer sur la scène en se pavanant, accompagné de plusieurs policiers armés. Nos regards se sont croisés et j ’ ai fait un geste comme pour demander   : « Moi   ? » Il a secoué la tête pour répondre « non   ». Il s ’ est dirigé vers la tribune où Yusuf Cachalia avait déjà commencé à parler et il a donné l ’ ordre à ses hommes de l ’ arrêter. Ils l ’ ont saisi par les bras et l ’ ont traîné de force. A l ’ extérieur, la police avait déjà arrêté Robert Resha et Ahmed Kathrada.
    La foule s ’ est mise à hurler et à huer les policiers et j ’ ai compris que les choses allaient très mal tourner si elle ne gardait pas son calme. J ’ ai bondi au micro et j ’ ai entonné une chanson de protestation bien connue   ; dès les premières paroles, la foule s ’ est jointe à moi. J ’ avais eu peur que la police n ’ ouvre le feu si la foule s ’ était trop agitée.
     
    A ce moment-là, l ’ ANC tenait des réunions chaque dimanche à Freedom Square, au centre de Sophiatown, pour mobiliser l ’ opposition au déplacement. Il y avait des moments vibrants, ponctués par les cris sans cesse répétés de «  Asihambi   ! » (Nous ne bougerons pas   !) et la chanson «  Sophiatown likhaya lam asihambi   » (Sophiatown, c ’ est chez moi   ; nous ne bougerons pas). Des membres de l ’ ANC, des propriétaires, des locataires, des conseillers municipaux et souvent le père Huddleston, qui ignorait les avertissements de la police de s ’ en tenir aux affaires de l ’ Eglise, prenaient la parole.
    Un dimanche soir, peu de temps après l ’ incident du cinéma Odin, il était prévu que je parle à Freedom Square. La foule était ardente et son émotion m ’ influençait certainement. Il y avait beaucoup de jeunes en colère qui avaient envie de passer à l ’ action. Comme d ’ habitude, les policiers entouraient la place. Comme d ’ habitude, ils étaient armés de fusils et de stylos pour noter le nom de ceux qui parlaient et ce qu ’ ils disaient. C ’ était un fléau auquel on s ’ habituait. Nous essayions d ’ en faire une vertu en étant aussi francs que possible avec la police, pour montrer qu ’ en fait nous n ’ avions rien à cacher, même pas notre mépris à son égard.
    J ’ ai commencé à parler de la répression grandissante du gouvernement à la suite de la Campagne de défi. J ’ ai dit que, maintenant, le gouvernement avait peur de la force du peuple africain. Tout en parlant, je sentais mon indignation monter. A cette époque, j ’ étais un orateur qui avait tendance à mettre le feu aux poudres. J ’ aimais exciter un public et c ’ est ce que je faisais.
    Alors que je condamnais le gouvernement pour sa brutalité et sa façon de ne pas respecter la loi, je suis allé trop loin   : j ’ ai dit que le temps de la résistance passive était terminé, que la non-violence était une stratégie vaine et qu ’ elle ne renverserait jamais une minorité blanche prête à maintenir son pouvoir à n ’ importe quel prix. J ’ ai dit que la violence était la seule arme qui détruirait l ’ apartheid et que nous devions être prêts, dans un avenir proche, à l ’ employer.
    La foule était transportée   ; les jeunes en particulier applaudissaient et criaient. Ils étaient prêts à agir comme

Weitere Kostenlose Bücher