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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de devenir moine. »
    Philémon prit un air étonné. « Mais
pourquoi ? »
    Lui connaissant de la malignité, à défaut d’instruction,
Godwyn préféra répéter seulement sa question. « Pourquoi, en effet ?
Vraisemblablement pour le récompenser d’un service quelconque. Ou s’assurer son
silence. Peut-être pour ces deux raisons à la fois, car tout cela remonte à
l’année de son coup d’État.
    — Je penche pour un service. »
    Godwyn hocha la tête. « Oui, pour avoir porté un
message, pour lui avoir ouvert les portes d’un château, rapporté les intentions
du roi à son endroit ou obtenu le soutien d’un puissant baron. Mais pourquoi ce
service doit-il rester secret ?
    — Pas si secret que ça ! objecta Philémon, car
chez nous, le trésorier est sûrement informé de cette transaction, et bien des
gens à Lynn. À Kingsbridge aussi, certaines personnes sont au courant, car le
bailli parle à l’un et à l’autre quand il vient en ville.
    — Mais à moins d’avoir eu cette charte sous les yeux,
personne ne sait que cet accord a été conclu au seul avantage de Thomas.
    — Le voilà son secret ! C’est la reine Isabelle
qui a versé l’offrande pour son admission au prieuré.
    — Exactement. »
    Godwyn remit les documents dans la pochette en prenant soin
d’intercaler les tissus entre les différentes feuilles. Puis il rangea la
pochette dans le coffre.
    « Mais pourquoi est-ce un secret ? demanda
Philémon. Les arrangements de ce genre n’ont rien de honteux ou de malhonnête.
Ils sont très fréquents.
    — J’ignore pour quelle raison cet accord doit rester
secret. La connaître n’est pas forcément indispensable. Savoir qu’il existe un
secret est peut-être amplement suffisant pour que nous menions à bien notre
entreprise. Pour l’heure, sortons d’ici. »
    Godwyn était satisfait. Fort de sa découverte, il se sentait
armé pour proposer la candidature de Thomas au poste de prieur. Toutefois, il
n’était pas sans éprouver une certaine appréhension, car l’adversaire était
tout sauf un imbécile.
    Ils revinrent à la cathédrale. Sitôt l’office achevé, Godwyn
se mit en demeure de préparer la cathédrale pour les funérailles. Sur ses instructions,
six moines soulevèrent le cercueil d’Anthony et le placèrent sur une estrade
devant l’autel. Puis ils disposèrent des cierges tout autour. Les habitants de
Kingsbridge commencèrent à se rassembler dans la nef. Godwyn inclina la tête en
direction de sa cousine Caris, dont la coiffe était recouverte de soie noire.
Puis il vit Thomas et un novice transporter à l’intérieur de la cathédrale une
haute chaise sculptée appelée cathèdre dans laquelle siégerait l’évêque.
C’était à ce trône épiscopal que les cathédrales devaient leur nom.
    Godwyn s’approcha de Thomas. « Laissez donc, dit-il,
Philémon va s’en occuper. »
    Thomas se raidit, croyant que Godwyn faisait allusion au
fait qu’il n’avait qu’un bras. « J’y arrive très bien !
    — Je le sais, répondit Godwyn, mais je voudrais vous
dire un mot. »
    Bien qu’il soit son supérieur dans la hiérarchie monastique,
il ressentait toujours un malaise apeuré en présence de Thomas. L’âge n’y était
pour rien puisqu’ils n’avaient que quatre ans de différence. C’était plutôt l’impression
permanente que Thomas, malgré sa déférence, lui témoignait uniquement le
respect qu’il jugeait lui devoir. Mais il était vrai que, tout en se conformant
strictement à la règle de saint Benoît, l’ancien chevalier ne s’était jamais
départi de l’esprit d’indépendance et d’autosuffisance avec lequel il était
arrivé au monastère. Le leurrer ne sera pas facile, songea Godwyn, car telle
était bien son intention.
    Le maître d’ouvrage céda sa place à Philémon et suivit le
sacristain dans le bas-côté. « On parle de vous comme prochain prieur, lui
déclara Godwyn sans préambule.
    — On dit la même chose de vous, riposta Thomas.
    — Je refuserai ce poste si on me le propose. »
    Thomas haussa les sourcils. « Vous m’étonnez, mon
frère.
    — Pour deux raisons, précisa Godwyn. La première, c’est
que vous vous acquitterez de cette tâche mieux que moi. »
    Venant de Godwyn, pareille modestie laissa Thomas stupéfait.
    Et à juste titre, puisque qu’il mentait.
    « La deuxième, poursuivit-il, exprimant maintenant ses
véritables pensées, c’est que vous avez plus de

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