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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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se tirer du mauvais pas.
    A chaque fois que je devais plaider une affaire en dehors de Johannesburg, je demandais que mon interdiction soit temporairement levée, ce que j ’ obtenais souvent. Par exemple, j ’ allais dans l ’ est du Transvaal pour défendre un client dans la ville de Carolina. Mon arrivée créait une certaine sensation parce que beaucoup de gens n ’ avaient jamais vu d ’ avocat africain. Le juge et le procureur me recevaient chaleureusement et le procès tardait à commencer parce qu ’ ils m ’ interrogeaient sur ma carrière et sur la façon dont j ’ étais devenu avocat. Des gens de la ville, venus par curiosité, remplissaient la salle.
    Dans un village proche, j ’ ai défendu un guérisseur, accusé de sorcellerie. Cette affaire attira aussi beaucoup de monde, mais pas pour me voir, pour découvrir si les lois de l ’ homme blanc pouvaient s ’ appliquer à un sangoma. Le guérisseur exerçait un pouvoir extraordinaire dans la région et beaucoup le vénéraient et le craignaient. A un moment, mon client éternua violemment, ce qui créa une véritable débandade dans le public parce que la plupart des spectateurs crurent qu ’ il jetait un sort. On l ’ a ensuite acquitté et je soupçonne que les gens du coin n ’ ont pas attribué cela à mon habileté d ’ avocat mais au pouvoir des herbes du guérisseur.
    En tant qu ’ avocat, je pouvais être assez brillant devant un tribunal. Je n ’ agissais pas comme un Noir devant une cour blanche, mais comme si tous les autres  – les Noirs et les Blancs  – étaient mes invités dans mon tribunal. Au cours d ’ un procès, je faisais souvent de grands gestes et j ’ utilisais un langage déclamatoire. Je me montrais très pointilleux sur les questions de procédure, mais parfois j ’ employais des tactiques non orthodoxes avec les témoins. J ’ aimais beaucoup les contre-interrogatoires et je jouais parfois des tensions raciales. En général, la galerie du public était bondée car les gens du township assistaient aux procès comme à une sorte de spectacle.
    Je me souviens d ’ avoir défendu une Africaine qui travaillait en ville comme femme de ménage. Elle était accusée d ’ avoir volé des vêtements de sa « madame   ». Les vêtements prétendument volés étaient étalés sur une table. Quand la « madame   » eut témoigné, je commençai mon interrogatoire en m ’ avançant vers la table des pièces à conviction. Je regardai les vêtements puis, du bout de mon crayon, je ramassai un sous-vêtement féminin. J ’ allai vers le témoin en le lui brandissant sous le nez et je lui demandai   : « Madame, est-ce que cela… vous appartient   ? —  Non   », répliqua-t-elle vivement, trop gênée pour admettre la vérité. A cause de sa réponse et d ’ autres contradictions dans son témoignage, le juge prononça un non-lieu.
    17
    Situé à six kilomètres du centre de Johannesburg, sur un affleurement rocheux qui surplombait la ville, il y avait le township africain de Sophiatown. Le père Trevor Huddleston, un des plus grands amis du township, compara une fois Sophiatown à une ville italienne construite sur une colline, et il est vrai que, de loin, la ville avait beaucoup de charme. Les maisons au toit rouge, serrées les unes contre les autres   ; les volutes de fumée qui s ’ élevaient dans le ciel rose   ; les grands eucalyptus qui entouraient le township. De près, on voyait la pauvreté et la saleté dans lesquelles vivaient trop de gens. Les rues étaient étroites et non pavées, et sur chaque lotissement, des douzaines de baraques s ’ entassaient les unes contre les autres.
    Sophiatown faisait partie, avec Martindale et Newclare, de ce qu ’ on appelait les townships ouest. A l ’ origine, il s ’ agissait d ’ une zone destinée aux Blancs et un promoteur immobilier y avait effectivement construit un certain nombre de maisons pour des acheteurs blancs. Mais à cause d ’ une décharge d ’ ordures municipale, les Blancs avaient choisi de vivre ailleurs. Sophiatown était un des rares endroits du Transvaal où les Africains avaient pu acheter des terrains avant l ’ Urban Areas Act de 1923. Beaucoup de ces vieilles maisons de brique et de pierre, avec des vérandas couvertes de tôle, tenaient encore debout et donnaient à Sophiatown un air ancien et agréable. Avec le développement de l ’ industrie à Johannesburg, Sophiatown était devenu un quartier de main-d ’

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