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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’Elfric avait profité de la
cérémonie pour propager ses diffamations.
    « Vous ne connaissez que la version d’Elfric.
    — Je n’ai pas besoin d’en savoir davantage. »
    Assurément, Elfric avait passé sous silence les manigances
de Griselda pour lui faire endosser la paternité de son enfant. Mais à quoi bon
entrer dans les détails ? Cela n’arrangerait pas son affaire. Mieux valait
admettre sa faute ! « Je comprends que j’ai causé du tort et j’en
suis désolé, mais il n’empêche que je suis un bon charpentier. »
    Bill manifesta son accord d’un hochement de la tête.
« Le nouveau bac en témoigne. »
    Encouragé, Merthin lui demanda s’il voulait l’engager.
    « En tant que quoi ?
    — Charpentier. Vous venez de dire que je m’y
connaissais.
    — Mais où sont tes outils ?
    — Elfric n’a pas voulu m’en donner.
    — Il a eu raison. Tu n’as pas fini ton apprentissage.
    — Prenez-moi alors comme apprenti pendant six mois.
    — Pour t’offrir des outils au bout du terme ? Je
n’ai pas les moyens d’être aussi généreux. » Les outils valaient cher en
raison du prix du fer et de l’acier.
    « Je travaillerai comme ouvrier, j’achèterai mes outils
sur mon salaire, proposa alors Merthin, sachant que cela lui prendrait des
années pour les rembourser.
    — Non.
    — Pourquoi ?
    — Parce que j’ai une fille, moi aussi.
    — Je ne suis pas un danger pour les demoiselles, vous
savez ! rétorqua Merthin, outré.
    — Tu es un mauvais exemple pour les autres apprentis.
Si tu n’es pas puni, qu’est-ce qui empêchera les autres de tenter leur
chance ?
    — C’est injuste ! »
    Bill haussa les épaules. « Prends-le comme tu voudras.
Tu peux t’adresser à n’importe qui. Tu verras que tous les charpentiers pensent
comme moi.
    — Mais qu’est-ce que je vais faire ?
    — À toi de voir. C’est avant qu’il fallait y penser.
    — Ça vous est égal de perdre un bon
charpentier ? »
    Bill haussa de nouveau les épaules. « Sans outils, tu
ne nous voleras pas le travail, c’est déjà ça. »
    Merthin tourna les talons. Le problème avec les guildes,
c’était que toutes les raisons leur étaient bonnes pour freiner l’entrée aux
nouveaux adhérents. En effet, quel intérêt avaient-elles à se battre pour que
la justice triomphe, quand la pénurie de bons charpentiers faisait grimper les
prix ?
    La veuve de Howell partit, soutenue par sa mère. Libérée de
son œuvre de compassion, Caris s’en vint trouver Merthin. « Tu en as un air
malheureux ! Pourtant, tu le connaissais à peine, Howell.
    — Je vais devoir quitter Kingsbridge. »
    Elle pâlit. « Et pourquoi donc ? »
    Il lui répéta les propos de Watkin. « Tu vois, personne
ici ne voudra m’embaucher et je ne peux pas m’établir à mon compte puisque je
n’ai pas d’outils. Évidemment, je pourrais habiter chez mes parents, mais je
m’en voudrais de leur ôter le pain de la bouche. Je vais être obligé de
chercher un emploi dans une ville où personne ne connaît Elfric. Avec le temps,
peut-être que j’arriverai à économiser assez pour m’acheter un marteau et un
burin. Après, je m’installerai dans une autre ville et j’essaierai de me faire
admettre dans la guilde. »
    Le fait d’exposer la situation à haute voix lui permettait
de prendre pleinement conscience de toutes les conséquences. Il se mit à
regarder Caris comme s’il la voyait pour la première fois et il se sentit
tomber sous le charme de ses yeux verts étincelants, de son petit nez joliment
dessiné, de sa mâchoire déterminée. Sa bouche, découvrait-il soudain, était
légèrement disproportionnée par rapport au reste de son visage : elle
était trop grande et ses lèvres trop pleines. Cela déséquilibrait sa
physionomie de la même manière que sa sensualité bouleversait son esprit bien
ordonné. C’était une bouche dessinée pour l’amour. À la pensée qu’il puisse ne
jamais plus l’embrasser, le désespoir le saisit.
    « Mais c’est d’une injustice insigne ! Ils n’ont
pas le droit ! s’écria la jeune fille scandalisée.
    — Non, mais je ne peux rien y faire. Uniquement me
soumettre.
    — Attends un instant. Réfléchissons mieux. Tu peux
habiter chez tes parents et prendre tes repas chez nous.
    — Je ne veux pas être à la charge de qui que ce soit,
comme mon père.
    — Tu as raison, mais tu peux acheter les outils de
Howell. Sa femme vient de

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