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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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cheval. »
    Cela expliquait sa rage. Un cheval était un capital
important.
    Seuls les paysans riches en possédaient un. Gram était un
menteur, qui s’était gagné la confiance des villageois pour mieux les
dépouiller. En fait, il n’avait pas plus perdu sa femme et ses enfants dans
l’incendie de sa maison qu’il n’avait de frère au prieuré, pensa Gwenda en se
rappelant avec quelle rapidité il avait changé de sujet quand elle avait émis
l’idée qu’elle le connaissait peut-être. « Quels imbéciles nous avons été
de prendre son histoire pour argent comptant, lâcha-t-elle.
    — Moi le premier ! renchérit Wulfric amèrement.
Quand je pense que je lui ai ouvert ma maison ! Il est resté assez
longtemps sous mon toit pour que les animaux le connaissent, pour que le cheval
se laisse seller sans renâcler et que le chien n’aboie pas quand il s’est enfui. »
    Ce malheureux Wulfric perdait son cheval au moment même où
il en avait le plus besoin. « J’ai du mal à croire que ça se soit passé
ainsi, dit-elle pensivement. Il ne peut pas être sorti avant moi, la nuit était
trop noire. Et s’il est sorti après moi, j’aurais dû le voir cheminer sur la
route. » Une seule route en effet partait du village, de la place en
cul-de-sac devant le manoir. Toutefois, de nombreux sentiers coupaient à
travers champs. « Il a dû prendre le chemin qui passe entre Longchamp et
le Champ du ruisseau. C’est le plus court pour gagner la forêt.
    — J’ai peut-être encore une chance de le rattraper.
Dans les bois, un cheval n’avance pas vite. » Sur ces mots, Wulfric fit
demi-tour et repartit en courant par où il était arrivé.
    « Bonne chance ! » cria Gwenda à sa suite. Il
agita la main sans se retourner.
    Hélas, la chance ne lui sourit pas.
    Plus tard dans l’après-midi, comme Gwenda portait un sac de
pois du Champ du ruisseau à la grange du seigneur, elle passa devant Longchamp
et découvrit Wulfric sur sa parcelle en jachère. À l’évidence, il n’avait pas
réussi à rattraper son voleur.
    Ayant déposé son sac par terre, elle s’en alla le trouver.
« Tu ne peux pas continuer ainsi, lui dit-elle. Tu as trente acres ici. Tu
en as labouré combien ? Dix ? Personne ne peut bêcher plus de vingt
acres. »
    Le visage fermé, il continua de creuser sans même relever la
tête. « Sans cheval, je ne peux plus labourer.
    — Endosse le harnais et attelle-toi à ta charrue ;
elle est légère et tu es fort. Il ne s’agit jamais que de déraciner des
chardons.
    — J’ai besoin de quelqu’un pour guider la charrue.
    — Je le ferai ! »
    Il la dévisagea.
    « Eh alors ? Tu ne m’en crois pas
capable ? »
    Comme il secouait la tête, elle insista. « Tu n’as plus
de famille et, maintenant, tu n’as plus de cheval non plus. Tu n’arriveras à
rien sans personne pour t’aider. Et je suis là, moi. Tu n’as pas d’autre
solution. »
    Il détourna la tête. Son regard survola les champs et se
porta sur le village avant de se reposer sur Gwenda. On pouvait lire sur ses
traits la lutte qui se déroulait en lui, déchiré entre son amour pour sa terre
et sa peur de déplaire à Annet.
    « Demain matin, à la première heure, je viendrai
frapper à ta porte, décida Gwenda. À nous deux, nous finirons de labourer le
champ. » Sur ces mots, elle s’éloigna.
    Au bout de quelques pas, elle se retourna. Wulfric n’avait
pas dit oui.
    Il n’avait pas non plus dit non.
    *
    Ils labourèrent ainsi deux jours de suite, puis firent les
foins et cueillirent les légumes semés au printemps.
    Ne travaillant plus sur les terres domaniales, Gwenda
n’avait plus de quoi payer sa pension chez la veuve Huberts. Elle emménagea
donc chez Wulfric, à l’étable. Il n’avait pas émis d’objection quand elle lui
avait avoué n’avoir nul endroit où dormir.
    Au lendemain du premier jour, Annet cessa d’apporter son
déjeuner à Wulfric. Dorénavant, ce fut Gwenda qui préparait leurs repas, se
servant dans son cellier en pain, oignons ou betteraves qu’ils mangeaient avec
du lard froid ou des œufs durs accompagnés de bière. Cette fois encore, Wulfric
accepta la situation sans réagir.
    Gwenda avait toujours son philtre d’amour. Elle le portait
entre ses seins, dissimulé aux yeux de tous, dans une petite fiole de terre
enfermée dans la bourse de cuir retenue à son cou par un long lacet. Maintenant
qu’ils travaillaient ensemble, l’occasion de verser la

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