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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avait pris plaisir à voir les deux hommes se battre pour elle.
    « Eh bien, je serai journalier, répliqua Wulfric. Je
suis fort, je ne manquerai pas de travail.
    — Et tu resteras pauvre toute ta vie. C’est ce que tu
me proposes ?
    — Nous serons ensemble, comme nous en rêvions ce jour
dans la forêt où tu m’as dit que tu m’aimais. Te rappelles-tu ?
    — Serait-ce une vie pour moi que d’être mariée à un
travailleur sans terre ? lança Annet avec colère. D’être comme elle,
maigre comme un manche à balai, le visage chiffonné par les
soucis ? »
    Elle désigna la mère de Gwenda au milieu de la foule, avec
mari et enfants. Piqué au vif, Joby brandit son moignon en direction d’Annet.
« Surveille tes paroles, espèce de chipie dédaigneuse ! »
    Perkin vint se placer devant sa fille en levant ses deux
mains pour l’appeler au calme. « C’était sans mauvaise intention.
Excuse-la, Joby, elle est épuisée. »
    Wulfric insista : « Sans manquer de respect à
Joby, je ne suis pas comme lui, Annet !
    — Mais si ! Tu ne possèdes aucune terre. C’est
pour ça qu’il est pauvre. Tu le seras aussi. Tes enfants auront faim et ta
femme sera terne. »
    Elle disait là la triste vérité. En période de disette, les
sans terre étaient les premiers à souffrir. Renvoyer ses employés était le
moyen le plus rapide d’économiser de l’argent, Gwenda le savait bien. Pourtant,
elle avait du mal à croire qu’une femme puisse refuser la chance de passer sa
vie entière avec Wulfric. Mais à l’évidence, telle était la décision d’Annet.
    Wulfric s’en rendait compte également. « Tu ne m’aimes
plus, c’est ça ? » demanda-t-il sur un ton plaintif.
    Il avait perdu toute dignité et offrait un spectacle
pathétique de lui-même. La passion de Gwenda en fut décuplée.
    « Je ne vivrai pas d’amour et d’eau
fraîche ! » déclara Annet et elle quitta l’église.
    Deux semaines plus tard, elle épousait Billy Howard.
    *
    Gwenda se rendit au mariage, comme tout un chacun au
village, hormis Wulfric. Malgré les mauvaises récoltes, il y eut une grande
fête. Par ce mariage, deux propriétés importantes se trouvaient désormais
réunies : les cent acres de Perkin et les quarante de Billy. En outre,
Perkin avait demandé au seigneur de lui donner les terres de la famille de
Wulfric. S’il obtenait satisfaction, les enfants d’Annet hériteraient quasiment
de la moitié du village. Mais Ralph était parti pour Kingsbridge. Il ne
rendrait sa décision qu’au retour.
    Perkin déboucha un baril de la bière anglaise la plus forte
que produisait son épouse et abattit une vache. Gwenda mangea et but à
profusion. Son avenir était trop incertain pour qu’elle se permette de rejeter
la chance de manger à sa faim.
    Elle joua avec ses petites sœurs, Cathie et Joanie, à lancer
une boule en bois. Puis elle prit le petit Éric sur ses genoux et lui chanta
des chansons. Au bout d’un moment, Ethna vint s’asseoir près d’elle.
« Qu’est-ce que tu comptes faire, à présent ? »
    Tout au fond de son cœur, Gwenda ne s’était pas réconciliée
avec sa mère. Quand elles se retrouvaient, Ma l’interrogeait avec sollicitude.
Gwenda lui répondait. Mais elle continuait de lui en vouloir d’avoir pardonné à
Joby. « Je resterai dans la grange de Wulfric aussi longtemps que je le
pourrai, dit-elle.
    Pour toujours, peut-être.
    — Et s’il s’en va, s’il quitte le village ?
    — Alors, je ne sais pas. »
    Pour l’heure, Wulfric travaillait les terres qui avaient
appartenu à sa famille, retournant les parcelles moissonnées et passant la
herse dans les jachères, et Gwenda continuait de l’aider.
    Le travail fourni dans la journée leur était payé par Nathan
au prix des journaliers et ils ne recevraient rien de la prochaine moisson.
Nathan insistait pour qu’ils restent car, sans eux, la terre deviendrait vite
stérile. Ils avaient décidé de poursuivre ainsi jusqu’à ce que Ralph annonce à
qui il avait décidé d’allouer les terres. Dès lors ils devraient se faire
engager.
    « Où est Wulfric ? demanda Ethna.
    — J’imagine qu’il n’a pas le cœur à la fête.
    — Et ses sentiments pour toi ? »
    Gwenda regarda sa mère dans les yeux. « Il me dit que
je suis la meilleure amie qu’il ait eue de sa vie.
    — Qu’est-ce que ça veut dire ?
    — Je ne sais pas. Mais certainement pas :
« je t’aime. »
    — Non,

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