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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ta
place ? »
    Wulfric hocha la tête, se représentant la situation.
« Oui, les gens s’habitueront à me voir cultiver la terre tout seul.
Après, ça leur paraîtra injuste de me refuser mon héritage. Et puis, je serai
capable de payer l’impôt. Tout du moins en partie.
    — Et tu seras bien plus près de ton but que tu ne l’es
en ce moment.
    — Merci. C’est un sage conseil », dit-il en lui
tapotant le bras.
    Il se retourna vers Annet. Celle-ci lui souffla à voix basse
une phrase désagréable. Son père semblait agacé.
    Gwenda s’éloigna en rageant intérieurement, marmonnant dans
son for intérieur : « Ne viens pas me dire que je suis sage !
Dis-moi plutôt que je suis... Quoi ? Belle ? Impossible. L’amour de
ta vie ? Non, c’est Annet. Une vraie amie ? Que le diable emporte
l’amitié ! Si au moins je savais ce que je veux ? Pourquoi ai je tant
envie d’aider Wulfric ? »
    Elle n’aurait su répondre à cette question.
    En voyant David Johns en grande conversation avec le juré
Aaron Dupommier, elle se rasséréna.
    Nathan déroula le parchemin avec cérémonie. « Samuel,
le père de Wulfric, a payé un heriot de trente shillings pour l’héritage de son
père et un autre d’une livre pour celui de son oncle. »
    Un shilling équivalait à douze pennies. Vingt shillings
faisaient une livre. Tout le monde utilisait ce terme de
« shilling »bien qu’il n’existe pas de pièce de monnaie de cette
valeur. La somme portée au registre était exactement la moitié de celle
mentionnée par le bailli auparavant.
    David Johns prit la parole : « Les terres d’un
homme doivent aller à son fils, dit-il avec force. Il ne faut pas donner au
nouveau seigneur l’impression qu’il peut décider à sa guise qui héritera et qui
n’héritera pas. »
    Un murmure approbateur accueillit cette déclaration. Wulfric
fit un pas en avant. « Bailli, je sais que tu n’es pas en mesure de
statuer définitivement aujourd’hui. J’attendrai volontiers que le nouveau
seigneur soit nommé. Tout ce que je réclame pour le moment, c’est d’être
autorisé à travailler la terre de ma famille. Je rentrerai la moisson, je le
jure. Si j’échoue, tu n’auras rien perdu. Si je réussis, je considérerai
qu’aucun engagement n’a été pris au sujet de ces terres. Dès que le nouveau
seigneur sera là, je me confierai à sa pitié. »
    Gwenda, qui observait attentivement le bailli, nota qu’il
faisait grise mine. Il avait certainement espéré tirer profit de la
situation ; peut-être même avait-il reçu un dessous-de-table de Perkin. À
présent, il devait déchanter et il cherchait en vain comment ne pas accéder à
l’humble requête de Wulfric. Le voyant hésiter, des villageois se mirent à murmurer.
Comprenant que ses atermoiements ne jouaient pas en sa faveur, le bailli
demanda avec une amabilité qui ne leurra personne : « Qu’en pense le
jury ? »
    Aaron Dupommier s’entretint brièvement avec ses compagnons.
« La requête de Wulfric est modeste et raisonnable. Il devrait être
autorisé à travailler les terres de son père jusqu’à ce qu’un nouveau seigneur
soit nommé. »
    Gwenda soupira avec soulagement.
    Le conseil se sépara, chacun rentra chez soi. C’était
l’heure du dîner et le dimanche était le jour où les villageois mangeaient de
la viande. La plupart d’entre eux pouvaient se le permettre. En cette saison de
l’année, on attrapait facilement de jeunes lapins. Même chez Joby et Ethna, un
ragoût d’écureuil ou de hérisson égayait le menu, ce jour-là. La veuve Huberts
avait un cou de mouton au feu.
    Au moment de quitter l’église, Gwenda croisa le regard de
Wulfric. « Bravo, lui dit-elle en sortant sur le parvis. Il n’a pas pu te
refuser. Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait.
    — Sans toi, je n’y serais pas arrivé ! répondit
Wulfric sur un ton admiratif. Tu m’as soufflé exactement les mots que je devais
dire. Je ne sais pas comment te remercier. »
    Elle résista à la tentation d’éclairer sa lanterne. Tandis
qu’ils traversaient le cimetière, elle l’interrogea : « Comment te
débrouilleras-tu pour la moisson ?
    — Je n’en sais rien.
    — Et si je travaillais pour toi ?
    — Je n’ai pas un sou pour te payer.
    — Ce n’est pas grave, tu me nourriras. »
    Arrivé au portail, il s’arrêta et la dévisagea d’un air
candide. « Non, Gwenda. Je ne crois pas que ce soit une

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