Un Monde Sans Fin
sa main te
procure exactement cette même sensation. » Il commença à remuer les
hanches en rythme.
Soudain, elle eut peur que l’acte ne se termine sans avoir
été consommé. Elle ne le voulait pas. Elle voulait tout ou rien, et tout de
suite. Elle le repoussa doucement sur le dos. Se redressant prestement, elle le
chevaucha. « À l’intérieur, elle est chaude et humide »,
chuchota-t-elle en s’agenouillant sur lui. La sensation qu’elle éprouva lui
parut entièrement nouvelle. Elle avait la double impression d’être comblée et
d’en vouloir davantage. Elle se baissait tandis qu’il poussait ses hanches en
avant et elle se redressait quand il reculait. Elle approcha son visage de son
menton piquant et posa ses lèvres sur les siennes.
Il tint sa tête entre ses mains et lui rendit son baiser.
« Elle t’aime, chuchota Gwenda, si tu savais comme elle
t’aime. »
Il se mit à crier avec passion, la secouant violemment. Elle
le chevauchait comme un poney sauvage. Finalement, elle le sentit éjaculer en
elle dans un dernier cri : « Oh, je t’aime aussi ! Que je
t’aime, Annet ! »
28.
Dehors l’aube pointait. Wulfric se rendormit. En revanche,
l’excitation maintint Gwenda éveillée. Elle était persuadée de s’être gagné son
amour. Peu importait qu’elle ait dû prétendre être Annet, il lui avait fait
l’amour avec une telle avidité ; il l’avait embrassée avec tant de
tendresse et de gratitude qu’elle avait la conviction qu’il lui appartenait
désormais à tout jamais.
Quand les battements de son cœur s’apaisèrent et que son
esprit se calma, elle réfléchit au problème de l’héritage. Elle n’avait pas
l’intention d’abandonner le combat, surtout maintenant. Elle se creusa la
cervelle pour trouver un moyen de le récupérer. Quand Wulfric se réveilla, elle
lui annonça qu’elle partait pour Kingsbridge.
« Pourquoi ? s’étonna-t-il.
— Pour savoir s’il n’y aurait pas malgré tout un moyen
pour que tu touches ton héritage.
— Comment ça ?
— Je ne sais pas. Mais tout n’est pas perdu. Ralph n’a
encore donné ta terre à personne. Tu dois la récupérer, tu le mérites. Tu as
travaillé dur et tu as tant souffert.
— Qu’est-ce que tu comptes faire ?
— Je vais aller trouver mon frère. Il comprend ces
choses-là mieux que nous. Il saura nous conseiller. »
Wulfric la regardait d’un air étrange.
« Qu’est-ce que tu as ? lui demanda-t-elle.
— Tu m’aimes vraiment ? »
Elle eut un sourire épanoui, débordant de bonheur. « Tu
veux qu’on recommence ? »
Le lendemain matin, elle attendait Philémon dans le potager
du prieuré de Kingsbridge, assise sur un banc de pierre.
Pendant la longue marche qui l’avait conduite de Wigleigh au
monastère, elle avait eu le temps de revivre chaque seconde de cette nuit de
dimanche, de se remémorer ses sensations, de s’interroger sur les quelques
phrases échangées avec Wulfric. Certes, il ne lui avait pas dit qu’il l’aimait,
mais il avait voulu savoir si, de son côté, elle l’aimait. Et il avait paru
heureux de sa réponse, bien qu’un peu déconcerté par la passion qu’elle y avait
mise.
Elle aspirait ardemment à voir son droit de naissance
respecté. Elle le voulait presque aussi fort qu’elle l’avait désiré lui. Elle
le voulait pour eux deux. Elle souhaitait pour leur couple ce qu’il y avait de
mieux, et elle était déterminée à l’obtenir. Et si Wulfric demeurait un travailleur
sans terre, elle l’épouserait malgré tout, pour peu qu’il le lui demande.
Quand Philémon sortit du prieuré et s’avança vers elle, la
première chose qu’elle remarqua fut sa robe de bure. « Holger !
s’écria-t-elle, l’appelant involontairement par son vrai nom tant elle était
bouleversée. Te voilà devenu novice, ton rêve de toujours ! »
Il sourit fièrement et eut la bonté de ne pas relever sa
maladresse. « C’est l’une des premières décisions prises par Godwyn en
tant que prieur. Quel homme merveilleux ! C’est pour moi un tel honneur de
le servir ! » Il prit place à côté d’elle sur le banc. C’était une
douce journée d’automne. Il y avait des nuages dans le ciel, mais il ne
pleuvait pas.
« Comment se passent tes leçons ?
— Lentement. C’est dur d’apprendre à lire et à écrire à
l’âge adulte. Les petits garçons progressent plus vite que moi, ajouta-t-il
avec un sourire. Mais je sais
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