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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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regret de ne pas
avoir fait main basse sur le tout, comme l’y incitait sa conversation avec
Pétronille. Comment s’approprier le reste ? Là était la question.
    La cloche de la cathédrale retentit, sonnant l’heure du
supplice. Ils se levèrent tous les quatre et sortirent.
    Le condamné à mort était exposé nu à la vue de tous sur le
grand parvis de la cathédrale, attaché par les mains et les pieds à l’intérieur
d’une armature en bois en forme de chambranle de porte. Une centaine de badauds
s’étaient rassemblés pour assister à l’exécution. Seuls les religieuses et les
moines de haut rang avaient été conviés, les autres n’étant pas censés voir des
effusions de sang.
    Will le Tanneur faisait office de bourreau. C’était un homme
d’une cinquantaine d’années, à la peau brunie par son métier. Protégé par un
tablier de toile propre, il se tenait à côté d’une petite table supportant ses
instruments. Il était en train d’aiguiser un couteau à l’aide d’une pierre et
le grincement de l’acier sur le granit fit frissonner Godwyn.
    Le prieur entreprit de réciter une série de prières qu’il
fit suivre d’un sermon en anglais. Il y souligna que la mort du voleur servait
les intérêts de Dieu en ce sens qu’elle décourageait les vivants de commettre
ce même péché. Puis, d’un hochement de la tête, il signifia à Will de procéder
à l’exécution.
    Celui-ci alla se placer derrière le voleur, armé d’un petit
couteau. Il en enfonça la lame acérée dans la nuque de Gilbert, très
précisément au milieu, et fit descendre son bras jusqu’au bas du dos, sans
dévier sa course. Le sang jaillit de la coupure tandis que le supplicié hurlait
de douleur.
    Will pratiqua ensuite en travers des épaules une seconde
incision formant la lettre T avec la précédente puis il changea de couteau.
S’étant muni d’un outil à longue lame effilée, il l’inséra avec beaucoup de
soin à l’endroit où les deux coupures se rejoignaient. Le condamné hurla
encore. Le tanneur saisit alors de la main gauche un coin de la peau et le
souleva, puis il se mit en demeure de séparer la peau de la chair avec une
extrême attention.
    Les hurlements de Gilbert s’amplifièrent.
    Sœur Nathalie étouffa un cri. Se détournant, elle s’enfuit
vers le couvent. Mère Cécilia ferma les yeux et se mit à prier. Godwyn réprima
un hoquet de nausée. Dans la foule, un badaud s’évanouit. Seul Philémon resta
de marbre.
    Will agissait d’une main sûre et rapide. Son couteau aiguisé
tranchait le gras, dénudant l’entrecroisement des muscles sous la peau. Comme
le sang coulait à flots, il lui fallait parfois s’arrêter, le temps de s’essuyer
les mains à son tablier. À chaque nouvelle incision, Gilbert hurlait de plus
belle. Bientôt, toute la peau de son dos pendit sur ses flancs, de part et
d’autre de ses cuisses, comme de grands ailerons.
    Will s’attaqua aux jambes. Pour ce faire, il s’agenouilla
par terre dans une mare de sang profonde d’un pouce au moins.
    Les cris cessèrent brutalement. Vraisemblablement, le
supplicié avait perdu connaissance. Godwyn en fut soulagé. Certes, il avait
souhaité que le pilleur d’église souffre l’agonie sous les yeux de la foule,
mais supporter ses cris était au-dessus de ses forces.
    Will continuait son œuvre avec flegme, indifférent au fait
que la victime soit consciente ou pas. Quand il eut détaché toute la peau du
dos et des jambes, il vint se placer devant le condamné pour pratiquer des
incisions autour de ses chevilles et de ses poignets. La chose étant faite, il
détacha la peau du corps, qui se mit à prendre aux épaules et aux hanches du
supplicié. Le voyant maintenant travailler en remontant à partir du pelvis,
Godwyn réalisa soudain qu’il s’efforçait de retirer la peau d’une seule pièce.
Et de fait, il ne resta bientôt plus un pouce de peau sur le corps du
malheureux, hormis celle de sa tête.
    Gilbert respirait toujours.
    Ayant pratiqué une série d’incisions tout autour du crâne,
Will reposa ses couteaux et s’essuya les mains une fois de plus. Ayant saisi la
peau de Gilbert à hauteur des épaules, il tira d’un coup sec en
soulevant : la peau du visage et du crâne s’arracha sans se détacher du
reste du corps. Will brandit la dépouille du condamné, tel un trophée de
chasse. La foule applaudit.
    *
    L’idée de partager avec les moines un local où étaient
enfermés les

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