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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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apportèrent de la sacristie le coffre contenant
les chroniques seigneuriales, c’est-à-dire les rouleaux de parchemin sur
lesquels étaient enregistrées les décisions de l’assemblée du village. Nathan
savait lire et écrire – un bailli se devait d’avoir de l’instruction. Il
entreprit d’ouvrir les cylindres dans lesquels étaient enfermés les parchemins.
    Gwenda se lamentait intérieurement de voir Wulfric en si
mauvaise posture ! Face à un Nathan prêt à tout pour collecter l’impôt du
seigneur, à un Perkin qui cherchait à s’approprier ses terres et à un Billy
Howard qui rêvait de l’écraser par pure méchanceté, sa simplicité et son
évidente honnêteté ne faisaient pas le poids. S’il n’avait pas de quoi soudoyer
Nathan, il allait souffrir... ! Dénué de malice, Wulfric avait exposé son
cas en toute franchise, croyant obtenir justice, et maintenant, il ne savait
que faire pour reprendre la situation en main.
    Peut-être pouvait-elle l’aider ? Avec un père comme le
sien, elle connaissait forcément certaines ruses. Dans son argumentaire,
Wulfric avait oublié un détail, d’autant plus important qu’il concernait tous
les villageois. Elle allait se débrouiller pour qu’il soit évoqué. « Je
m’étonne, dit-elle, s’adressant à David Johns debout à côté d’elle, que les
hommes d’ici n’aient pas l’air de s’inquiéter. »
    Il lui jeta un regard matois. « Qu’est-ce que tu as en
tête, jeune fille ?
    — Si l’on ne tient pas compte de la soudaineté des
décès, cette affaire n’est au fond qu’un legs de père à fils. Si vous laissez
Nathan chicaner à propos de cet héritage, il remettra ces legs chaque fois en
question. Il se trouvera toujours une bonne raison à ça. Tu n’as pas peur qu’il
piétine les droits de tes fils, plus tard ? »
    David parut sensible à l’argument. « Tu pourrais bien
avoir raison, la fille », dit-il et il se tourna vers son voisin pour
s’entretenir avec lui.
    Un autre détail tourmentait Gwenda : le fait que
Wulfric ait demandé à ce que son affaire soit définitivement réglée
aujourd’hui. À ses yeux, mieux valait un jugement provisoire, que les jurés
rendraient plus facilement. Elle s’avança vers Wulfric qui discutait avec Annet
et son père. Celui-ci, la voyant approcher, prit un air soupçonneux, tandis
qu’Annet levait les yeux au ciel. Wulfric, quant à lui, se montra aussi gentil
que d’habitude. « Bonjour, ma compagne de voyage ! J’ai entendu dire
que tu avais quitté le toit de ton père.
    — Il a menacé de me vendre.
    — Pour la deuxième fois ?
    — Autant de fois que je pourrai m’échapper. Il croit
tenir la poule aux œufs d’or.
    — Et tu habites où ?
    — Chez la veuve Huberts. Je travaille pour le bailli,
sur les terres du seigneur. Un penny par jour, du lever au coucher du soleil.
Ça lui plaît, à Nathan, que les travailleurs rentrent chez eux fatigués. Tu
crois qu’il te donnera ce que tu veux ? »
    Wulfric fit la grimace. « Il n’a pas l’air très
disposé.
    — Une femme s’y prendrait différemment pour le conduire
où elle souhaite.
    — Ah bon, et comment ? » s’intéressa-t-il,
intrigué.
    Annet lança un regard noir à Gwenda, qui n’y prêta pas
attention et poursuivit : « Une femme ne chercherait pas à obtenir
une décision aujourd’hui, surtout quand tout le monde sait qu’elle peut être
invalidée par le seigneur. Elle ne risquerait pas de s’entendre dire non, alors
qu’elle a des chances d’obtenir un peut-être. »
    Wulfric réfléchit un instant. « Que ferait-elle,
alors ?
    — Pour l’heure, elle demanderait seulement qu’on
l’autorise à travailler la terre comme avant. Elle ferait tout pour que la
décision reste en suspens jusqu’à la nomination du nouveau seigneur. Elle
saurait que, dans l’intervalle, les gens s’habitueraient à l’idée qu’elle
possède toutes ces terres et qu’au moment où le nouveau seigneur devrait
statuer, son approbation serait considérée par tous comme une simple formalité.
    Ainsi, elle aurait obtenu ce qu’elle voulait sans laisser
aux autres la possibilité d’en débattre.
    — Tu crois... ? » Wulfric ne semblait pas
très convaincu.
    « Je sais que tu attends mieux, mais c’est la meilleure
solution pour aujourd’hui. Comment Nathan pourrait te refuser de rentrer ta
moisson puisqu’il ne dispose de personne pour la rentrer à

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