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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Alan regarda Ralph, un sourcil levé. Orge grogna. Ralph se remit sur ses
pieds. Ayant intimé le silence à son chien, il partit le long du ruisseau,
marchant tout doucement en direction des bruits. Alan lui emboîta le pas.
    Il s’arrêta un peu plus loin pour scruter le paysage à
travers les arbres. En aval, à un endroit où l’eau coulait plus vite en
bondissant sur les rochers, des femmes faisaient la lessive. C’était une
journée maussade du mois d’octobre. Sans qu’il fasse vraiment froid, le temps
était frisquet. Les femmes avaient roulé leurs manches et remonté leurs jupes à
hauteur des cuisses pour ne pas les mouiller.
    Ralph les regarda attentivement. Il y avait là Gwenda, toute
en muscles, bras et mollets, portant son fils de quatre mois attaché dans le
dos ; et il y avait Peg, la femme de Perkin, qui tapait les culottes de
son mari sur une pierre. Il reconnut sa servante, Vira, une femme dure d’une
trentaine d’années qui l’avait dévisagé de telle façon, le jour où il lui avait
pincé les fesses, qu’il ne s’y était plus jamais aventuré. La voix qu’il avait
entendue était celle de la veuve Daniels. Un moulin à paroles, celle-là, sans
doute parce qu’elle vivait seule. Elle se tenait au milieu du courant et
dévidait ses ragots en portant la voix, pour se faire entendre de tout le
monde.
    Et il y avait Annet.
    Juchée sur un rocher, elle lavait un petit vêtement. Ses longues
jambes blanches disparaissaient à ravir dans les plis de sa robe. Chaque fois
qu’elle se penchait pour plonger son linge dans l’eau, son col s’ouvrait et
révélait ses seins, deux fruits à la peau claire sur l’arbre de la tentation.
Des gouttes d’eau scintillaient au bout de ses cheveux. L’irritation qu’on
pouvait lire sur son joli minois montrait bien qu’elle ne se considérait pas
née pour accomplir ces tâches.
    Ces femmes devaient être là depuis un certain temps, se dit
Ralph. Leur présence lui serait demeurée inconnue si la matrone n’avait soudain
élevé la voix. Il se baissa derrière un buisson, un genou à terre, épiant les
femmes à travers les branchages dénudés. Alan s’accroupit près de lui.
    Adolescent, Ralph avait souvent épié les femmes. Les regarder
frotter une partie de leur corps qu’elles n’auraient pas dénudée en présence
d’un homme, s’étendre par terre, jambes écartées, les écouter parler de choses
jamais évoquées devant les hommes l’amusaient. En fait, leur comportement
rappelait celui des hommes.
    C’était un régal pour ses yeux que d’observer maintenant les
femmes de son village à leur insu. Il tendit l’oreille. Il commença par
détailler Gwenda, son petit corps solide, se souvenant d’elle nue, à genoux sur
le lit, et revivant ses sensations d’alors quand il cramponnait ses hanches
pour l’attirer à lui.
    Au cours de cette étreinte, elle avait changé d’attitude, se
rappela-t-il. D’abord froide et passive, s’efforçant de dissimuler son dégoût
et son ressentiment, elle s’était peu à peu abandonnée. Il s’en était rendu
compte à la rougeur soudain apparue sur son cou et à sa respiration haletante.
Sa façon de courber la tête en fermant les yeux avait trahi ses
sentiments : de la honte mêlée de plaisir, du moins l’avait-il cru. À ce
souvenir, sa respiration se fit plus rapide et une moiteur envahit son front
malgré le froid d’octobre. Aurait-il l’occasion de faire encore l’amour avec
elle ?
    Les femmes se disposaient à rentrer au village. Elles
plièrent leur linge humide dans des paniers ou l’enveloppèrent en ballots pour
les porter sur leur tête, et elles partirent sur le sentier qui longeait le
ruisseau. Une dispute s’engagea entre Annet et sa mère. La jeune fille, qui
n’avait fait que la moitié de sa lessive, voulait rapporter le linge sale chez
elle. Peg, la mère, estimait qu’elle devait rester et finir son travail. En
preuve de ses dires, elle rejoignit les femmes d’un pas rapide, laissant
derrière elle une Annet de fort méchante humeur.
    Une chance incroyable ! Ralph n’allait pas la laisser
passer ! Il souffla à Alan : « Il y a du plaisir dans
l’air ! Fais le tour discrètement et barre-lui la voie ! »
    Alan s’exécuta.
    Ralph regarda Annet plonger sommairement son linge dans
l’eau puis se rasseoir au bord du ruisseau et fixer le courant d’un air
maussade. Estimant que les villageoises n’étaient plus à portée de voix, il

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