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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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faiblesses humaines pour exécuter son projet
divin.
    Philémon reprenait, sur un timbre égal et assuré :
« Évidemment, si vous n’avez jamais été témoin d’un acte suspect, la
question est close. Toutefois, je vous prierai de fouiller votre mémoire
soigneusement. »
    Godwyn s’étonna une fois de plus de la vitesse à laquelle
son protégé avait appris à se conduire, en deux ans de temps. De l’ancien
domestique, il ne restait plus rien. Philémon s’exprimait comme l’aurait fait
un archidiacre.
    « Sur l’heure, des événements ont pu vous sembler
parfaitement inoffensifs alors qu’ils prennent aujourd’hui, à la lumière de ce
que nous savons, une coloration sinistre. Et il est possible que vous
considériez maintenant, en y réfléchissant mieux, que ces événements-là
n’étaient pas aussi innocents qu’ils vous étaient parus alors.
    — Je comprends ce que vous voulez dire, mon
frère », répondit Elfric.
    Il y eut un long silence. Personne ne mangeait. Godwyn
attendait patiemment qu’Elfric prenne sa décision.
    Philémon ajouta : « Bien sûr, si Caris devait
mourir, la fortune d’Edmond reviendrait tout entière à sa sœur, Alice... votre
épouse.
    — En effet, reconnut Elfric. J’y avais déjà pensé.
    — Alors ? insista Philémon. Vous vient-il une
chose à l’esprit ?
    — Oh oui ! dit Elfric au bout d’un certain temps.
Et plus d’une ! »

 
42.
    Malgré tous ses efforts, Caris ne parvint pas à découvrir ce
qui était arrivé à Mattie la Sage. D’aucuns affirmaient qu’elle était
emprisonnée dans une cellule du prieuré ; d’autres qu’elle n’avait pas été
rattrapée et serait jugée par contumace ; un troisième groupe enfin
clamait qu’une autre personne dont on ignorait le nom serait jugée à sa place.
Godwyn refusa de répondre aux questions de Caris ; quant aux autres
moines, ils prétendirent ne rien savoir.
    Le samedi matin, la jeune fille se rendit à la cathédrale,
déterminée à prendre la défense de Mattie, qu’elle soit présente ou pas ;
de Mattie ou de toute autre vieille qui serait l’objet de cette absurde
accusation d’hérésie. Mais pourquoi les moines et les prêtres détestaient-ils
autant les femmes ? En dehors de leur Vierge bénie qu’ils adoraient, ils
considéraient toute autre représentante du sexe féminin comme une incarnation
du diable. D’où leur venaient ces idées ridicules ?
    S’il s’était agi d’un procès séculier, il aurait été précédé
d’une audition préliminaire au cours de laquelle un jury se serait attaché à
établir un acte d’accusation et les preuves avancées à l’encontre de Mattie
auraient été connues. Hélas, l’Église avait ses propres lois.
    Quelles que soient les accusations portées à son encontre,
Caris déclarerait haut et fort que Mattie était simplement une guérisseuse qui
soignait les malades à l’aide de mixtures à base d’herbes en leur enjoignant
toujours de prier le Seigneur pour qu’il leur rende la santé. Plusieurs des
habitants de la ville ne manqueraient pas de se joindre à elle pour soutenir
Mattie, elle en était convaincue.
    Mais sa certitude commença à s’effriter lorsque, debout dans
le transept nord à côté de Merthin, elle se rappela le procès de Nell la folle,
deux ans auparavant. Elle y avait pris la parole et affirmé que Nell ne voulait
pas de mal aux gens, que son seul tort était de n’avoir pas toute sa raison. À
quoi son intervention avait-elle servi ?
    Aujourd’hui, comme alors, une foule se pressait dans la
cathédrale, gens de la ville et visiteurs assoiffés de drame. Accusations,
contre-accusations, querelles, hurlements, malédictions – tout cela se
terminerait par le spectacle d’une femme promenée dans les rues et flagellée
avant d’être conduite au gibet.
    Murdo, le frère lai, était là, bien sûr. Les procès
sensationnels lui offraient l’occasion d’accomplir ce qu’il faisait le
mieux : exciter l’exaspération des foules. On n’attendait plus que le
clergé.
    Les pensées de Caris sautèrent d’un sujet à l’autre. Demain,
dans cette même cathédrale, elle épouserait Merthin. Betty la Boulangère et ses
quatre filles fabriquaient déjà le pain et les gâteaux pour la fête. Demain
soir, elle dormirait avec Merthin dans sa maison de l’île aux lépreux.
    Ses inquiétudes sur le mariage l’avaient abandonnée. Elle
avait pris sa décision et en acceptait déjà

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