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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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vite, cependant, pour éviter la
pointe de l’épée, qui lui pourfendit tout le côté gauche du visage, de la tempe
à la mâchoire. Il poussa un hurlement de douleur, portant involontairement les
mains à sa joue.
    Ralph en profita pour le contourner. Ouvrant la porte à
toute volée, il franchit le seuil et se retourna. Alan Fougère le doubla en
courant, poursuivi par le représentant des jurés brandissant son épée. Ralph
connut alors un moment de pure exaltation. Voilà comment les choses devaient se
régler, par la lutte, et non par des palabres ! La victoire ou la défaite,
il n’y avait pas d’autre choix !
    Poussant un hurlement de joie, il porta l’estocade et toucha
sieur Herbert à la poitrine. La pointe de son épée ne fit que déchirer la
tunique en cuir. Le représentant des jurés était trop loin pour que la lame
pénètre entre ses côtes. Il n’écopa que d’une estafilade, ce qui ne l’empêcha
pas de crier – de peur, plus que de douleur. Il trébucha et tomba à la renverse
sur ceux qui s’étaient précipités à sa suite. Ralph leur referma la porte au
nez.
    Il se trouvait dans un étroit passage longeant le flanc du tribunal
et donnant d’un côté sur la place du marché, fermée par une porte, et de
l’autre sur une cour avec des écuries. Où étaient les chevaux ? Le père
Jérôme n’avait rien dit, uniquement qu’ils attendaient dehors. Comme Alan
s’élançait vers la cour, Ralph se rua derrière lui. Un tohu-bohu dans son dos
lui apprit que la foule se précipitait hors de la salle d’audience à sa
poursuite.
    Il n’y avait aucun cheval dans la cour. Ralph fit demi-tour
et franchit la voûte qui donnait sur la place du marché.
    L’y attendait le spectacle le plus doux à son cœur en cet
instant précis : Griff, son cheval de chasse, sellé et piaffant, ainsi que
le destrier d’Alan, une bête de deux ans, tenus par un garçon d’écurie, pieds
nus et mâchonnant un quignon de pain.
    Ralph lui arracha les rênes des mains. D’un bond, il fut en
selle. Alan l’imita. Ils éperonnèrent leurs montures juste au moment où la
foule se déversait sur la place du marché. Le garçon d’écurie n’eut que le
temps de se jeter sur le côté, terrifié. Les chevaux filèrent au loin.
    Quelqu’un dans la foule lança un couteau. Il pénétra d’un
quart de pouce dans le flanc de Griff et retomba sans blesser le cheval, à qui
cette piqûre ne fit pas plus d’effet qu’un coup d’éperon.
    Ils s’engouffrèrent au grand galop dans les rues, faisant
fuir tous ceux qui se trouvaient devant eux, hommes, femmes ou enfants, sans
plus s’en soucier que si c’était du bétail. Ils franchirent une poterne percée
dans les remparts et traversèrent le faubourg, un entrelacs de maisonnettes
entourées de jardins et de vergers. Ralph regarda en arrière. Personne ne les
poursuivait. Les hommes du shérif n’allaient pas tarder à les prendre en
chasse, mais ils devaient d’abord trouver des chevaux et les seller.
    Ralph et Alan avaient déjà une bonne lieue d’avance. Leurs
montures ne présentaient aucun signe de fatigue. Ralph était rempli
d’allégresse. Cinq minutes auparavant, il se voyait pendu, et maintenant il
était libre !
    Ils étaient arrivés à un embranchement. Au hasard, Ralph
prit à gauche. Au-delà des champs, on apercevait la forêt. Parvenus là-bas, ils
quitteraient la route et disparaîtraient.
    Ensuite, que feraient-ils ?

 
39.
    « Le comte Roland a agi avec sagesse, expliqua Merthin
à Élisabeth. Il a laissé la justice suivre son cours presque jusqu’au bout. Il n’a
pas suborné le juge ; il n’a pas influencé le jury ; il n’a pas
intimidé les témoins. Et il s’est évité une querelle avec son fils, le seigneur
William. Et en même temps, il a échappé à l’humiliation de voir un de ses
hommes pendus.
    — Où est ton frère maintenant ? demanda-t-elle.
    — Je n’en ai aucune idée. Je ne l’ai pas revu depuis le
procès », répondit Merthin.
    En cet après-midi de dimanche, il se trouvait chez la jeune
fille, dans la cuisine, et venait d’achever un dîner qu’elle avait préparé tout
spécialement à son intention : des légumes verts et du jambon aux pommes,
arrosés d’un vin que sa mère avait acheté, ou dérobé peut-être, à l’auberge où
elle travaillait.
    Élisabeth poursuivit : « Qu’est-ce qu’il peut
faire ?
    — Il ne peut pas revenir à Wigleigh ni même ici, car il
encourt

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