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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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vous ferez
tout ce qui est en votre pouvoir pour qu’elle me soit posée. Cela dans le seul
but de prouver le bien-fondé de vos dires, aussi peu fraternelle ou dangereuse
puisse être votre attitude.
    — Si vous impliquez que je...
    — Inutile d’ajouter un mot ! »jeta Thomas en
se levant brusquement.
    Murdo se pencha en arrière. La haute taille de Thomas et son
physique de soldat, combinés à la force de son ton, eurent pour rare résultat
de réduire Murdo au silence.
    « Je n’ai jamais répondu aux questions touchant à mon
passé et ne le ferai jamais. » Sa voix était redevenue tranquille et tous
les moines présents tendirent l’oreille dans le plus grand silence. Pointant le
doigt sur Murdo, il ajouta : « Cet hypocrite me fait prendre
conscience que ces questions, en effet, ne cesseraient de m’être posées si je
devenais votre prieur. Un moine peut taire son passé ; un prieur ne le
peut pas, je le comprends maintenant. Tout mystère est une faiblesse, or un
prieur a parfois des ennemis. Si le chef d’une institution est vulnérable,
l’institution elle-même s’en trouve menacée. Mon intelligence aurait dû me
mener à la conclusion à laquelle sa malice a conduit Murdo : à savoir
qu’un homme qui refuse de révéler son passé ne saurait être votre prieur. Par
conséquent...
    — Non ! s’écria le jeune Théodoric.
    — Par conséquent, je retire ma candidature à l’élection
de prieur. »
    Godwyn laissa échapper un long soupir de satisfaction. Son
plan avait réussi.
    Thomas se rassit. Murdo se rengorgea d’un air suffisant.
Tout le monde se mit à parler en même temps.
    Carlus frappa sur la table. Le silence revenu peu à peu, il
dit : « Frère Murdo, étant donné que vous ne votez pas dans cette
élection, je vous demanderai de nous laisser. »
    Murdo se retira d’un pas lent, savourant son triomphe.
    Carlus attendit qu’il ait quitté la salle pour
déclarer : « C’est une catastrophe ! Murdo demeure l’unique
candidat !
    — Thomas ne peut pas se retirer ! intervint
Théodoric.
    — Cependant il l’a fait !
    — Nous devons présenter un autre candidat, indiqua
Siméon.
    — Oui, renchérit Carlus. Je propose Siméon.
    — Non ! s’écria Théodoric.
    — Laissez-moi m’exprimer, dit Siméon. Nous devons
choisir celui d’entre nous qui réunira le plus de voix contre Murdo. Ce n’est
pas moi, je le sais. Je n’ai pas assez de soutien parmi les jeunes. Je crois
que nous savons tous qui parmi nous est susceptible d’obtenir l’appui de la
majorité des factions. »
    Il se tourna vers Godwyn, le désignant du regard.
« Oui ! Godwyn ! s’exclama Théodoric. »
    Les moines les plus jeunes saluèrent joyeusement la
proposition ; les plus âgés se résignèrent. Godwyn secoua la tête comme
s’il se refusait à répondre. Les plus jeunes se mirent à frapper sur les tables
en scandant son nom : « Godwyn ! Godwyn ! »
    Il finit par se lever, le cœur débordant d’exaltation, le
visage impassible, et il tendit les mains pour faire le silence. L’ayant
obtenu, il déclara tout bas sur un ton modeste : « Je me soumets à la
volonté de mes frères. »
    Cris de joie et encouragements fusèrent dans la salle.

 
23.
    Prévoyant la colère du comte Roland à l’annonce du vote des
moines, Godwyn décida de repousser l’élection de façon à ce qu’il ait le moins
de temps possible avant le mariage de sa nièce pour contester le scrutin.
    En vérité, l’idée de s’opposer à l’un des hommes les plus
puissants du royaume l’emplissait d’effroi. L’Angleterre ne comptait que treize
comtes. Avec les quelque quarante barons, les vingt et un évêques et une
poignée de notables, c’étaient eux qui gouvernaient le pays. Au Parlement, ils étaient
les Lords, les seigneurs, le groupe des aristocrates, alors que les chevaliers,
les bourgeois et les marchands formaient les Commons, les gens du commun. Le
comte de Shiring était l’un des personnages les plus puissants et les plus
éminents parmi les seigneurs. Pour sa part, Godwyn n’était jamais que le fils
de la veuve Pétronille, un moine de trente et un ans qui ne s’était pas élevé
plus haut que le rang de sacristain au prieuré de Kingsbridge. Et voilà qu’il
était non seulement en lutte ouverte avec le comte, mais sur le point de
l’emporter, ce qui était bien plus dangereux. L’on comprendra qu’il tergiverse.
    Six jours avant le mariage,

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