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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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potion magique dans la
bière de Wulfric se présentait à tout moment, au cours du déjeuner. Mais ce
serait du gâchis de l’utiliser au beau milieu de la journée, puisqu’elle ne
pourrait en tirer aucun profit.
    Quant à le lui faire absorber le soir, c’était tout aussi
impossible car Wulfric soupait tous les jours chez les parents d’Annet,
l’abandonnant à elle-même. À son retour, il allait directement se coucher sans
jamais lui offrir la chance d’utiliser son breuvage. Wulfric avait souvent
l’air morose, mais il ne disait rien, et Gwenda supposait qu’Annet lui battait
froid de ne pas tenir compte de son avis.
    Le samedi qui suivit la fuite de Gram, Gwenda se prépara un
ragoût de légumes verts et de porc salé pour le souper. Les réserves
emmagasinées au cellier avaient été prévues pour nourrir une famille de quatre
adultes, de sorte que la jeune fille mangeait à présent tous les jours à sa
faim. Bien que l’on soit en juillet, les soirées étaient fraîches. Elle jeta
une autre bûche dans le feu, sitôt son repas achevé. Assise dans la cuisine,
elle regarda le bois s’enflammer en songeant aux jours simples qu’elle coulait
encore quelques semaines plus tôt, avant que sa vie tout entière ne s’écroule
aussi incroyablement que le pont de Kingsbridge.
    Subitement, la porte s’ouvrit. Ce devait être Wulfric, se
dit-elle. À son retour, elle échangeait souvent quelques mots gentils avec lui
avant de regagner l’étable. Ce court instant la comblait. Ce fut donc avec une
ardeur impatiente qu’elle releva les yeux, s’attendant à voir devant elle le
beau visage aimé.
    Quelle ne fut sa stupeur en découvrant son père ! Qui
plus est accompagné d’un inconnu à la mine patibulaire. Elle bondit sur ses
pieds, emplie d’effroi.
    « Qu’est-ce que tu veux ? »
    Skip lança un aboiement hostile et battit en retraite loin
de Joby.
    « Allons, allons, ma fille ! Pas de quoi
t’inquiéter, je suis ton père, quand même. »
    Consternée, Gwenda se rappela l’avertissement de sa mère à
l’église. « Et lui, c’est qui ? demanda-t-elle en pointant le doigt
sur l’étranger.
    — Jonah, un revendeur d’Abingdon obligé de se
cacher. »
    Que ce Jonah ait été marchand autrefois, c’était tout à fait
possible ; il pouvait même être effectivement originaire d’Abingdon, mais ses
cheveux et sa barbe prouvaient qu’il n’avait pas mis les pieds en ville ni
rendu visite à un coiffeur depuis plusieurs années. Ses bottes éculées et ses
vêtements dégoûtants n’inspiraient guère confiance.
    « Allez-vous-en ! ordonna Gwenda avec une hardiesse
qu’elle était loin d’éprouver.
    — Je t’avais prévenu qu’elle n’était pas commode !
Dit Joby en s’adressant à Jonah. Mais c’est une bonne fille, tu verras. Et
costaude comme pas une !
    — T’inquiète ! répliqua Jonah, prenant la parole
pour la première fois. J’ai dompté pas mal de pouliches. »
    Se passant la langue sur les lèvres, il se mit à détailler
Gwenda. Celle-ci, pour son malheur, ne portait qu’une légère robe de laine. Son
père l’avait vendue une nouvelle fois, cela ne faisait aucun doute. En quittant
son toit, elle avait cru se trouver en sécurité, persuadée que les villageois
n’auraient pas permis qu’on enlève une femme qui travaillait pour le compte de
l’un d’eux. Mais il faisait nuit noire, et il n’y avait personne pour venir à
son aide. Le temps qu’on découvre son enlèvement, elle aurait été emmenée à des
lieues d’ici !
    Ah, mais elle ne capitulerait pas sans se battre !
    Elle fouilla désespérément la pièce des yeux à la recherche
d’une arme. La bûche jetée au feu quelques minutes plus tôt ne faisait guère
plus de vingt pouces de long, mais elle ne brûlait qu’à un bout. Plongeant vers
l’âtre, Gwenda s’en empara et la brandit.
    « Voyons, voyons ! la calma Joby en s’avançant
vers elle. Tu ne vas pas faire du mal à ton vieux Pa ? »
    Son vieux Pa ? Alors qu’il voulait la vendre ? La
rage saisit Gwenda. Elle se jeta sur lui en hurlant, bien décidée à le blesser.
    Il recula d’un bond. Elle continua de marcher sur lui,
rendue folle par la fureur, agitant la bûche enflammée au ras de son visage.
Skip aboyait frénétiquement. Joby, les bras levés, tenta d’écarter la
trajectoire de la bûche, mais Gwenda était forte et il ne parvint pas à bloquer
son mouvement. L’extrémité rougeoyante

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