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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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et frotta son sabot sur le sol, heureux de sentir à nouveau son
maître sur son dos.
    Le shérif attendait, accompagné de plusieurs hommes à
cheval, armés jusqu’aux dents. Il voulait bien permettre à Ralph de rejoindre
Shiring à cheval, mais pas courir le risque de le voir s’échapper.
    Scrutant plus attentivement le groupe, Ralph remarqua un
détail inhabituel : non seulement la garde qui accompagnait le shérif de
Shiring était constituée d’hommes du comte Roland, mais celui-ci se trouvait là
également, reconnaissable à sa chevelure et à sa barbe d’un noir de jais. Que
signifiait sa présence ?
    Du haut de son destrier gris, le comte se pencha vers John
le Sergent et lui tendit un rouleau de parchemin. « Lisez, si vous le
pouvez ! ordonna-t-il en crachant les mots par un côté de la bouche, comme
sa paralysie l’y contraignait désormais. C’est un mandat du roi. Tous les
prisonniers du comté sont pardonnés et libérés s’ils acceptent de me suivre à
la guerre !
    — Hourra ! » s’écria sieur Gérald.
    Dame Maud fondit en larmes. Merthin se pencha pour lire
par-dessus l’épaule du sergent.
    Ralph échangea un regard avec Alan, qui lui souffla :
« Qu’est-ce que ça veut dire ?
    — Que nous sommes libres ! »
    Le sergent de ville regarda le comte : « Si, si,
je sais lire ! » Et il se tourna vers le shérif. « Vous confirmez
cet ordre ?
    — Oui, dit le shérif.
    — Dans ce cas, je n’ai pas d’objection. Ces hommes sont
libres de suivre le comte. » Il roula le parchemin.
    Ralph regarda son frère. Il pleurait. Larmes de joie ou de
dépit ?
    Mais l’heure n’était plus aux interrogations. Le comte
s’écriait déjà avec impatience : « Les formalités sont achevées. En
avant ! La route est longue jusqu’en France où nous attend le roi. »
    Il piqua des talons et s’engagea dans la grand-rue.
    Ralph éperonna Griff qui s’élança dans un trot plein
d’ardeur à la suite de Roland.

 
41.
    « Cette fois-ci, je ne pense pas que vous remporterez
gain de cause, annonça Grégory Longfellow à Godwyn en s’asseyant dans la grande
chaise du vestibule de la maison du prieur. Le roi accordera bel et bien une
charte à la ville de Kingsbridge. »
    Godwyn continua de regarder fixement devant lui. L’avocat
lui avait permis de gagner deux affaires devant la cour de justice royale,
l’une l’opposant au comte, l’autre au prévôt. Si un homme de cette envergure se
déclarait d’ores et déjà vaincu, la défaite était quasi certaine. Il ne pouvait
l’admettre. Que Kingsbridge devienne une ville royale et c’en serait fini du
pouvoir du prieuré. Or, cela faisait des siècles qu’il régnait sur la ville en
maître incontesté.
    Aux yeux de Godwyn, Kingsbridge n’existait que pour servir
le prieuré, qui lui-même servait Dieu. Et voilà que le prieuré risquait de
n’être plus qu’un simple rouage dans une ville gouvernée par des marchands au
service du dieu Argent. Godwyn était d’autant plus consterné que cette
abomination ne manquerait pas d’être consignée dans le livre de la ville comme
s’étant produite sous son égide.
    « En êtes-vous absolument certain ? demanda-t-il.
    — Je n’avance jamais rien dont je ne sois
certain », laissa tomber Grégory avec dédain.
    Si sa morgue avait réjoui Godwyn lorsqu’elle était dirigée
contre ses adversaires, elle l’exaspérait maintenant qu’il en faisait les
frais. Ce fut donc avec colère qu’il s’écria : « Vous avez fait tout
ce chemin jusqu’à Kingsbridge pour me dire que vous ne pouviez pas exécuter ma
requête ?
    — Et aussi pour toucher mes honoraires », ajouta
Grégory joyeusement.
    Godwyn regretta fort de ne pas pouvoir le faire jeter dans
l’étang aux poissons, dans ses beaux habits londoniens !
    C’était le samedi précédant la Pentecôte, la veille de
l’ouverture de la foire à la laine. Dehors, sur le parvis de la cathédrale, des
centaines de commerçants montaient leurs stalles. Leurs bavardages et leurs
cris d’un étal à l’autre s’entendaient jusqu’à l’intérieur de la maison du
prieur, dans ce vestibule où, présentement, Godwyn et Grégory se faisaient
face, assis à la table à manger.
    Philémon, qui occupait un banc dans un coin, s’adressa à
l’avocat : « Peut-être pourriez-vous expliquer à notre révérend
prieur comment vous en êtes arrivé à cette triste conclusion ? »
    Ces derniers temps,

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