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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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profiterait grandement au prieuré, même si Godwyn refusait de le
reconnaître.
    La cérémonie touchait à sa fin. Moines et religieuses
commencèrent à sortir. Un novice quitta les rangs pour rejoindre la
congrégation des fidèles. C’était Philémon. À la surprise de Caris, il vint la
trouver. « Puis-je vous parler ? » demanda-t-il.
    Elle réprima un frisson. Le frère de Gwenda avait quelque
chose de répugnant.
    « De quoi donc ? répliqua-t-elle sur un ton à
peine poli.
    — En fait, j’aimerais vous demander votre avis, dit-il
avec un sourire mielleux, cherchant à se gagner ses bonnes grâces. Vous
connaissez Mattie la Sage, n’est-ce pas ?
    — Oui.
    — Que pensez-vous de ses méthodes ? »
    Elle le regarda durement. Qu’avait-il derrière la tête pour lui
poser cette question ? Elle prit le parti de défendre son amie. « Il
est certain qu’elle n’a jamais étudié les textes des anciens, mais ses remèdes
sont parfois plus efficaces que ceux des moines. Je pense que c’est parce
qu’elle se fonde sur l’expérience, et non sur des théories se rapportant aux
humeurs du corps. »
    Les personnes se tenant à côté tendirent l’oreille.
Certaines d’entre elles se mêlèrent d’office à la conversation, telle Madge la
Tisserande.
    « La potion qu’elle a donnée à notre Nora a fait tomber
sa fièvre !
    — Quand je me suis cassé le bras, renchérit John le
Sergent, et que Matthieu le Barbier m’a remis l’os en place, les onguents de
Mattie ont apaisé mes douleurs. »
    Philémon demanda encore : « Quelles litanies
prononce-t-elle, quand elle fabrique ses mixtures ?
    — Aucune, voyons ! s’exclama Caris sur un ton
indigné. Elle dit toujours aux malades que Dieu seul est capable de leur
apporter la guérison et qu’ils doivent prier quand ils prennent leur
traitement.
    — Se pourrait-il qu’elle soit une sorcière ?
    — Mais pas du tout ! C’est une idée
grotesque !
    — Pourtant une plainte contre elle a été déposée devant
la cour ecclésiastique. »
    Un froid glacial s’abattit sur Caris. « Déposée par
qui ?
    — Je ne puis vous le dire. Mais on m’a prié de mener l’enquête. »
    Sa réponse mystifia Caris. Qui pouvait en vouloir à
Mattie ? « Mattie fait le bien autour d’elle et tu es mieux placé que
personne pour le savoir, car ta sœur serait morte en mettant Sam au monde si
elle n’avait pas été là. Sans elle, Gwenda n’aurait pas survécu à son
hémorragie.
    — Oui, semble-t-il, admit Philémon.
    — Semble-t-il ? Pour autant que je sache, ta sœur
est vivante, non ?
    — Oui, bien sûr. Donc, vous êtes sûre que Mattie ne
prononce pas d’invocations au démon ? »
    Philémon avait légèrement haussé le ton pour poser la
question comme s’il voulait être entendu des gens autour d’eux.
    Désarçonnée, Caris répliqua d’une voix assurée :
« Évidemment que j’en suis certaine. Je suis prête à en faire le serment,
si tu y tiens.
    — Oh non ! Ce ne sera pas nécessaire, répondit
Philémon gentiment. Je vous remercie de m’avoir fait part de votre avis. »
    Il inclina la tête dans une sorte de salut et se retira.
    Caris et Merthin se dirigèrent vers la sortie.
    « Mattie, une sorcière ! On entend vraiment
n’importe quoi ! » s’écria la jeune fille.
    Mais cette conversation laissait Merthin préoccupé.
« On aurait dit que Philémon cherchait à amasser des preuves contre elle,
tu ne trouves pas ?
    — Si.
    — C’est quand même curieux qu’il soit venu te
trouver !
    Toi, la personne au monde qui ne pouvait que réfuter ses
accusations. Pour quelle raison l’a-t-on chargé de mener une enquête ?
    — Je n’en sais rien. »
    Ils franchirent le grand portail et sortirent sur le parvis.
La foire battait son plein. Un joyeux soleil brillait sur les centaines d’étals
et leurs marchandises multicolores. « C’est quand même étrange, dit
Merthin. Ça m’inquiète.
    — Pourquoi ?
    — C’est comme la faiblesse dans l’aile sud. Ce n’est
pas parce que tu ne vois rien qu’un travail de sape n’est pas en train de se
produire. Et tu ne t’en rendras compte que lorsque tout s’écroulera. »
    *
    Le tissu rouge présenté sur l’étal de Caris n’était pas
d’aussi belle qualité que celui vendu par Loro le Florentin, même s’il fallait
avoir un œil acéré pour s’en apercevoir. Le tissage en était plus lâche, parce
que les Italiens

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