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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les conséquences. En vérité, elle
était heureuse, et elle se demandait sur quel motif s’étaient fondées ses
craintes. Merthin était incapable de faire de quiconque un esclave, ce n’était
pas dans sa nature. Même envers son apprenti, Jimmie, il manifestait une grande
douceur.
    Mais ce qu’elle aimait le plus dans leur amour, c’était
l’intimité physique qu’ils connaissaient l’un avec l’autre. C’était la plus
belle chose qui lui était arrivée dans la vie à ce jour. Désormais, sa plus
grande aspiration était d’avoir une maison où vivre avec lui, un lit où faire
l’amour chaque fois qu’ils le désiraient, le soir au coucher ou le matin au
réveil, au milieu de la nuit comme au milieu du jour.
    Enfin, les moines et les religieuses apparurent, précédés
par l’archevêque Richard et son assistant, l’archidiacre Lloyd. Quand ils
eurent pris place dans leurs sièges, le prieur Godwyn s’avança et dit :
« Nous sommes réunis en ce lieu aujourd’hui, pour juger de l’accusation
d’hérésie portée à l’encontre de Caris, la fille d’Edmond le Lainier. »
    La foule laissa échapper un cri de surprise.
    « Non ! » hurla Merthin.
    Toutes les têtes se tournèrent vers Caris. Elle était
estomaquée, abasourdie, terrorisée. « Mais pourquoi ? »
s’écria-t-elle. Personne ne lui répondit.
    Les avertissements de son père lui revinrent tout d’un coup
en mémoire. « Tu sais comme il est intraitable, même pour des vétilles,
avait dit Edmond. Demander au roi d’accorder une charte à la ville mènera à la
guerre totale. » Et Caris de se rappeler maintenant avec un frisson la
réponse qu’elle lui avait faite : « La guerre totale. Qu’il en soit
ainsi ! »
    Face à un Edmond en bonne santé, Godwyn n’aurait guère eu de
chances de l’emporter. Son oncle, en effet, n’aurait pas abandonné la lutte
sans s’être assuré qu’il avait définitivement stoppé ses tentatives, quitte à
le détruire s’il le fallait. Hélas, aujourd’hui Caris était seule, et cela
changeait complètement la donne, car elle n’avait ni la puissance ni l’autorité
de son père, et pas non plus le soutien de la population.
    Sans lui, elle était vulnérable.
    Elle aperçut sa tante parmi la foule. Comment Pétronille
pouvait-elle garder le silence ? Certes, elle soutenait son fils en toute
occasion, mais les circonstances actuelles étaient d’une telle gravité qu’elle
ne pouvait faire autrement que d’empêcher la mort de sa nièce. Ne lui
avait-elle pas dit un jour qu’elle voulait être une mère pour elle ? En la
voyant garder les yeux obstinément fixés devant elle, incapable de croiser son
regard, Caris perdit ses dernières illusions : Pétronille conservait pour
son fils une dévotion inébranlée. Sa décision était prise : elle n’interviendrait
pas.
    Philémon se leva. « Mon évêque et seigneur, dit-il,
prétendant s’adresser au juge mais se tournant vers la foule, comme personne ne
l’ignore, la femme Mattie la Sage s’est enfuie, terrorisée à l’idée de passer
en jugement alors qu’elle se savait coupable. Or, Caris rend régulièrement
visite à Mattie depuis de longues années. Très récemment, elle a pris sa
défense ici même, dans la cathédrale, et cela devant plusieurs témoins. »
    Tel était donc le but que poursuivait Philémon l’autre jour,
en l’interrogeant sur Mattie ! Caris échangea un coup d’œil avec Merthin.
Il s’était inquiété, alors, ne comprenant pas où le novice voulait en venir.
    Le Philémon qui se tenait en cet instant devant l’évêque, le
prieur et les habitants de la ville n’était plus le garçon gauche et malheureux
qu’elle avait connu, mais un ecclésiastique arrogant et sûr de lui, qui
crachait son venin tel un serpent prêt à frapper. Et Caris ne put que s’ébahir
d’une transformation à ce point radicale.
    Philémon poursuivait : « Elle s’est dite prête à
jurer que Mattie n’était aucunement une sorcière. Pourquoi en venir à de tels
serments, si ce n’était pour se disculper elle-même ?
    — Parce qu’elle est innocente, comme Mattie, espèce de
menteur hypocrite ! » s’écria Merthin.
    L’insulte aurait pu lui valoir le pilori, mais elle ne
souleva aucun commentaire, noyée qu’elle était sous les cris d’innombrables
fidèles.
    « Récemment, continuait Philémon, Caris est parvenue
miraculeusement à teindre sa laine d’une couleur

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