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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pointées ; Lame, son petit qui désormais la dépassait en taille,
poussa un aboiement bref et rauque.
    La flèche, d’une demi-toise de long et pourvue de plumes de
cygne, se terminait par une pointe en fer plein de deux pouces, taillée en
pointe, parfaitement adaptée à la tige. C’était une flèche destinée à la
chasse. Une flèche conçue pour la guerre aurait présenté une tête carrée
capable de traverser une armure sans dévier de sa course.
    Pour adroit qu’il était, le tir d’Alan ne fut pas d’une
précision absolue : la flèche atteignit la biche à la base du cou.
L’animal fit un bond, tant sous l’effet de la douleur que de la surprise,
vraisemblablement. Sa tête apparut hors du buisson. Pendant un instant, Ralph
crut que la biche allait s’écrouler morte, mais elle s’élança au loin, la
flèche plantée dans son cou, du sang suintant de sa blessure. Manifestement, le
projectile avait raté l’artère et s’était logé dans un muscle.
    Les chiens filèrent droit devant eux comme s’ils avaient
eux-mêmes reçu une flèche. Les deux chevaux suivirent sans qu’il soit
nécessaire de les solliciter. Ralph montait Griff, son cheval préféré quand il
sortait chasser. Un émoi mêlé d’anxiété et d’attente le submergea. Cette
sensation, sa principale raison de vivre, se manifestait par une vibration des
nerfs, un resserrement à hauteur du cou, une envie irrésistible de hurler à
pleins poumons, un tressaillement de tout le corps à ce point semblable à
l’excitation sexuelle qu’il n’aurait su expliquer en quoi elles étaient
différentes.
    Les hommes comme Ralph vivaient avant tout pour se battre.
    Le roi et ses barons faisaient d’eux des seigneurs et des
chevaliers ; ils leur donnaient des villages et des terres pour une raison
bien précise : pour qu’ils répondent à l’appel chaque fois que le roi
avait besoin de lever une armée, et qu’ils se présentent avec leurs chevaux,
leurs écuyers, leurs armes et leurs armures. Hélas, le roi ne déclarait pas la
guerre tous les ans. Deux ou trois années pouvaient s’écouler sans qu’il ne lance
ses chevaliers dans une bataille qui ne soit pas seulement un malheureux
règlement de comptes aux confins du pays contre ces rebelles de Gallois ou ces
barbares d’Écossais.
    Dans l’intervalle, les chevaliers devaient trouver à
s’occuper tout en entretenant leur forme physique et leurs qualités de
cavaliers. Par ailleurs, et c’était peut-être le plus important, ils devaient
entretenir leur soif de sang. La tâche d’un soldat consistait à tuer, il
l’accomplissait mieux s’il se languissait de l’odeur des batailles.
    La chasse était l’exutoire idéal. Tous les nobles, du roi
aux seigneurs les moins titrés, comme Ralph, chassaient chaque fois qu’ils en
avaient l’occasion – souvent plusieurs fois par semaine. Ils aimaient ce
passe-temps et s’y adonnaient d’autant plus volontiers qu’il leur assurait de
posséder la force et l’agilité indispensables le jour où ils seraient appelés à
se battre. Ralph chassait avec le comte Roland lors de ses fréquentes visites à
Château-le-Comte et il participait souvent aux chasses du seigneur William sur
ses terres de Casterham. Lorsqu’il se trouvait chez lui, dans son village de
Wigleigh, il battait les forêts des environs avec son écuyer, Alan. Ils
chassaient généralement le sanglier. Oh, pas pour la viande, mais pour la
traque passionnante de ces bêtes qui ne se rendent qu’après un dur combat.
Ralph aimait courir le renard ainsi que le loup, éventuellement, mais
l’occasion ne se présentait pas souvent. La meilleure proie était assurément le
cerf : un animal agile, rapide et grâce auquel on pouvait rapporter au
manoir cent livres d’une viande délicieuse.
    Pour l’heure, serrer entre ses jambes le corps de son
cheval, sentir son poids et sa puissance, éprouver la force de ses muscles, les
oreilles emplies du martèlement de ses sabots semblable à un roulement de
tambour, inondaient Ralph d’un bonheur exaltant. La biche s’était enfoncée dans
les bois, mais Orge savait où la débusquer, et les chevaux suivaient les
chiens. Ralph tenait dans sa main droite une lance, longue hampe de frêne à la
pointe durcie au feu. À chaque écart de Griff, à chacun de ses sauts, il se
penchait sur son encolure pour éviter les branches basses, balançant avec sa
monture, en appui sur les étriers, conservant son assise sans

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