Un Monde Sans Fin
avait envahi la cuisine.
Gwenda ne dormait pas, elle ne pouvait se résoudre à
gaspiller ce précieux laps de temps. Elle en savourait chaque instant car
peut-être ne se reproduirait-il jamais. Elle tendit la main vers lui
craintivement, attentive à ne pas le réveiller. Elle explora les muscles de sa
poitrine et de son dos sous ses légers vêtements de laine, fit descendre ses
doigts le long de ses côtes et de ses hanches, les promena autour de son épaule
et sur l’angle de son coude.
Il remua plusieurs fois dans son sommeil et finit par
s’allonger sur le dos. Elle posa la tête au creux de son épaule, posant le bras
sur son ventre plat. Plus tard, lorsqu’il changea de position, elle en profita
pour se rapprocher tout près de lui, se collant contre le S que formait son
corps, pressant ses seins contre son large dos, plaquant ses hanches contre les
siennes, introduisant ses genoux au creux des siens. C’est alors qu’il se
retourna. Il jeta un bras sur elle et passa une jambe au-dessus de ses cuisses.
Une jambe qui devint vite désagréablement lourde, mais dont elle accepta le
poids comme la preuve qu’elle ne rêvait pas.
Lui-même rêvait, en revanche. Au milieu de la nuit, il
l’embrassa subitement, introduisant sa langue dans sa bouche tout en serrant
son sein avec sa grande main. Elle le sentit durcir tandis qu’il se frottait
maladroitement contre elle et, l’espace d’un instant, elle fut déconcertée par
cette rudesse qui ne lui ressemblait pas. Mais elle était prête à tout accepter
de lui. Elle tendit la main vers son ventre et saisit son membre qui saillait
par l’ouverture de sa culotte. Puis, tout aussi subitement, il s’écarta d’elle
pour se remettre sur le dos en respirant régulièrement. Elle comprit alors
qu’il ne s’était pas réveillé, mais l’avait caressée dans son rêve. Un rêve où
Annet occupait sa place, comprit-elle tristement.
Elle ne dormit pas, mais rêvassa. Elle imaginait Wulfric la
présentant à un inconnu en disant : « Voici Gwenda, mon
épouse. » Elle se vit enceinte et travaillant aux champs malgré son gros
ventre et s’évanouissant soudain. Et là, il la soulevait dans ses bras, la
portait jusqu’à sa maison et lui bassinait les tempes avec de l’eau froide.
Elle le vit âgé, jouant avec leurs petits-enfants, leur pardonnant leurs
bêtises, leur offrant des pommes et des rayons de miel.
Des petits-enfants ? Elle ricana d’elle-même. C’était
construire de bien grands châteaux en Espagne sur la seule base qu’il ne
l’avait pas repoussée quand elle avait passé le bras autour de ses épaules pour
le consoler.
Le jour se lèverait bientôt. Dans quelques minutes, son
séjour au paradis serait achevé. Wulfric commençait déjà à remuer. Le rythme de
sa respiration changea. Il bascula sur le dos. Le bras de Gwenda se retrouva en
travers de sa poitrine. Elle l’y laissa, repliant la main sous son bras. Au
bout d’un instant, elle sentit qu’il s’était réveillé et réfléchissait. Elle
demeura immobile, terrifiée de briser le charme par un geste ou par une parole.
Finalement, il roula de nouveau vers elle et passa son bras
autour de son corps. Elle sentit sa main caresser son dos sans comprendre ce
que signifiait cette caresse, comme s’il avait demandé à ses doigts d’explorer
la situation et s’étonnait de la découvrir nue. Sa main remonta jusqu’à son cou
et redescendit jusqu’au creux de ses hanches.
Enfin il parla ou plutôt lâcha dans un murmure, comme s’il
craignait d’être entendu : « Elle l’a épousé !
— Oui, répondit Gwenda dans un chuchotement.
— Son amour était faible.
— Le véritable amour n’est jamais faible. »
La main de Wulfric était demeurée sur sa hanche, tout près
de l’endroit où elle voulait qu’il la touche.
Il soupira : « Cesserai-je de l’aimer un
jour ? »
Gwenda s’empara de sa main sans savoir pourquoi, se laissant
guider par son intuition. Serait-ce pour le mieux ou pour le pire ?
« Elle a deux seins comme ceux-là », dit-elle, chuchotant toujours.
Il gémit et elle sentit sa main se tendre vers sa poitrine
puis l’autre main s’y poser aussi.
« En bas, elle a des poils comme ici », dit-elle
encore, déplaçant à nouveau sa main. La respiration de Wulfric s’accéléra.
Abandonnant la main de Wulfric, Gwenda entreprit de palper son corps sous son
vêtement de laine. Son membre se dressait. Elle le saisit. « Et
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