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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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me dire qu’elle les céderait pour une livre.
    — Je n’ai pas un sou.
    — Demande à mon père de te prêter de l’argent. Il
t’aime bien, je suis sûre qu’il le fera.
    — C’est contraire aux règles d’employer un charpentier
qui n’est pas membre de la guilde.
    — Les règles sont faites pour être brisées ! Et il
Y a sûrement quelqu’un en ville qui a tellement besoin d’un charpentier qu’il
acceptera de défier la guilde. »
    Cet échange lui ouvrait les yeux : Caris avait raison,
naturellement, et il lui en était follement reconnaissant. Il ne devait pas se
laisser abattre par les réactions des maîtres charpentiers. Il allait rester à
Kingsbridge et se battre contre ce règlement injuste. D’ailleurs, ici même,
quelqu’un avait désespérément besoin d’un charpentier pour réparer son toit, et
c’était le père.
    « Allons de ce pas le trouver ! » déclara
Caris.
    Le petit presbytère jouxtait l’église Saint-Marc. Les deux
amis trouvèrent le curé en train de préparer du poisson salé et des haricots
verts pour son dîner. Âgé d’une trentaine d’années, le père pouvait
s’enorgueillir d’une puissante carrure de soldat. De caractère brusque, il
était compatissant envers les démunis.
    « Je sais comment réparer le toit sans fermer
l’église », attaqua Merthin.
    Joffroi le dévisagea d’un air circonspect. « Si tu dis
vrai, alors c’est le ciel qui t’envoie.
    — Je peux construire une grue qui déposera les vieilles
poutres de la charpente dans le cimetière et hissera les nouvelles à leur
place.
    — Elfric vient de te renvoyer », objecta le
prêtre.
    Surprenant son regard gêné, Caris déclara : « Vous
pouvez parler sans ambages, mon père, je suis au courant de la situation.
    — Il m’a renvoyé, parce que je ne voulais pas épouser
sa fille. Mais l’enfant qu’elle porte n’est pas de moi ! »
    Joffroi hocha la tête. « D’aucuns assurent que ta
punition est injuste et je veux bien l’admettre. Je ne nourris pas un grand
amour pour les guildes. Il est rare que leurs décisions ne soient pas motivées
par des intérêts égoïstes. Mais quand même, tu n’as pas fini ton apprentissage.
    — Est-ce qu’un charpentier membre de la guilde est
capable de réparer votre toit sans fermer l’église ?
    — Il paraît que tu n’as même pas d’outils.
    — C’est un problème qui sera réglé, vous pouvez me
croire. »
    Le père hésitait. « Combien veux-tu être
payé ? »
    Merthin étira le cou dans sa chemise. « Quatre pennies
par jour, plus le coût des matériaux.
    — C’est le salaire d’un charpentier.
    — Si vous estimez mes compétences insuffisantes, alors
ne m’engagez pas.
    — Tu ne manques pas d’aplomb !
    — Je ne dis jamais que je suis capable de faire quelque
chose quand ce n’est pas le cas.
    — L’arrogance n’est pas le pire des péchés. Je peux te
payer quatre pennies si l’église reste ouverte. Combien de temps faudra-t-il
pour construire cette grue ?
    — Deux semaines au maximum.
    — Je ne te paierai qu’une fois convaincu que ton
système fonctionne. »
    Merthin prit une grande inspiration. Pour l’heure, il
n’aurait pas un sou, mais il se débrouillerait. Il vivrait chez ses parents et
mangerait à la table d’Edmond le Lainier. « Payez les matériaux et
conservez mon salaire jusqu’à ce que la première poutre ait été retirée du toit
et déposée au sol. »
    Le père Joffroi admit en hésitant : « Je ne vais
pas me faire d’amis... Enfin, je n’ai pas le choix. »
    Il tendit sa main.
    Merthin la serra.

 
17.
    Tout au long du chemin reliant Kingsbridge à Wigleigh, vingt
milles qui leur prirent la journée entière, Gwenda espéra en vain trouver
l’occasion d’utiliser son philtre d’amour.
    Oh, la difficulté n’était pas que Wulfric se méfiait, au contraire.
Il était prévenant, s’inquiétait pour elle, lui demandait si elle avait besoin
de se reposer. Chaleureux et ouvert, il exprimait ses sentiments sans détour,
avouant qu’il pleurait les siens dès qu’il ouvrait l’œil le matin et comprenait
qu’il ne les reverrait plus. Il disait que la terre, à ses yeux, n’était pas
une propriété, mais un bien qui vous était confié et que vous deviez
transmettre à vos descendants, ajoutant que lorsqu’il travaillait aux champs,
qu’il sarcle la terre, pose une clôture pour les moutons ou déblaye les

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