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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ne peux pas te passer de moi. C’est à
l’homme de diriger son épouse, pas l’inverse !
    — Je vais y réfléchir. »
    Le lendemain, il embauchait un journalier.
    C’était un voyageur, arrivé au village en fin d’après-midi.
    Dans la soirée, les villageois se rassemblèrent autour de
lui pour entendre son histoire. Il s’appelait Gram et venait de Salisbury. Sa
femme et ses enfants avaient péri dans l’incendie de sa maison. Il était en
route pour Kingsbridge où il espérait trouver un emploi, peut-être au prieuré
où son frère était moine.
    « Je le connais certainement, lança Gwenda. Moi aussi,
j’ai un frère au prieuré. Philémon. Il y travaille depuis des années. Il s’appelle
comment, ton frère ?
    — Jean. »
    Il y avait là-bas deux frères Jean, mais Gwenda n’eut pas le
temps de creuser la question, car Gram enchaînait déjà : « J’avais un
peu d’argent pour ma pitance quand j’ai pris la route. Mais des brigands m’ont
dépouillé et maintenant je suis sans le sou. »
    Pris de compassion, Wulfric l’invita à dormir chez lui. Le
jour suivant, un samedi, l’ouvrier commença à travailler pour lui, acceptant en
guise de rémunération le toit, le couvert et une partie de la moisson.
    Gram peina dur toute la journée, aidant Wulfric à retourner
les parcelles en jachère qu’il avait à Longchamp et à en arracher les chardons.
La tâche nécessitait deux hommes : Gram menait le cheval, le fouettant
quand il ralentissait, tandis que Wulfric guidait la charrue. Le dimanche, ils
prirent du repos.
    Ce jour-là, à l’église, Gwenda fondit en larmes en voyant
ses frères et sœurs, réalisant soudain combien ils lui manquaient. Pendant
toute la messe, elle tint Éric dans ses bras. Après, sa mère lui conseilla
froidement d’oublier Wulfric. « Tu te brises le cœur pour rien. Ce n’est
pas en sarclant ses terres que tu te gagneras son amour. Il a les yeux rivés
sur cette bonne à rien d’Annet.
    — Je sais, répondit Gwenda, mais je veux l’aider quand
même.
    — Tu devrais quitter le village. Rien de bon ne
t’attend ici.
    — Le lendemain même de leur mariage je serai
partie ! promit Gwenda, comprenant que sa mère avait raison.
    — En attendant, tiens ton père à l’œil ! la
prévint Ma en baissant la voix. Il n’a pas encore perdu l’espoir de gagner
douze shillings.
    — Qu’est-ce que tu veux dire ? »
    Sa mère se contenta de hocher la tête.
    « À présent que j’ai quitté son toit, il ne peut plus
me vendre ! Il ne me nourrit pas et il ne me loge pas. Je travaille pour
le seigneur de Wigleigh. Il ne peut plus disposer de moi à sa guise.
    — Méfie-toi quand même ! » insista Ma. Elle
refusa d’en dire davantage.
    Dehors, devant l’église, Gram le voyageur bavarda avec
Gwenda et lui proposa de faire une promenade avec lui après le dîner. Devinant
ses intentions, elle refusa tout net. Plus tard, elle l’aperçut en compagnie de
Joanna, la fille de David Johns, une blonde d’à peine quinze ans, assez bête
pour se laisser embobiner par un travailleur itinérant.
    Le lundi, alors qu’elle sarclait une parcelle de blé dans le
demi-jour, bien avant le lever du soleil, Gwenda vit Wulfric arriver en courant
à Cent Acres. Son visage était fermé ; visiblement, il était exaspéré de
la voir défier son interdiction. Allait-il la rosser de coups ? Il pouvait
lui faire violence en toute impunité. Les gens diraient qu’elle l’avait bien
cherché, qu’elle s’acharnait à le provoquer et il ne se trouverait personne
pour la défendre maintenant qu’elle avait quitté le toit familial ! Se
rappelant la façon dont il avait brisé le nez de Ralph Fitzgerald, elle prit
peur.
    Aussitôt, elle se traita d’idiote. Si Wulfric se battait de
temps en temps, il n’était pas de ces hommes qui lèvent la main sur plus faible
que soi. Il n’empêche. En le voyant à ce point agité, elle se mit à trembler.
    Las, la colère de Wulfric avait une tout autre cause, elle
le comprit en l’entendant hurler : « Tu n’as pas vu
Gram ? » dès qu’il fut à portée de voix.
    « Non, pourquoi ?
    — Tu es là depuis longtemps ? lança-t-il encore,
en s’arrêtant pour reprendre haleine.
    — Je me suis levée avant aube. »
    Les épaules de Wulfric s’affaissèrent. « S’il est parti
par là, je ne le rattraperai plus à cette heure.
    — Qu’est-ce qui se passe ?
    — Il a disparu avec mon

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