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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’attention qu’auparavant.
    « Griselda ! Tu ferais bien de te lever, et plus
vite que ça !
    — Hé ! s’emporta Elfric. Pour qui te prends-tu
pour donner des ordres à ma fille ?
    — Vous voulez que je l’épouse, n’est-ce pas ?
    — Et alors ?
    — Elle a intérêt à prendre l’habitude d’obéir à son
mari. » Et il répéta, élevant encore la voix : « Descends tout
de suite entendre ce que j’ai à te dire. »
    Griselda apparut au sommet de l’escalier, grommelant sur un
ton irrité : « J’arrive, j’arrive. Qu’est-ce que c’est que ce
boucan ? »
    Merthin attendit qu’elle soit descendue pour
claironner : « Je sais qui est le père de ton enfant ! »
    Un éclat de crainte brilla dans le regard de Griselda.
« Ne dis pas de bêtises ! C’est toi, tu le sais bien !
    — Non, c’est Thurstan.
    — Thurstan ! Mais je n’ai jamais couché avec
lui ! » Regardant son père elle ajouta : « Je le
jure !
    — Griselda n’a pas l’habitude de mentir, s’exclama
Elfric avec force.
    — C’est vrai ! » renchérit Alice, sortant de
la cuisine.
    Mais Merthin ne se laissa pas démonter. « Je couche
avec Griselda le dimanche de la semaine de la foire, il y a tout juste quinze
jours, et Griselda est enceinte de trois mois ?
    — Mais pas du tout !
    — Oh, vous le saviez parfaitement, dame Alice !
Poursuivit Merthin en la dévisageant durement. Mais ça ne vous a pas empêchée
de mentir à votre propre sœur ! »
    Alice détourna les yeux.
    « Comment peux-tu dire depuis combien de temps elle est
enceinte, alors que je l’ignore moi-même ?
    — Il suffit de la regarder ! rétorqua Merthin.
Elle a un gros ventre. Pas trop encore, mais il se voit déjà.
    — Qu’est-ce que tu connais à ces choses ? Tu n’es
pas une femme, que je sache !
    — Vous comptiez tous profiter de mon ignorance, et j’ai
bien failli tomber dans le panneau ! »
    Levant un doigt menaçant, Elfric martela : « Tu as
couché avec Griselda, tu dois l’épouser.
    — Sûrement pas. Et d’ailleurs, elle ne m’aime pas. Elle
a couché avec moi uniquement pour donner un père à son enfant. Parce que
Thurstan a pris la poudre d’escampette ! J’ai mal agi, je le reconnais,
mais je n’ai pas l’intention de payer ma faute tous les jours de ma vie.
    — Oh, mais si ! réagit Elfric en se levant de son
siège.
    — Il n’en est pas question !
    — Je t’y obligerai.
    — Non !
    — Tu l’épouseras ! tempêta Elfric, rouge de
fureur.
    — Combien de fois devrai-je vous dire non !
    — Puisque c’est ainsi, je te renvoie ! s’époumona
Elfric, comprenant que Merthin n’en démordrait pas. Débarrasse le plancher et
ne remets plus les pieds chez moi ! »
    Face à cette réaction, signe de sa victoire, Merthin éprouva
un immense soulagement. « Très bien ! »
    Il fit un pas en avant, cherchant à contourner Elfric, mais
celui-ci lui bloqua le chemin.
    « Je peux savoir où tu vas ?
    — À la cuisine, rassembler mes affaires.
    — Tes outils, tu veux dire ?
    — Oui.
    — Ils sont à moi. C’est moi qui les ai payés.
    — Un apprenti reçoit toujours ses outils à la fin
de..., voulut objecter Merthin, mais Elfric le coupa :
    — Tu n’as pas achevé ton apprentissage, je n’ai donc
pas à t’offrir d’outils. »
    Merthin en resta éberlué. « Mais je les ai faits, mes
sept ans !
    À trois mois près.
    — C’est bien ce que je dis : tu ne les as pas
faits !
    — Mais c’est injuste ! s’écria Merthin. J’en
appellerai à la guilde. »
    Sans outils, comment gagnerait-il sa vie ?
    « Il ferait beau voir ! ricana Elfric avec
suffisance. Ça m’amuserait de t’entendre arguer qu’un apprenti renvoyé par son
maître pour avoir défloré sa fille mérite une récompense ! Les
charpentiers de la guilde n’ont pas que des apprentis, ils ont des filles
aussi. Ils te flanqueront dehors avec perte et fracas ! »
    Merthin en resta coi. Elfric avait raison.
    « Te voilà dans un beau pétrin ! ricana Alice.
    — C’est exact, riposta Merthin. Mais c’est un bonheur,
comparé à la vie horrible qui aurait été la mienne auprès de Griselda et de sa
charmante famille ! »
    *
    Plus tard dans la matinée, espérant se faire embaucher par
un maître charpentier, Merthin se rendit à l’enterrement de l’un d’eux, à
l’église Saint-Marc. C’était en tombant du toit de cette église que

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