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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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au plafond. Gwenda déposa un baiser sur son
front et sortit.
    Elle refit à l’envers le chemin qui passait par les champs
balayés par le vent. Le seigneur Ralph et Alan Fougère la croisèrent au galop.
Ils rentraient au village, leur journée de chasse apparemment interrompue.
Gwenda entra dans la forêt et suivit le raccourci qui menait à l’endroit où les
femmes faisaient leur lessive. Elle aperçut Annet venant à sa rencontre.
    « Ça va ? demanda-t-elle. Ta mère commençait à
s’inquiéter.
    — Tout va très bien, répondit Annet, mais Gwenda vit
bien qu’il n’en était rien.
    — Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
    — Je vais bien, je te dis ! Rien ne m’est arrivé,
laisse-moi tranquille ! »
    Comme Annet évitait son regard, Gwenda se planta carrément
devant elle et la regarda des pieds à la tête. L’expression de la malheureuse
lui fit comprendre sans erreur qu’une calamité s’était produite. À première
vue, Annet ne semblait pas blessée, bien que ce soit difficile de s’en assurer
puisque sa longue robe lui couvrait la plus grande partie du corps. Puis Gwenda
remarqua des taches sur le tissu, des traînées sombres qui ressemblaient à du
sang.
    « Le seigneur Ralph t’a fait du mal ?
l’interrogea-t-elle, se rappelant qu’elle venait de le croiser en route.
    — Je rentre à la maison. »
    Comme Annet voulait la contourner, Gwenda l’attrapa par le
bras. Elle n’avait pas serré fort et s’étonna qu’Annet porte la main à son
épaule avec un cri de douleur.
    « Mais tu as mal ! » s’écria-t-elle.
    Annet fondit en larmes.
    Gwenda l’entoura de son bras. « Viens, rentrons à la
maison.
    Il faut que tu racontes ça à ta mère ! »
    Annet secoua la tête. « Personne ne doit le
savoir ! »
    Gwenda ne répondit pas, pensant par-devers elle que c’était
un peu tard.
    Tout en raccompagnant Annet, elle réfléchit à ce qui avait
pu se passer. Manifestement, Annet avait subi une agression. Ce pouvait être un
ou plusieurs voyageurs, bien qu’il n’y ait pas de route à proximité. Ce pouvait
être les hors-la-loi, mais il y avait longtemps qu’on n’en avait pas vu à
Wigleigh. Non, les suspects les plus probables étaient bien Ralph et son
écuyer.
    Peg ne perdit pas son temps en palabres. Elle assit Annet
sur un tabouret et baissa sa robe sur ses épaules. Elle portait des marques
rouges et gonflées sur le haut de ses deux bras. « Quelqu’un t’a maintenue
immobilisée ! » s’exclama-t-elle durement.
    Annet ne répondit pas.
    « J’ai raison ? insista sa mère. Réponds-moi, mon
enfant, ou ça va barder ! Est-ce que quelqu’un t’a tenue pour t’empêcher
de bouger ? »
    Annet hocha la tête.
    « Ils étaient combien ? Allez,
dis-le ! »
    Incapable de prononcer un mot, Annet leva deux doigts.
    « Est-ce qu’ils t’ont violée ? » éclata Peg,
rouge de colère. Annet hocha encore la tête.
    « Qui était-ce ? »
    Annet secoua la tête.
    Accuser son seigneur n’était pas une chose qu’un serf
faisait de gaieté de cœur. Devinant qu’Annet ne dirait rien, Gwenda
intervint : « j’ai vu Ralph et Alan s’enfuir à cheval. »
    Peg questionna sa fille : « C’étaient eux,
n’est-ce pas ? Ralph et Alan ? »
    Annet inclina la tête.
    Peg baissa la voix au point qu’elle chuchotait presque.
« Et je suppose qu’Alan te maintenait, pendant que Ralph...»
    Annet réitéra son mouvement.
    Ayant découvert la vérité, Peg se radoucit. Elle passa le
bras autour des épaules de sa fille et la serra sur son cœur. « Ma pauvre
petite, ma pauvre enfant. »
    Annet éclata en sanglots.
    Gwenda en profita pour s’esquiver.
    Les hommes rentreraient bientôt pour le repas de midi. En
découvrant que Ralph avait violé Annet, son père, son frère, son mari et son
ancien amoureux seraient pris de fureur. Perkin était trop vieux pour faire une
bêtise et Rob obéirait aux ordres de son père. Quant à Billy Howard, il n’était
pas assez courageux pour entreprendre quoi que ce soit. Restait Wulfric, qui
serait ivre de rage. Il tuerait Ralph.
    Et il serait pendu.
    Gwenda devait absolument faire quelque chose pour modifier
le cours des événements, sinon elle perdrait son mari. Elle traversa en hâte le
village, sans s’arrêter pour bavarder avec personne, et se rendit au manoir.
Elle espérait s’entendre dire que Ralph et Alan étaient repartis tout de suite
après le repas. Mais à sa consternation, ils

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