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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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lieu de le chasser. Hélas, les moines ne partageaient pas ses vues, à
l’exception de frère Thomas qui était convaincu d’avoir perdu son bras vingt
ans plus tôt à cause du cataplasme que lui avait prescrit le prieur Anthony.
Mais c’était une autre de ces batailles que Caris ne menait plus. Les méthodes
préconisées par les moines jouissaient de l’autorité d’Hippocrate et de Galien,
et personne ne doutait de leur bien-fondé.
    Joseph se retira. Caris s’assura que Minnie était installée
confortablement et son père rassuré. « Quand elle se réveillera, elle aura
soif. Veillez à lui donner à boire aussi souvent qu’elle le voudra. De la bière
ou du vin, mais coupés d’eau. »
    Elle n’était pas pressée de confectionner le cataplasme.
Mieux valait donner à Dieu quelques heures supplémentaires avant d’appliquer le
remède du médecin-chef. Il y avait peu de chances pour qu’il revienne plus tard
vérifier l’état de la malade. Ayant envoyé Nellie ramasser du crottin de chèvre
sur la pelouse devant le grand portail, elle se rendit à sa pharmacie.
    C’était un réduit mal éclairé, qui ne possédait
malheureusement pas de larges fenêtres, comme la salle contiguë, la
bibliothèque des moines. Néanmoins, Caris disposait là d’une table, de quelques
étagères où ranger ses ingrédients et d’une petite cheminée où faire cuire ses
mixtures.
    Elle y conservait également un petit cahier fait de morceaux
de parchemin cousus ensemble. Les feuillets avaient des formes différentes, car
elle avait réuni des fragments mis au rebut. Le parchemin valait très
cher ; un paquet de feuillets identiques n’était employé que pour recopier
les Saintes Écritures. Dans ce cahier, Caris consignait les cas les plus
graves, indiquant la date, le nom du patient, ses symptômes et le remède
employé. Par la suite, elle ajoutait des notes concernant le résultat de ses
soins, reportant avec une grande exactitude le nombre de jours ou d’heures
écoulés entre le début et la fin du traitement. Elle relisait fréquemment ses
écrits pour se rafraîchir la mémoire et juger de l’efficacité des soins.
    Aujourd’hui, en inscrivant l’âge de Minnie, il lui vint à
l’esprit que son enfant à elle – une petite fille, se dit-elle sans raison –
aurait eu huit ans cette année. Elle se demanda comment elle aurait réagi si
elle avait eu un accident. Aurait-elle été capable de la soigner avec le
détachement voulu ? Aurait-elle été aussi affolée que Christophe ?
    Elle venait tout juste d’achever sa rédaction quand la
cloche sonna le salut. Elle se rendit à l’office. Après vint l’heure du souper.
Du réfectoire, les religieuses se rendaient au dortoir pour dormir un peu avant
matines, à trois heures du matin.
    Caris n’alla pas se coucher. Elle retourna à sa pharmacie
pour fabriquer le cataplasme. Malaxer du crottin de chèvre ne la dérangeait
pas. Quiconque travaillait dans un hospice voyait bien pire. Cependant, elle se
demanda comment Joseph pouvait imaginer que du crottin de chèvre était indiqué
en cas de brûlures.
    Quoi qu’il en soit, elle ne poserait pas ce cataplasme avant
le lendemain matin. D’ici là, la brûlure de Minnie aurait déjà commencé à
cicatriser, la petite fille était en bonne santé.
    Elle mélangeait les ingrédients quand elle eut la surprise
de voir entrer sœur Mair. « Que faites-vous hors du lit, à cette
heure ? lui demanda-t-elle, étonnée.
    — Je suis venue vous aider, répondit Mair en
s’approchant.
    — Ce n’est pas bien difficile de confectionner un
cataplasme. Qu’a dit sœur Nathalie ? »
    Sœur Nathalie, mère abbesse en second chargée de la
discipline, n’autorisait personne à quitter le dortoir la nuit sans une raison
hautement valable.
    « Elle s’endort toujours très vite. Pensez-vous
réellement que vous n’êtes pas jolie ?
    — C’est pour me poser cette question que vous avez
quitté le dortoir sans permission ?
    — Je suis sûre que Merthin vous trouvait très jolie.
    — En effet, répondit Caris avec un sourire.
    — Il vous manque ? »
    Caris, qui avait terminé de mélanger les ingrédients, se
détourna pour se laver les mains dans une bassine. « Je pense à lui chaque
jour, dit-elle. C’est l’architecte le plus en vue de Florence.
    — Comment le savez-vous ?
    — J’ai de ses nouvelles tous les ans par Buonaventura
Caroli, lors de la foire à la laine.
    — Et

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