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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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le novice avait pris un ton de voix
mi-méprisant, mi-obséquieux que Godwyn n’appréciait guère.
    Grégory ne sembla pas s’en formaliser. « Naturellement,
dit-il. Le roi est en France, tout simplement.
    — Cela fait presque une année qu’il s’y trouve,
rétorqua Godwyn, et il ne s’est pas passé grand-chose.
    — Attendez cet hiver.
    — Que doit-il se passer ?
    — Vous avez sans doute entendu parler des attaques
lancées par les Français contre nos ports de la côte sud.
    — Absolument, dit Philémon. On dit même qu’à Cantorbéry
des marins français ont violé des religieuses.
    — Les ragots habituels ! lâcha Grégory avec
condescendance. Rien ne vaut les viols de bonnes sœurs pour encourager le
peuple à soutenir la guerre. Mais il est vrai que les Français ont brûlé
Portsmouth et que nos exportations s’en ressentent gravement. Vous n’êtes pas
sans avoir remarqué une sérieuse chute des cours de la laine, je suppose.
    — Certainement.
    — C’est dû en partie à la difficulté d’expédier la
marchandise en Flandre. Le prix du vin de Bordeaux est en hausse pour la même
raison. »
    L’ancien prix était déjà bien au-dessus de nos moyens, se
dit Godwyn, mais il garda ses réflexions pour lui.
    Grégory poursuivait : « Ces incursions ne sont que
des préliminaires, manifestement. Les Français rassemblent une flotte pour nous
envahir. Nos espions rapportent que plus de deux cents navires sont déjà ancrés
dans l’embouchure du Zwyn. »
    Godwyn ne manqua pas de noter que Grégory avait dit
« nos espions » comme s’il faisait partie du gouvernement alors qu’il
ne colportait que des racontars. Cependant, son ton de voix avait quelque chose
de convaincant et Godwyn ne put que demander : « En quoi la guerre
avec la France peut-elle influer sur le statut de Kingsbridge ?
    — Les impôts. Le roi a besoin d’argent. La guilde de la
paroisse a argué que la ville serait plus prospère, et donc paierait plus
d’impôts, si les marchands étaient libérés de la tutelle du prieuré.
    — Et le roi l’a cru ?
    — Cela a été prouvé en maintes circonstances
similaires.
    C’est pourquoi les rois accordent volontiers le statut de
ville royale à celles qui en font la requête. Les villes suscitent des échanges
commerciaux qui engendrent, à leur tour, des recettes fiscales. »
    L’argent, encore ! pensa Godwyn avec dégoût. Tout haut,
il s’enquit : « N’y a-t-il rien que nous puissions faire ?
    — Pas à Londres. Je vous conseillerais plutôt de vous
concentrer sur Kingsbridge. Ne pourriez-vous pas persuader la guilde de la
paroisse de retirer sa demande ? Quel genre d’homme est le vieux
prévôt ? Peut-il être soudoyé ?
    — Mon oncle Edmond ? Sa santé décline chaque jour
un peu plus. C’est sa fille Caris, ma cousine, qui est la véritable
instigatrice de tout cela.
    — Ah oui, je me rappelle l’avoir vue au procès. Plutôt
arrogante, m’a-t-il semblé. »
    Le genre de femme qui ne s’en laisse pas conter, qui voit
au-delà des apparences, songea Godwyn, et il résuma sa pensée par ces
mots : C’est une sorcière.
    — Une sorcière, vraiment ? Cela pourrait être un
argument de poids.
    — C’était une façon de parler. »
    Mais Philémon intervenait déjà : « En fait,
certaines rumeurs...»
    Et comme Grégory haussait les sourcils d’un air intéressé,
il poursuivit : « C’est une grande amie d’une sage appelée Mattie,
qui concocte des potions magiques à l’intention des gens crédules. »
    Godwyn s’apprêtait à traiter cette idée de sorcellerie par
le plus grand mépris quand l’idée lui vint qu’il devait faire arme de tout
bois. Ces rumeurs étaient sans conteste envoyées par Dieu. Allez savoir, Caris
usait peut-être de sorcellerie ?
    « Je vous vois hésiter, intervint Grégory. Évidemment,
si vous aimez votre cousine...
    — Je l’aimais beaucoup lorsque nous étions jeunes,
répondit le prieur, non sans un certain regret pour les années passées. Mais je
dois admettre à ma grande tristesse qu’elle n’est pas très croyante.
    — Dans ce cas...
    — Il faut que j’enquête sur le sujet.
    — Si je peux faire une suggestion... ? » émit
Grégory.
    Fâché de ne pas avoir le courage de clouer le bec à cet
avocat très agaçant, Godwyn répondit avec une courtoisie quelque peu
exagérée : Mais je vous en prie.
    — Les enquêtes en vue d’un procès en

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