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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ne
possédait qu’un demi-virgate, comme la plupart des paysans.
    Un autre juré s’enhardit : « Quatre-vingt-dix
acres, c’est trop pour un seul homme, qui plus est un gamin. Jusqu’ici, ils
étaient trois à cultiver l’exploitation. » L’homme qui venait de
s’exprimer, Billy Howard, était un gars de vingt ans passés qui courtisait
Annet sans succès. Peut-être prenait-il le parti de Nathan pour le simple
plaisir de mettre des bâtons dans les roues à Wulfric. « Personnellement,
je détiens quarante acres, et je suis obligé d’embaucher des journaliers pour
les moissons. »
    Plusieurs hommes hochèrent la tête, signifiant par là que la
situation était en effet telle que Billy la décrivait. Gwenda commença à
s’inquiéter : les choses s’annonçaient mal pour Wulfric.
    « Moi aussi, je pourrai en embaucher, déclara le jeune
homme.
    — Tu auras de quoi les payer ? » répliqua
Nathan.
    En voyant l’air désemparé de Wulfric, Gwenda eut le cœur
brisé. « La bourse de mon père s’est perdue quand le pont s’est effondré,
avoua-t-il, et j’ai dépensé tout ce que j’avais pour l’enterrement. Mais je
pourrai leur offrir une partie de la moisson. »
    Nathan secoua la tête. « Tous les paysans du village
travaillent déjà à plein temps sur les terres qu’ils possèdent et les
sans-terre sont déjà embauchés. Personne ne renoncera à un travail payé
comptant pour une partie de récolte dont on ignore encore si elle sera bonne.
    — Je rentrerai la moisson, affirma Wulfric avec détermination.
Je travaillerai jour et nuit s’il le faut. Je vous prouverai à tous que j’en
suis capable. »
    Son beau visage exprimait une telle conviction que Gwenda
aurait voulu s’élancer et clamer haut et fort la confiance qu’elle avait en
lui. Mais les paysans secouaient la tête d’un air dubitatif. Un homme ne
pouvait pas moissonner quatre-vingt-dix acres à lui tout seul, tout le monde le
savait.
    Nathan se tourna vers Perkin. « Il est promis à ta
fille. Peux-tu faire quelque chose pour lui ? »
    Perkin parut réfléchir. « Peut-être qu’on pourrait
mettre la terre à mon nom, provisoirement. Je payerai l’impôt et il récupérera
sa terre quand il épousera Annet.
    — Non ! » répondit Wulfric aussitôt.
    Gwenda s’en réjouit intérieurement. Perkin était matois. Il
passerait chaque minute de sa vie à imaginer un moyen de garder par-devers lui
la terre de Wulfric.
    « Comment comptes-tu payer le heriot si tu n’as pas
d’argent ? reprit Nathan en s’adressant à Wulfric.
    — J’en aurai sitôt que j’aurai rentré la moisson.
    — Si tu la rentres ! Et même... qui peut dire si
tu auras de quoi ? Ton père a payé trois livres pour les terres de son
père, et deux livres pour celles de son oncle ! »
    Cinq livres, mais c’était une fortune ! s’ébahit
Gwenda. À l’époque, cela avait dû coûter à la famille toute son épargne.
Wulfric n’arriverait jamais à amasser une telle somme.
    Nathan poursuivait : « De plus, la tradition veut
que l’héritier paye l’impôt avant d’entrer en jouissance de son héritage, pas
après la moisson. »
    Aaron Dupommier prit à nouveau la parole :
« Compte tenu des circonstances, tu pourrais te montrer plus clément sur
ce point, Nathan.
    — Plus clément, moi ? Un seigneur peut se
permettre d’être clément, puisque les terres lui appartiennent. En étant
clément, un bailli ne fait que disperser au vent des biens dont il n’est pas le
maître.
    — De toute façon, il ne s’agit là que d’une
recommandation. Rien ne sera définitif tant que le nouveau seigneur de Wigleigh
n’aura pas entériné la décision. »
    C’était ainsi que les choses se passaient habituellement, se
rappela Gwenda. Cependant, dans la pratique, il était rare qu’un nouveau
seigneur n’approuve pas un legs de père à fils.
    « L’impôt payé par mon père ne s’élevait pas à cinq
livres, objecta Wulfric.
    — Très bien. Vérifions les écrits ! » déclara
Nathan.
    Connaissant Nathan et voyant l’empressement qu’il mettait à
répondre, Gwenda supposa qu’il s’était attendu à ce que Wulfric conteste ses
affirmations. Le bailli se débrouillait toujours pour ménager une pause au
cours d’une audition. Certainement pour offrir aux parties en cause l’occasion
de lui graisser la patte. Il devait croire que Wulfric avait de l’argent
dissimulé quelque part.
    Deux jurés

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