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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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désaccord à propos du traitement.
    — C’est bon, soupira Anthony en se levant. De toute
façon, il ne reste plus rien de l’oie. »
    Cécilia le suivit, Godwyn et Saül leur emboîtèrent le pas.
Ils pénétrèrent dans la cathédrale par le transept nord. Arrivés à la croisée,
ils poursuivirent leur chemin tout droit le long du transept sud et
ressortirent dans le cloître, qu’ils traversèrent pour entrer dans l’hospice.
    Le chevalier blessé était étendu sur la couchette la plus
proche de l’autel, comme le voulait son rang. À sa vue, le prieur Anthony ne
put retenir un grognement de surprise. Un bref instant, l’émoi et la crainte
purent se lire sur ses traits. Puis son visage redevint impassible : il
avait recouvré le contrôle de lui-même.
    Son émotion, toutefois, n’avait pas échappé à mère Cécilia.
    « Vous le connaissez ? lui demanda-t-elle.
    — Je crois, oui. C’est sir Thomas Langley. Il est au
service du comte de Monmouth. »
    Le blessé, pâle et à bout de forces, était un beau jeune
homme d’une vingtaine d’années, à la large carrure et aux longues jambes. Son
torse dénudé était parcouru de cicatrices, séquelles de combats antérieurs.
    « Il a été attaqué sur la route, expliqua frère Saül.
Il est parvenu à se libérer, mais il lui a encore fallu parcourir une
demi-lieue pour arriver jusqu’ici. Il a perdu beaucoup de sang. »
    Le chevalier avait l’avant-bras gauche sectionné en deux sur
toute la longueur, du coude au poignet. La coupe, nette, avait été pratiquée
par une lame effilée.
    Un petit moine d’une trentaine d’années, affublé d’un long
nez et de mauvaises dents, se tenait près de lui. C’était frère Joseph, le
médecin-chef du monastère. Il dit : « Il faut maintenir la blessure
ouverte et la traiter avec un onguent qui accélère la formation du pus. Ainsi,
les humeurs mauvaises seront expulsées du corps et la blessure guérira de
l’intérieur. »
    Anthony hocha la tête. « En quoi consiste le désaccord ?
    — Matthieu le Barbier n’est pas de cet avis. »
    Matthieu, un habitant de la ville, n’était pas seulement
barbier de son état mais également chirurgien. Jusqu’ici, il s’était tenu en
retrait avec déférence. À ce moment de la conversation, il fit un pas en avant,
tenant à la main sa sacoche de cuir contenant ses instruments, des scalpels de
prix à la lame tranchante. Petit et mince, il avait des yeux d’un bleu éclatant
et un visage solennel.
    Le prieur ne se soucia pas de le saluer. « Que fait-il
ici ? Lança-t-il à frère Joseph.
    — Le chevalier l’a mandé. Ille connaît. »
    S’adressant à Thomas, Anthony déclara : « Si vous
vouliez vous faire charcuter, il n’était pas nécessaire de venir à
l’hospice. »
    L’ombre d’un sourire passa sur le visage du chevalier, trop
épuisé pour répondre.
    Matthieu s’adressa à Anthony, s’exprimant avec une confiance
en soi surprenante, compte tenu du mépris manifesté à son égard. « J’ai vu
de nombreuses blessures de ce type sur les champs de bataille, mon père. Il
existe un meilleur traitement, beaucoup plus simple. Cela consiste à laver la
blessure avec du vin chaud, puis à la refermer à l’aide de quelques points de
suture et à la bander. » À bien y regarder, il n’était pas aussi
respectueux qu’il le paraissait.
    Mère Cécilia l’interrompit. « Nos deux jeunes moines
ont-ils un avis sur la question ? » demanda-t-elle.
    Son intervention impatienta le prieur. Godwyn, pour sa part,
y vit une mise à l’épreuve et en conclut que Saül pourrait bien être son rival
dans la course à la bourse d’études.
    La réponse lui paraissant facile, Godwyn se lança le
premier. « Frère Joseph a étudié les maîtres antiques, dit-il. Il en sait
certainement davantage que Matthieu, dont je doute qu’il soit seulement capable
de lire.
    — Détrompez-vous, frère Godwyn, je sais lire rétorqua
l’intéressé. Je possède même un livre chez moi. »
    Anthony éclata de rire. Un barbier lisant un livre !
L’image était aussi ridicule qu’un cheval coiffé d’un chapeau. « Quel
livre ?
    — Le Canon d’Avicenne, le grand médecin
musulman. Traduit de l’arabe en latin. Je l’ai lu entièrement, lentement.
    — Et c’est le remède que propose Avicenne ?
    — Non, mais...
    — Dans ce cas...»
    Matthieu insista. « En suivant les armées, j’ai appris
bien plus de choses sur les

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