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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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celle du prieuré.
    « Appelez ça un palais si bon vous semble, répondit-il
avec raideur. Et pourquoi pas ? Les évêques et les prieurs vivent dans des
palais. Et ce n’est pas pour leur confort personnel, mais pour celui de leurs
invités, pour la réputation de l’institution qu’ils représentent.
    — Naturellement, convint Siméon, préférant abandonner
cet argument. Mais vous n’en avez pas les moyens. »
    Godwyn se renfrogna. Il ne supportait pas d’être contredit,
quand bien même il invitait les moines occupant des fonctions de responsabilité
à débattre avec lui. Il réagit promptement : « C’est ridicule !
Kingsbridge est l’un des monastères les plus riches du pays.
    — On le dit, et il est exact que nous possédons des
ressources non négligeables. Mais le cours de la laine est en baisse pour la
cinquième année d’affilée. Nos revenus s’amenuisent. »
    Philémon intervint subitement : « Il paraît que
les marchands italiens se fournissent désormais en Espagne. »
    Philémon avait changé, lui aussi. Depuis qu’il avait pris
l’habit de novice, réalisant ainsi son ambition de toujours, il avait perdu sa
gaucherie et acquis une confiance en soi qui le poussait à s’immiscer dans une
conversation entre le prieur et le trésorier, et parfois à y apporter un détail
intéressant.
    « C’est possible, releva Siméon. Mais en l’absence de
pont, la foire n’a pas drainé l’affluence habituelle, de sorte que les taxes et
les péages ne nous rapportent plus autant qu’auparavant.
    — Et les milliers d’acres de terres arables que nous
possédons ? objecta Godwyn.
    — Après les pluies de l’été dernier, la moisson a été
mauvaise dans toute cette partie du pays et c’est là que se trouvent la plus
grande partie de nos terres. Nos serfs ont dû se battre pour survivre. Il est
difficile de les forcer à payer leurs métayages quand ils n’ont rien à
manger...
    — Ils doivent payer quand même, répliqua Godwyn. Les
moines aussi ont le ventre vide. »
    Philémon se permit d’intervenir une nouvelle fois :
« Quand le bailli d’un village affirme qu’un serf n’a pas réglé ses
échéances, ou bien qu’aucun loyer n’est dû pour telle ou telle parcelle parce
qu’elle n’est pas entretenue, nous n’avons pas les moyens de vérifier s’il dit
la vérité. Les serfs peuvent très bien soudoyer les baillis. »
    L’impatience s’empara de Godwyn. Le sujet avait été abordé
de nombreuses fois au cours de l’année passée. Il était agacé de rencontrer les
mêmes résistances chaque fois qu’il essayait d’exercer un contrôle plus sévère
sur les finances du prieuré. « Que proposes-tu alors ? jeta-t-il à
Philémon sur un ton irrité.
    — D’envoyer un émissaire inspecter les villages, parler
aux baillis, examiner l’état des terres, entrer dans les maisonnettes de ces
serfs soi-disant affamés.
    — Si le bailli peut être suborné, l’inspecteur peut
l’être aussi.
    — Pas s’il s’agit d’un moine. Que ferait-il de cet
argent ? »
    Que les moines n’aient pas l’usage de l’argent sous sa forme
sonnante et trébuchante, du moins en théorie, ne signifiait pas qu’ils ne
puissent pas être corrompus d’une autre manière. Philémon lui-même n’avait-il
pas un penchant certain pour le vol ? se rappela Godwyn. Toutefois, une
inspection de la situation effectuée par un homme du prieuré aurait
certainement pour effet de redresser les baillis dans leurs bottes.
« C’est une bonne idée, dit-il à Philémon. Veux-tu t’en charger ?
    — Ce serait un grand honneur pour moi.
    — Eh bien, c’est décidé. » Godwyn se retourna vers
Siméon.
    « Quoi qu’il en soit, nos revenus sont tout de même
considérables.
    — Et nos frais également ! répliqua Siméon. Nous
versons une allocation à notre évêque, nous devons nourrir, vêtir et loger
vingt-cinq moines, sept novices et dix-neuf pensionnaires. Nous employons
trente personnes au ménage, aux cuisines, aux écuries, etc., et nous dépensons
une fortune en cierges. Les robes des moines...
    — Très bien, j’ai compris votre point de vue, le coupa
Godwyn. Malgré tout, je veux construire un palais.
    — Où trouverez-vous l’argent ? »
    Godwyn soupira. « Là où nous finissons toujours par le
trouver. Auprès de mère Cécilia. »
    Il la rencontra quelques minutes plus tard. En temps normal,
il lui aurait demandé de passer le voir

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