Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
vous lui donnez de vos nouvelles ?
    — Quelles nouvelles ? Il n’y a rien à dire à mon
sujet. Je suis une religieuse.
    — Vous vous languissez de lui ? »
    Caris se retourna et regarda Mair droit dans les yeux.
« Les religieuses n’ont pas à se languir d’un homme.
    — En revanche, elles peuvent se languir d’une
femme », riposta Mair et, se tendant en avant, elle effleura de ses lèvres
la bouche de Caris.
    Celle-ci en fut tellement sidérée qu’elle resta sans
réaction un instant. Mair en profita pour prolonger le baiser. Les lèvres d’une
femme étaient douces, mais elles n’avaient rien à voir avec celles de Merthin.
Par-delà sa surprise, Caris n’était pas horrifiée. Cela faisait maintenant sept
ans que personne ne l’avait embrassée ; elle prenait subitement conscience
que ce tendre contact lui manquait.
    Dans le silence, un bruit sonore retentit dans la pièce
adjacente, la bibliothèque.
    Mair fit un bond en arrière d’un air coupable.
« Qu’est-ce que c’est ?
    — On aurait dit une boîte tombant par terre.
    — Mais comment est-ce possible ?
    — En effet. À cette heure de la nuit, la bibliothèque
devrait être déserte. Les moines sont censés être au lit, comme nous »,
répondit Caris.
    Elle était intriguée ; sa compagne, quant à elle,
semblait effrayée.
    « Nous devrions aller jeter un coup d’œil »,
déclara-t-elle.
    Elles quittèrent la pharmacie. Bien qu’une simple cloison
sépare la pharmacie de Caris et la bibliothèque, elles durent traverser le
cloître du couvent, puis celui du monastère, pour s’y rendre. C’était une nuit sans
lune. Mais les deux religieuses, qui vivaient ici depuis des années, auraient
retrouvé leur chemin les yeux bandés. Juste avant d’atteindre la bibliothèque,
elles aperçurent par l’une des hautes fenêtres une lumière tremblotante à
l’intérieur. La porte, d’ordinaire fermée à clef la nuit, était entrouverte.
    Caris poussa le battant violemment.
    Un bref instant, le spectacle qui s’offrit à ses yeux lui
fut incompréhensible : une silhouette indistincte se mouvait derrière une
table supportant une grosse boîte et une bougie, et, dans son dos, l’une des
armoires avait la porte ouverte... Armoire qui renfermait le trésor du prieuré,
les chartes et autres objets de valeur ! se rappela-t-elle immédiatement,
comprenant en même temps que la boîte sur la table n’était autre que le coffre
contenant les ornements d’or et d’argent employés pour les cérémonies
solennelles. Quant à la silhouette, elle transvasait des objets du coffre dans
un sac !
    La silhouette en question releva la tête. Caris reconnut
aussitôt le pèlerin arrivé plus tôt dans la journée, ce Gilbert soi-disant
originaire de Hereford : un voleur tout simplement !
    Ils restèrent à se regarder un instant, immobiles l’un et
l’autre, puis Mair se mit à hurler et s’enfuit.
    Gilbert souffla la bougie.
    Caris ressortit dans le cloître et referma la porte sur elle
pour ralentir la fuite de l’intrus, avant de prendre ses jambes à son cou.
Arrivée au pied de l’escalier menant au dortoir des hommes, elle se dissimula
dans un renfoncement, attirant Mair contre elle.
    Réveillés par le hurlement de Mair, les moines auraient déjà
dû réagir.
    « Courez prévenir les moines ! » cria-t-elle
à sa compagne.
    Mair s’élança vers l’escalier aussi vite qu’elle le put.
    Un craquement parvint aux oreilles de Caris. Ce devait être
la porte de la bibliothèque qui s’ouvrait. Elle tendit l’oreille. Mais Gilbert
ne devait pas en être à son coup d’essai car ses pas ne faisaient aucun bruit
sur les dalles. Elle retint son souffle pour mieux écouter. Un vacarme retentit
au sommet de l’escalier.
    Le voleur dut comprendre qu’il ne lui restait que quelques
secondes pour s’échapper car Caris percevait maintenant le bruit d’une course.
    Le vol des joyaux n’était pas ce qui l’inquiétait le plus,
car ces précieux ornements procuraient vraisemblablement plus de bonheur à
l’évêque et au prieur qu’au Seigneur tout-puissant. En revanche, l’idée que ce
Gilbert puisse gagner une fortune en dérobant le trésor du prieuré la
révoltait. Elle bondit hors de son recoin.
    À l’évidence, les pas couraient dans sa direction, bien que
l’obscurité ne lui permette pas de distinguer grand-chose. Elle avançait, les
bras tendus devant elle, et c’est ainsi que Gilbert la

Weitere Kostenlose Bücher