Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
effort par simple
pression des genoux.
    Dans les taillis, les chevaux n’étaient pas aussi rapides
que les cerfs ; les chiens avaient l’avantage. Ralph entendait leurs
aboiements effrénés tandis qu’ils se rapprochaient de la biche. Puis il y eut
une accalmie. Il en découvrit la raison quelques instants plus tard. La biche
avait quitté le couvert des arbres pour s’élancer sur une laie, distançant les
chiens. Là, les chevaux regagnaient du terrain. Ils dépassèrent rapidement Orge
et Lame, et réduisirent la distance qui les séparait de la biche.
    L’animal faiblissait, sa course devenait irrégulière. Il
était fait pour les départs en flèche, pas pour tenir la longueur à vive
allure. De plus, du sang coulait de sa cuisse, un chien devait l’avoir mordu.
    L’écart s’amenuisait. Le cœur de Ralph se mit à battre plus
vite. Il empoigna plus fort sa lance. Il fallait une grande force pour enfoncer
une pique en bois dans le corps d’un pareil animal : son cuir était épais,
ses muscles bandés, ses os très durs. La meilleure cible était le cou, la
partie de son corps la plus tendre si l’on parvenait à atteindre la veine
jugulaire sans toucher les vertèbres. Il fallait choisir le bon moment et
plonger son arme rapidement, sans hésiter, en concentrant toutes ses forces.
    Voyant les chevaux tout près d’elle, la biche effectua un
virage désespéré à l’intérieur des buissons. Cette décision lui offrit un
sursis de quelques secondes. Les chevaux durent ralentir pour se frayer un
passage dans la végétation alors qu’elle poursuivait sa course sans relâche.
Mais les chiens étaient revenus à la charge, la biche ne pourrait guère aller
plus loin.
    D’ordinaire, sous les morsures des chiens, la bête était
obligée de freiner son allure ; les chevaux, alors, regagnaient du terrain
et le chasseur pouvait porter le coup fatal. Mais en cette occasion, les choses
se passèrent différemment.
    Alors que les chiens et les chevaux l’avaient presque
rattrapée, la biche esquiva sur le côté. Lame, le chien le plus jeune, se lança
à sa poursuite avec plus d’enthousiasme que de bon sens. Son bond le projeta au
ras des naseaux de Griff. Incapable de piler sur place, l’étalon le heurta de
toute la puissance de son antérieur. Le chien était un mastiff qui pesait ses
soixante-dix ou quatre-vingts livres. L’impact fit trébucher le cheval.
    Projeté en l’air, Ralph eut la présence d’esprit de lâcher
sa lance avant de toucher le sol, terrifié que son cheval ne s’écroule sur lui.
Sur le point d’atterrir, il se rassura : Griff avait réussi à garder
l’équilibre.
    Quant à lui, il s’était affalé dans un buisson d’épines, et
si les banchages avaient amorti sa chute, il avait le visage et les mains
profondément égratignés. Surtout, il était furieux.
    Alan tira sur ses rênes. Orge, qui avait filé à la suite de
la biche, ne tarda pas à revenir. La biche, évidemment, s’était enfuie. Ralph
se remit sur ses pieds en jurant. Alan attrapa la bride de Griff et mit pied à
terre, tenant les deux montures.
    Lame gisait sur les feuilles mortes, immobile. Du sang
gouttait de sa gueule. Le sabot de Griff dûment ferré l’avait atteint à la tête.
Orge s’approcha de lui, le flaira, le poussa du museau, lécha le sang sur sa
gueule et s’éloigna, déconcertée. Alan donna un petit coup de botte dans le
chien, qui ne répondit pas. Il ne respirait plus. « Il a vécu sa vie,
lâcha Alan.
    — Bien fait pour lui ! L’imbécile ! »
    Menant les chevaux à la bride, ils cherchèrent un endroit où
se reposer. Au bout d’un moment, Ralph entendit murmurer un ruisseau. Se
guidant au son, ils atteignirent un petit cours d’eau rapide que Ralph
reconnut. C’était celui qui longeait les champs. Ils étaient tout près de
Wigleigh. « Désaltérons-nous », dit-il. Alan attacha les chevaux puis
sortit de son sac de selle une cruche fermée par un bouchon, deux bols en bois
et un sac de toile contenant un en-cas.
    Orge fila droit sur le ruisseau et lapa l’eau froide
avidement. Ralph se laissa tomber près de la berge, adossé à un arbre. Alan lui
tendit un bol de bière anglaise et un morceau de fromage. Ralph accepta la
bière, mais ne voulut rien manger. Comprenant qu’il était de mauvaise humeur,
Alan le regarda boire en silence et, sans mot dire, remplit à nouveau son bol.
    Soudain, des voix de femmes troublèrent la quiétude de la
forêt.

Weitere Kostenlose Bücher