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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’auparavant. Le bébé cherchait
aveuglément le sein, mais Gwenda était trop épuisée pour l’aider.
    Mattie dit : « Il faut qu’elle continue à boire,
mais pas un alcool trop fort. Apportez-lui s’il vous plaît une cruche d’eau
chaude mélangée à un petit verre de vin. Et demandez au cuisinier un peu de
bouillon clair. Tiède, pas trop chaud. »
    Mair guettait l’autorisation de Julie, et celle-ci hésitait.
Elle finit par se décider. « Vas-y. Mais ne dis à personne que c’est pour
Mattie ! » La novice partit d’un pas pressé.
    Mattie remonta la robe de Gwenda le plus haut possible,
découvrant son ventre entier. La peau si tendue quelques heures plus tôt était
maintenant flasque et ridée. Mattie posa doucement les doigts sur la chair
molle et les enfonça fermement. Gwenda émit un grognement. Ce n’était pas une
réaction à la douleur, plutôt l’expression d’un malaise.
    « L’utérus ne s’est pas recontracté. Il est toujours
relâché, c’est pour ça que le sang continue à couler.
    — Vous pouvez y faire quelque chose ? supplia
Wulfric, au bord des larmes.
    — Je ne sais pas, dit Mattie, et elle entreprit de
masser le ventre de Gwenda, appuyant sur son utérus à travers les chairs. Ce
mouvement aide parfois l’utérus à retrouver la bonne position »,
expliqua-t-elle.
    Tout le monde l’observait en silence. Caris osait à peine
respirer.
    Mair s’en revint avec l’eau coupée de vin. « Faites-la
boire ! » la pria Mattie sans interrompre son massage. Mair approcha
une tasse des lèvres de Gwenda, qui but avidement. « Pas trop »,
insista Mattie et Mair écarta la tasse.
    La guérisseuse continuait de masser Gwenda en jetant de
temps à autre un coup d’œil vers son bas-ventre. Les lèvres de Julie marmonnaient
une prière que l’on n’entendait pas. Le sang coulait sans interruption.
    Mattie changea de position. Sous le regard inquiet de Caris,
elle posa sa main gauche juste au-dessous du nombril de Gwenda. Appliquant
dessus sa main droite, elle appuya des deux mains sur le ventre en augmentant
lentement sa pression. Gwenda, à demi consciente, ne réagissait pas. Mattie se
pencha davantage. On aurait dit qu’elle pesait de tout son poids sur la pauvre
Gwenda.
    « Le sang s’est arrêté ! » constata Julie.
    Mattie continua à pousser. « Quelqu’un peut compter
jusqu’à cinq cents ? demanda-t-elle.
    — Moi, répondit Caris.
    — Lentement, s’il te plaît.
    — Un, deux, trois...», commença Caris à haute voix
pendant que Julie essuyait une fois de plus l’entrejambe de Gwenda.
    Cette fois, le sang ne revint pas. « Sainte Marie, Mère
de Dieu...», entonna-t-elle d’une voix forte.
    L’assemblée semblait figée dans le marbre : la mère et
le bébé sur le lit, la sage-femme appuyant sur le ventre de la mère, le mari et
la religieuse en prière, et Caris qui comptait : « Cent onze, cent
douze...»
    Par-delà les prières de Julie et son propre compte à haute
voix, Caris percevait maintenant le brouhaha de la foire de l’autre côté de la
porte, le bourdonnement de centaines de voix. La fatigue commençait à se lire
sur les traits de Mattie. Pour autant, elle ne relâchait pas sa pression.
Wulfric pleurait silencieusement ; les larmes roulaient le long de ses
joues brunies par le soleil.
    Quand Caris eut atteint cinq cents, Mattie se releva
lentement. Tous les yeux se fixèrent avec inquiétude sur Gwenda, chacun
redoutant de voir réapparaître du sang.
    Mais rien ne vint.
    Mattie poussa un long soupir de soulagement. Wulfric sourit.
    Julie s’exclama : « Gloire à Dieu !
    — Donnez-lui encore à boire, je vous prie »,
demanda Mattie. Mair porta à nouveau une tasse aux lèvres de Gwenda, qui ouvrit
les yeux et la but en entier.
    « C’est fini, maintenant tout ira bien, dit Mattie.
    — Merci », chuchota Gwenda et elle ferma les yeux.
    Mattie tourna la tête vers Mair. « Vous devriez
peut-être aller voir où en est ce potage. Il faut qu’elle reprenne des forces,
sinon elle n’aura pas de lait. »
    Mair inclina la tête et sortit.
    Le bébé se mit à pleurer. Son cri parut redonner vie à sa
mère, qui le posa contre son autre sein et l’aida à trouver le mamelon. Puis
elle leva les yeux vers Wulfric et sourit.
    « Quel beau petit garçon ! » s’extasia la
vieille Julie.
    Caris regarda mieux l’enfant et, pour la première fois, vit
en lui un être humain. Serait-il fort et

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