Un Monde Sans Fin
se
redressa.
En entendant des pas dans les taillis, Annet leva les yeux.
La surprise et la curiosité le cédèrent à la peur sitôt qu’elle le reconnut.
Ralph en éprouva du plaisir. Elle bondit sur ses pieds, mais il était déjà à
côté d’elle et la tenait prisonnière d’une poigne légère mais invincible.
« Bonjour, Annet, que fais-tu toute seule dans les bois ?...»
Elle regarda derrière lui, espérant probablement qu’il était
accompagné et que la présence de ses amis le retiendrait. Hélas, il n’y avait
que son chien. La consternation se peignit sur ses traits. « Je rentrais à
la maison, ma mère est partie devant à l’instant.
— Ne te hâte pas, tu es si jolie avec tes cheveux
mouillés et tes jambes nues. »
Elle s’empressa de faire retomber ses jupes. De sa main
libre, Ralph lui saisit le menton, l’obligeant à le regarder. « Je n’ai
pas droit à un petit sourire ? Pourquoi es-tu aussi effrayée ? Tu
n’as rien à craindre, je suis ton seigneur ! »
Elle essaya de sourire. « Je suis juste un peu énervée.
Je ne m’attendais pas à vous voir... Peut-être pourriez-vous m’escorter jusque
chez moi, ajouta-t-elle en s’efforçant de retrouver un peu de sa coquetterie
habituelle. Une fille a besoin de se sentir protégée dans les bois.
— Te protéger ? Je m’en chargerai bien mieux que
ton mari ou cet imbécile de Wulfric. » Il lâcha son menton pour saisir son
sein. Un sein petit et ferme, pour autant qu’il se souvienne. Puis il libéra
son bras pour avoir ses deux mains libres et en poser une sur chaque sein.
Elle en profita pour s’enfuir. Riant, il suivit des yeux sa
course éperdue le long du chemin jusqu’au couvert des arbres. Un instant plus
tard, un cri d’effroi lui parvenait. Il resta à sa place. Alan la reconduisit
jusqu’à lui. L’écuyer tenait le bras d’Annet tordu dans son dos, ce qui faisait
ressortir sa poitrine de manière prometteuse.
Ralph dégaina son poignard, une lame pointue d’un bon pied
de long. « Enlève ta robe », ordonna-t-il.
Alan relâcha son étreinte. Elle n’obéit pas immédiatement.
« Seigneur, dit-elle, je vous ai toujours témoigné mon
respect...
— Retire ta robe ou je te lacère les joues, et elles en
porteront la marque à jamais. »
C’était la menace la plus apte à convaincre une femme
vaniteuse. Annet se hâta d’obtempérer. Tout en soulevant son vêtement de
rugueuse laine brune, elle se mit à pleurer. Elle la tint tout d’abord
chiffonnée contre elle pour couvrir sa nudité, mais Alan la lui arracha des
mains et la jeta au loin.
Ralph examina son corps nu, tandis qu’elle se tenait devant
lui, les yeux baissés, le visage inondé de larmes. Elle avait des hanches
minces et un buisson de poils blond-roux proéminent. « Wulfric t’a déjà
vue comme ça ? » demanda-t-il.
Elle secoua la tête sans relever les yeux.
« Il t’a déjà touchée ici ? »
Il enfonça sa main entre ses jambes. Elle se mit à le
supplier.
« Seigneur, soyez bon, je suis une femme mariée...
— Tant mieux, tu n’auras pas peur de perdre ton
pucelage ! Allonge-toi. »
Elle voulut s’enfuir. Alan tendit une jambe experte et elle
tomba en arrière. Ralph lui saisit les chevilles pour l’empêcher de se
redresser. Elle se tordait désespérément.
« Tiens-la ! » cria-t-il à l’écuyer.
Lui maintenant la tête à terre, Alan l’immobilisa en posant
les genoux sur ses bras et les mains sur ses épaules.
Ralph sortit son membre et le frotta pour le durcir. Puis il
s’agenouilla entre les cuisses d’Annet.
Elle hurla, personne ne l’entendit.
35.
Par bonheur, Gwenda fut l’une des premières à voir Annet
après le viol.
Elle avait aidé Peg à rapporter sa lessive de la rivière et
à l’accrocher dans la cuisine devant le feu. Elle continuait de travailler pour
Perkin, mais maintenant que l’automne était là et qu’il y avait moins à faire
aux champs, elle soulageait sa femme dans ses corvées domestiques. La lessive
suspendue, elles avaient commencé à préparer le repas de midi pour Perkin, Rob,
Billy Howard et Wulfric. Au bout d’une heure, Peg avait dit : « Mais
où est passée Annet ?
— Je vais la chercher. » Gwenda s’assura d’abord
que son bébé n’avait besoin de rien. Sammy était couché dans un couffin en
osier. Enveloppé dans un vieux bout de couverture marron, il suivait des yeux
les volutes de fumée qui dansaient
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