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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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que je
sache !
    — C’est ce que rapportent ses geôliers. »
    Après avoir été destitué, le roi avait été emprisonné au
château de Berkeley, à deux jours de cheval de Kingsbridge.
    « Ses geôliers, bien sûr ! Les hommes de
Mortimer », laissa tomber mère Cécilia qui désapprouvait le comportement
de Roger Mortimer, comte de March, lequel n’avait pas seulement pris la tête de
la rébellion contre Édouard II, mais avait ensuite séduit la reine Isabelle.
    Ils commencèrent à manger. Les voyant se jeter avec voracité
sur la nourriture, Godwyn craignit qu’ils n’engloutissent l’oie tout entière.
    « Vous dites cela sur un ton ! s’étonna le prieur.
On pourrait croire qu’il s’est produit un événement sinistre.
    — Oh, que non ! Même si certains le pensent. Le
bruit court, en effet...
    — Qu’il aurait été assassiné ? Je sais. Mais je
vous le dis pour l’avoir vu nu de mes propres yeux : son corps ne portait
aucune trace de violence.
    — On raconte qu’au moment de son agonie, tout le
village de Berkeley a entendu des cris perçants », intervint Godwyn,
incapable de se contenir, bien qu’il sache qu’il n’était pas autorisé à
interférer dans la conversation.
    Anthony le fustigea d’un coup d’œil de censeur. « À la
mort d’un roi, les rumeurs vont toujours bon train, minimisa le prieur.
    — Ce roi-là a connu certaines difficultés de son
vivant, fit remarquer Cécilia. Être déposé par le Parlement, la chose ne
s’était encore jamais vue !
    — Il y avait de puissantes raisons à cela, rétorqua
Anthony, un ton plus bas. Notamment certain péché à l’encontre de la
pureté. »
    Le prieur s’était volontairement exprimé en termes vagues,
mais Godwyn devina de quoi il retournait : Édouard avait eu des favoris –
des jeunes gens envers lesquels il manifestait une affection démesurée. Le
premier d’entre eux, Peter Gaveston, s’était vu octroyer tant de privilèges que
les barons, jaloux de son pouvoir, avaient fini par le faire condamner à mort
pour trahison. Hélas, d’autres favoris lui avaient succédé. Pas de quoi
s’étonner que la reine prenne un amant ! disait la populace.
    « Je ne saurais prêter foi à de telles horreurs,
s’indigna mère Cécilia en fervente royaliste qu’elle était. Je n’exclus pas que
dans les bois, des hors-la-loi puissent s’adonner à ces pratiques immondes,
mais un homme de sang royal ne descendrait jamais aussi bas. Reste-t-il de
l’oie ?
    — Oui », indiqua Godwyn en s’efforçant de
dissimuler sa déception. Il découpa un morceau de l’oie et servit la mère
prieure.
    « En tout cas, présentement, nul ne lance de défi au
nouveau roi », déclara Anthony. Il voulait parler du fils d’Édouard II et
de la reine Isabelle, couronné sous le nom d’Édouard III.
    « Il n’a que quatorze ans, et c’est Mortimer qui l’a
placé sur le trône, rétorqua Cécilia. Qui gouverne, en réalité ? Je vous
le demande.
    — Quoi qu’il en soit, la noblesse se félicite d’avoir
recouvré la stabilité.
    — À commencer par les partisans de Mortimer !
    — Comme le comte de Shiring, voulez-vous dire ?
    — Il m’a paru bien exubérant, aujourd’hui.
    — Vous ne pensez quand même pas...
    — Qu’il pourrait être pour quelque chose dans la chute
du roi ? Certainement pas. » La mère supérieure mangea un morceau de
volaille. « Mais c’est un sujet dont il est dangereux de débattre, même
entre amis.
    — En effet. »
    Un léger coup frappé à la porte annonça l’entrée de frère
Saül Tête-Blanche. Se pourrait-il que ce soit lui son rival ? s’inquiéta
Godwyn. Il avait le même âge que lui ; il était intelligent et capable ;
et il avait surtout le grand avantage d’être un parent éloigné du comte de
Shiring. Néanmoins, Godwyn doutait qu’il caresse l’ambition d’étudier à Oxford.
Il était dévot et timide, le genre d’homme chez qui l’humilité ne saurait être
une vertu puisqu’elle lui était naturelle. Mais allez savoir ! Tout était
possible...
    « Un chevalier vient d’arriver à l’hospice. Il a le
bras à moitié arraché, suite à un coup d’épée, déclara Saül.
    — C’est certainement très intéressant, mais pas au
point d’interrompre le dîner du prieur et de la supérieure », laissa
tomber Anthony.
    Effrayé, Saül se mit à bégayer. « Je vous demande
pardon, père supérieur, mais il y a

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