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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qualités n’en paraissaient que plus
délicates. « La nouvelle ne me surprend pas, répondit Godwyn. Cela fait
presque un an que Rose dépérit. Sa disparition prochaine m’attriste pour mes
cousines, Alice et Caris.
    — Heureusement, elles auront Pétronille pour les
consoler.
    — Oui », répondit Godwyn, qui savait mieux que
personne que réconforter son prochain n’était certainement pas la qualité
première de sa mère. Pétronille était plus encline à vous donner une tape dans
le dos pour vous faire tenir droit. Mais à quoi bon corriger la mère
prieure ? Mieux valait lui verser une bolée de cidre. « Ne fait-il
pas un peu frais pour vous, révérende mère ? s’enquit-il avec sollicitude.
    — Glacial, répondit celle-ci avec force.
    — Je vais faire du feu.
    — Si mon neveu se montre d’une telle prévenance, c’est
qu’il voudrait vous demander de payer ses études à Oxford », intervint
sournoisement Anthony.
    Godwyn lui jeta un regard furibond. Il avait voulu préparer
sa requête, la soumettre à la religieuse au moment opportun. À présent, son
projet était éventé, et de la pire façon qui soit : avec brutalité et sans
la moindre délicatesse.
    « Je doute que nous puissions prendre à notre charge
les frais de deux étudiants », répondit mère Cécilia.
    Ce fut au tour du prieur de s’étonner. « Quelqu’un vous
a déjà sollicitée ?
    — Peut-être ai-je eu tort d’évoquer le fait. Je m’en
voudrais de semer le trouble au prieuré.
    — C’est sans importance », répliqua Anthony, vexé.
Et il ajouta pour adoucir ses propos : « Nous vous sommes toujours
très reconnaissants de la générosité que vous nous témoignez. »
    Godwyn empila des bûches dans l’âtre et sortit dans le
froid. La maison du prieur jouxtait la face nord de la cathédrale. Le cloître
et les autres bâtiments du prieuré, dont la cuisine, se trouvaient au sud.
Grelottant dans sa robe de bure, il traversa la pelouse.
    Connaissant le caractère chicaneur de son oncle, il s’était
attendu à mille et une objections de sa part : à s’entendre dire qu’il
était trop jeune, qu’il devait attendre qu’un des étudiants en place reçoive
son diplôme. Que le prieur refuse purement et simplement d’entendre sa requête
le laissait pantois. N’était-il pas son protégé, son neveu de surcroît ?
    Une autre chose le stupéfiait : qu’un moine ait déjà
sollicité la mère prieure. De qui pouvait-il bien s’agir ? Sur les
vingt-sept moines que comptait leur communauté, six avaient son âge. Ce pouvait
être n’importe lequel d’entre eux. À la cuisine, frère Théodoric, l’assistant
du moine économe, aidait à préparer le repas. Était-ce lui son rival ?
Godwyn le regarda poser l’oie et la compote de pommes sur un plateau. Oui,
c’était possible. Il était assez intelligent pour faire des études.
    Empli d’inquiétude, Godwyn transporta le dîner jusqu’à la maison
du prieur. Quelle solution lui restait-il si la révérende mère avait décidé de
soutenir Théodoric ? Il n’avait pas imaginé d’alternative à son projet.
    Son rêve, c’était de devenir un jour prieur de Kingsbridge.
Il se sentait capable de remplir cette tâche, et ce mieux que son oncle.
Ensuite, une fois ses talents de prieur reconnus, il s’élèverait plus haut dans
la hiérarchie de l’Église, deviendrait évêque ou archevêque, exercerait des
fonctions au sein de l’État, serait même conseiller du roi. D’aussi hautes
fonctions lui conféreraient une puissance dont il n’avait pour l’heure qu’une
vague idée, mais cela ne l’empêchait pas d’être intimement convaincu qu’il les
occuperait un jour. Deux voies seulement permettaient d’y atteindre : la
naissance et l’instruction. Issu d’une famille de lainiers, Godwyn
n’appartenait pas à la noblesse. En conséquence, il plaçait tous ses espoirs
dans l’instruction. Mais pour faire des études, il avait besoin du soutien
financier de mère Cécilia.
    Il déposa le dîner sur la table juste au moment où celle-ci
demandait à Anthony comment était mort le roi. « D’une chute »,
expliqua le prieur.
    Godwyn découpa l’oie. « Je vous donne un morceau de
blanc, révérende mère ?
    — Oui, s’il te plaît. D’une chute ? répéta la
religieuse d’un air sceptique. À vous entendre, on pourrait croire que le roi
était un vieillard tremblotant. Il n’avait que quarante-trois ans,

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