Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
hérésie obligent
souvent à remuer de la boue. Mieux vaudrait ne pas vous salir les mains. Les
témoins sont parfois mal à l’aise devant un prieur. Il serait bon de déléguer
cette tâche à quelqu’un de moins intimidant. À ce jeune novice, par exemple,
dit-il en désignant Philémon qui rougit de plaisir. Il me fait l’effet d’être
un homme raisonnable. »
    Godwyn acquiesça. Philémon, à n’en pas douter, était la
personne tout indiquée pour accomplir une tâche indigne. N’avait il pas
découvert les relations coupables de l’évêque Richard avec Margerie ?
« Bien, acquiesça-t-il. Vois ce que tu peux découvrir, Philémon.
    — À vos ordres, monseigneur le prieur, répondit
celui-ci. Rien ne me procurera plus grand plaisir ! »
    *
    Le dimanche matin, les visiteurs continuaient d’affluer à
Kingsbridge. La joie au cœur, Caris les regardait traverser les deux ponts
conçus par Merthin, à pied, à cheval, à bord de charrettes ou de chariots à
deux ou quatre roues, chargés de marchandises pour la foire et tirés par un
cheval ou par un bœuf. Le pont n’étant pas véritablement achevé, aucune
cérémonie d’inauguration n’avait été prévue. Toutefois, la rumeur s’était
répandue qu’on pouvait l’utiliser grâce à ce tablier de bois et que les routes
étaient sûres désormais. Buonaventura Caroli lui-même avait fait le
déplacement.
    Merthin avait eu l’idée d’une nouvelle formule pour
collecter les péages, et sa solution avait été aussitôt adoptée par la guilde.
Au lieu de la simple guérite installée au bout du pont qui créait un goulot
d’étranglement, il avait imaginé d’en répartir une dizaine sur l’île aux
lépreux, sur la partie de route séparant les deux ponts, de sorte que,
dorénavant, la plupart des visiteurs pouvaient remettre la somme due sans même
s’arrêter. « Il n’y a plus de file d’attente ! » s’ébahit Caris
à voix haute, s’adressant à elle-même.
    Il faisait un temps doux et ensoleillé, sans la moindre
menace de pluie. La foire de cette année promettait d’être un triomphe.
    Et, dans une semaine, elle serait mariée à Merthin.
    Ses craintes ne l’avaient pas quittée. L’idée de perdre son
indépendance et de devenir la propriété d’un homme continuait de la terrifier
bien que Merthin ne soit pas le genre de personne à profiter de la situation,
elle le savait. Les rares fois où elle s’était ouverte de son angoisse à
quelqu’un, à Gwenda par exemple ou à Mattie la Sage, on lui avait répondu
qu’elle pensait comme un homme. Eh bien, qu’il en soit ainsi, si telle était sa
façon de ressentir les choses !
    Mais l’idée de perdre Merthin lui avait paru encore plus
insupportable. Que lui serait-il resté alors, en dehors d’une fabrique de tissu
qui ne l’intéressait pas ? Lorsque Merthin avait annoncé son intention de
quitter la ville, l’avenir lui était soudain apparu vide de sens et elle avait
compris qu’il n’y avait qu’une seule chose au monde pire que celle d’être
mariée à Merthin : ne pas l’être.
    Tel était donc le discours qu’elle se tenait dans ses
périodes d’enthousiasme. Pourtant, au milieu de la nuit, quand le sommeil la
fuyait, elle s’imaginait parfois ne se mariant plus à la dernière minute,
souvent même au beau milieu de la cérémonie, se découvrant subitement incapable
de prononcer les vœux de soumission à son époux et se précipitant hors de
l’église à la consternation générale.
    Aujourd’hui, cependant, sous le ciel radieux de cette belle
journée, elle se disait que tout cela n’était que bêtises. Tout allait bien.
Elle épouserait Merthin, et elle serait heureuse.
    Elle quitta la berge et remonta la rue. La cathédrale était
déjà remplie de fidèles réunis pour l’office du matin.
    Le souvenir de ses rencontres avec Merthin derrière un
pilier lui revint en mémoire et elle éprouva de la nostalgie pour l’insouciance
qu’ils avaient connue au tout début de leur amour, pour leurs intenses et
interminables conversations et pour leurs baisers volés.
    Sans même s’en rendre compte, elle se retrouva au premier
rang des fidèles, à côté de Merthin, en train d’examiner le bas-côté sud du
chœur qui s’était effondré sous leurs yeux, deux ans plus tôt. Elle se rappela
sa visite de la face invisible de la voûte et la conversation surprise entre
frère Thomas et son épouse abandonnée. C’était cette

Weitere Kostenlose Bücher