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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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bonne idée. Annet
ne serait pas contente, et elle aurait raison, si tu veux mon avis. »
    Gwenda rougit malgré elle. Les paroles de Wulfric ne
laissaient planer aucune ambiguïté. S’il avait refusé son aide parce qu’il
doutait de ses forces, il ne l’aurait pas regardée droit dans les yeux comme
maintenant et il n’aurait pas mentionné sa fiancée. Elle comprit, mortifiée,
qu’il connaissait ses sentiments pour lui et ne voulait pas encourager une
passion sans espoir. « Très bien, murmura-t-elle en baissant les yeux.
Comme tu voudras. »
    Il lui sourit chaleureusement. « En tout cas, je te
remercie de la proposition. »
    Elle ne répondit pas. Il laissa passer un instant et
s’éloigna.

 
19.
    L’aube était encore loin de poindre lorsque Gwenda ouvrit
les yeux. D’une manière ou d’une autre, son esprit avait su l’heure qu’il était
et l’avait tirée du sommeil en temps voulu.
    Elle dormait par terre sur une paillasse à côté de sa
logeuse, et elle réussit à se désentortiller de sa couverture et à se lever
sans que la veuve Huberts ne fasse un mouvement. Se dirigeant à tâtons, elle
sortit dans la cour par la porte de derrière. Skip s’ébroua et la rejoignit.
    Elle demeura un instant immobile dans la brise fraîche qui
soufflait toujours à Wigleigh. L’obscurité n’était pas totale. On distinguait
les formes indécises de l’abri aux canards, des latrines et du poirier. En
revanche, la maison voisine se fondait encore dans la nuit. C’était celle de
Wulfric, et son chien, attaché dehors près de l’enclos aux moutons, se mit à
grogner. Gwenda lui lança quelques mots à voix basse pour qu’il reconnaisse sa
voix.
    L’heure était paisible. Ces derniers temps, de tels moments
émaillaient souvent sa vie et elle en venait presque à regretter les
braillements au milieu desquels elle avait vécu jusque-là dans la minuscule
maison de ses parents, cris de faim, de douleur ou de rage impuissante qui lui
procuraient le bonheur tout simple de consoler ses frères et sœurs. Certes, la
veuve qui l’avait recueillie était gentille, mais elle se complaisait dans un
silence qui finissait par lui peser, contrairement à toutes ses attentes.
    Ayant repéré le vieux seau de bois, elle se débarbouilla,
puis elle rentra dans la maison. Elle localisa la table malgré l’obscurité. Le hucher
se trouvait juste à côté. Elle découpa une tranche épaisse dans un pain vieux
d’une semaine et ressortit. Tout en mangeant son pain, elle s’élança dans
l’aube naissante. Le village était encore endormi. Elle était bien la seule à
partir aux champs avant le lever du soleil et à n’en revenir qu’une fois la
nuit tombée. En cette saison où les journées étaient longues, les paysans qui
trimaient du lever au coucher du soleil prisaient chaque instant de repos.
    Le ciel s’éclaircit alors qu’elle passait devant la dernière
maison du village. Trois grands champs dépendaient de Wigleigh : Cent
Acres, le Champ du ruisseau et Longchamp. Les cultures s’y effectuaient selon
une rotation de trois ans. La première année était consacrée au grain le
meilleur, le blé et le seigle, et la seconde aux cultures de moindre valeur,
comme l’avoine et l’orge, les pois ou les haricots. La troisième année, la
terre était laissée en jachère. Cette année-là, le blé et le seigle avaient été
semés à Cent Acres et les cultures moins prisées au Champ du ruisseau.
Longchamp était en jachère. Chacun de ces champs était divisé en bandes d’une
acre environ. Les serfs détenaient des parcelles dans les trois champs.
    Arrivée à Cent Acres, Gwenda se dirigea vers la parcelle de
Wulfric et commença à sarcler le blé pour le dégager des mauvaises herbes,
soucis et autres eupatoires qui s’acharnaient à pousser entre les tiges. Que
Wulfric s’en aperçoive ou pas, elle trouvait du bonheur à travailler sa terre,
à lui épargner l’effort auquel elle soumettait son dos pour tirer sur les
touffes récalcitrantes. Chaque herbe arrachée améliorerait sa récolte ;
c’était comme lui faire un cadeau. Et tandis qu’elle s’échinait sur le lopin de
Wulfric, elle voyait devant elle son visage rieur et elle entendait sa voix
enthousiaste de jeune garçon et déjà profonde comme celle d’un homme. Caressant
les blonds épis, elle s’imaginait fourrageant dans ses cheveux.
    Elle sarclait ainsi jusqu’au lever du soleil et s’en allait
ensuite rejoindre

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