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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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un tour de taille
impressionnant. Il avait le teint rougeaud de l’homme qui s’est goinfré de bœuf
salé et de bière au petit déjeuner. Il s’assit, laissa échapper un pet sonore,
soupira avec satisfaction et déclara : « Très bien, ne perdons pas
plus de temps ! »
    Le comte Roland ne s’était pas déplacé.
    L’affaire de Ralph passait en premier. C’était celle qui
intéressait le plus grand nombre, à commencer par le juge lui-même. L’acte
d’accusation fut lu à haute voix, puis Annet appelée à témoigner.
    Curieusement, Ralph n’arrivait pas à se concentrer. Il est
vrai qu’il avait déjà entendu l’exposé des faits au cours de l’audience
précédente, mais il aurait pu tendre l’oreille pour découvrir si la plaignante
racontait aujourd’hui une version différente – ceci pour relever ses
hésitations, saisir un trébuchement. Mais il était fataliste. Ses ennemis
étaient là en force. Son puissant ami, le comte Roland, était absent. Il
n’avait que son frère auprès de lui, et Merthin avait déjà accompli tout ce qui
était en son pouvoir pour l’aider. Sans résultat. Il serait condamné.
    Les témoins se succédèrent : Gwenda, Wulfric, Peg
Perkin et le père Gaspard. Ralph, qui avait toujours pensé détenir une
puissance absolue sur tous ses paysans, se découvrait soudain vaincu par eux.
Le représentant des jurés, sieur Herbert Montain, l’un de ceux qui avaient
refusé de lui serrer la main, posait des questions visant à souligner tout ce
que son crime avait d’odieux, demandant à Annet si la douleur avait été
supportable, si elle avait perdu beaucoup de sang et si elle avait pleuré.
    Quand vint son tour, Ralph répéta mot pour mot l’histoire à
laquelle les jurés n’avaient pas cru lors de l’audience préliminaire. Il la dit
à voix basse et en hésitant. Alan Fougère plaida leur cause avec plus de
conviction, affirmant avec force qu’Annet n’avait pas du tout repoussé Ralph,
et que les deux amoureux lui avaient demandé de disparaître pendant qu’ils
s’offraient mutuellement du plaisir auprès du cours d’eau. Mais les jurés ne le
crurent pas, comme Ralph put s’en convaincre en les regardant attentivement à
tour de rôle. Cette mascarade commençait à l’agacer. Il souhaitait qu’elle
s’achève au plus tôt, que son destin soit définitivement scellé.
    Comme Alan regagnait sa place, il sentit une présence dans
son dos. Une voix étouffée lui souffla : « Écoutez-moi. »
    Il jeta un coup d’œil derrière lui et reconnut le père
Jérôme, le secrétaire du comte. Curieusement, il lui vint à l’esprit que les
hommes d’Église ne pouvaient être jugés par une cour comme celle-ci, quand bien
même ils commettaient des crimes.
    Le juge s’adressait au jury pour lui demander son verdict.
Le père Jérôme murmura : « Vos chevaux vous attendent dehors, sellés
et prêts à s’élancer. »
    Ralph s’immobilisa. Avait-il bien entendu ? Il se
retourna et fit : « Pardon ?
    — Fuyez ! »
    Ralph regarda derrière lui. Cent hommes lui barraient la
route vers la sortie et un bon nombre d’entre eux étaient armés. « C’est
impossible !
    — Passez par le côté », indiqua le père Jérôme en
désignant discrètement l’entrée par laquelle le juge était arrivé. Ralph
inclina la tête. Seuls quelques paysans de Wigleigh se tenaient entre cette
porte et lui.
    Le représentant du jury, sieur Herbert, se leva d’un air
important.
    Ralph attira l’attention d’Alan Fougère. L’écuyer, qui avait
tout entendu, attendait son signal.
    « Allez-y, maintenant ! » chuchota Jérôme.
    Ralph posa la main sur son épée.
    « Le jury estime que le seigneur Ralph de Wigleigh
s’est rendu coupable de viol », prononça Herbert.
    Ralph dégaina son épée. La faisant tournoyer au-dessus de sa
tête, il fila vers la porte.
    Il y eut quelques secondes d’un silence abasourdi, puis ce
fut le vacarme. Ralph était le seul homme dans la pièce à brandir une arme et
il savait qu’un certain temps s’écoulerait avant que les autres ne songent à
dégainer la leur.
    Seul Wulfric se mit en travers de son chemin avec une sorte
d’insouciance. Son visage n’exprimait pas le moindre effroi, uniquement la
détermination. Ralph leva son épée et l’abattit de toutes ses forces sur le
crâne de Wulfric, espérant le fendre en deux en son milieu. Celui-ci avait
reculé sur le côté avec agilité. Pas assez

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