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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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percuta. Sous l’effet du
choc elle trébucha. S’agrippant aux habits du voleur, elle l’entraîna dans sa
chute. Ils s’écroulèrent tous deux dans un bruyant cliquetis de crucifix et de
calices.
    La douleur qu’elle ressentit décupla la fureur de Caris.
    Lâchant les vêtements du voleur, elle leva la main vers
l’endroit où devait se trouver son visage. Au contact de sa peau, elle y planta
ses ongles et tira vers elle. L’homme cria. Elle sentit du sang sous ses
doigts.
    Mais Gilbert eut vite fait de la terrasser et de se jeter
sur elle à califourchon. Une lumière soudain apparue au sommet de l’escalier
lui permit de voir son visage à quelques pouces du sien. L’instant d’après, il
lui décochait un coup de poing de toute la force de son bras droit, puis du
bras gauche, et encore du bras droit. Elle hurla de douleur.
    La lumière augmenta. Les moines dévalaient les escaliers.
Mair hurlait à pleins poumons : « Lâchez-la, démon ! » En
un bond, Gilbert fut de nouveau sur ses pieds. Il voulut attraper son sac.
Hélas, Mair se jetait sur lui, brandissant un lourd objet. Le coup atteignit le
voleur à la tête. Il se retournait pour le rendre quand une vague de moines
s’abattit sur lui.
    Caris se remit debout. Mair s’approcha d’elle et la serra
contre son cœur.
    « Qu’est-ce que vous lui avez fait ?
    — Un croche-pied, et je lui ai labouré le visage de mes
ongles. Et vous, avec quoi l’avez-vous frappé ?
    — Avec la croix en bois accrochée devant le dortoir.
    — Eh bien, dit Caris, ce n’est pas ce qu’on appelle
tendre l’autre joue ! »

 
44.
    Gilbert de Hereford passa en jugement devant la cour
ecclésiastique. Reconnu coupable, il fut condamné par le prieur Godwyn à subir
le châtiment réservé aux pilleurs d’église : être écorché vif. On lui
retirerait la peau du corps, vivant, et il saignerait jusqu’à ce que mort
s’ensuive.
    Le supplice devait avoir lieu le jour où Godwyn recevait
mère Cécilia. Ils avaient pris l’habitude de se rencontrer une fois par semaine
en présence de leurs assistants : le sous-prieur Philémon et la mère
supérieure en second Nathalie. Tandis qu’ils attendaient l’arrivée des deux
religieuses dans la grande salle de la maison du prieur, Godwyn déclara à
Philémon : « Nous ne pouvons plus conserver le trésor du prieuré dans
une boîte à la bibliothèque, il doit être rassemblé dans un lieu aménagé tout
spécialement. Nous devons absolument convaincre les sœurs de nous remettre les
fonds nécessaires à sa construction.
    — Avez-vous à l’esprit un lieu que le couvent et le
monastère utiliseront en commun ? s’enquit Philémon d’un air rusé.
    — Forcément. Nous n’avons pas les moyens de payer la
construction de ce local. »
    Et Godwyn de se rappeler tristement ses ambitions de jadis
lorsqu’il rêvait de restituer au monastère sa splendeur passée. Hélas, malgré
réformes et décrets, il n’était pas parvenu à redresser les finances, sans
comprendre pourquoi. Ce n’était pas faute d’avoir usé de sévérité, car
désormais les habitants de la ville étaient contraints d’utiliser le foulon du
prieuré, de pêcher dans ses étangs et de chasser dans ses réserves, et tout
cela en payant le prix fort. Mais chaque fois, ils s’étaient arrangés pour
contourner les interdictions. En foulant la laine dans les villages voisins,
par exemple.
    Quiconque, homme ou femme, surpris à braconner ou à couper
du bois dans les forêts du prieuré avait été durement châtié. Les flagorneurs
n’avaient pas réussi à le détourner de son objectif. Il n’avait pas autorisé la
construction d’un nouveau moulin, dépense inutile, ni permis aux fabricants de
charbon de bois et aux fondeurs de fer d’exercer leur profession sur les terres
du prieuré, ce qui aurait été faire un mauvais usage de la richesse forestière.
Il avait agi sagement, il en était convaincu, et cependant aucune des mesures
imposées ne lui avait rapporté les revenus attendus.
    « Donc, vous allez demander à mère Cécilia d’en
financer la construction..., reprit Philémon sur un ton pensif. Oui, conserver
nos richesses dans un lieu qui nous soit commun peut en effet présenter
certains avantages.
    — Oh, je me garderai bien de le faire valoir à mère
Cécilia ! répondit Godwyn, devinant sur quelle voie s’engageait l’esprit
tortueux de Philémon.
    — Cela va de soi !
    — Très bien, je

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