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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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mère, il avait
été présent à ses côtés chaque fois qu’elle avait eu besoin de réconfort et de
compréhension, d’un conseil avisé ou d’un simple renseignement. Il savait tant
de choses sur le monde ! À présent, elle n’avait personne auprès de qui se
tourner quand elle recherchait un soutien.
    Elles traversèrent un bois et escaladèrent la colline dont
leur avait parlé la vieille femme. À leurs pieds, au creux de la vallée,
s’étendait un village incendié identique à tous les autres, sinon que s’y
élevait au centre un groupe de bâtiments en pierre qui pouvait être un petit
couvent.
    « Dieu soit loué ! s’exclama Caris. C’est sûrement
L’Hospice des-Sœurs ! » Tout en descendant la colline, elle se
surprit à attendre avec impatience le moment d’accomplir le rite du lavage des
mains, du repas pris en silence, du coucher dès la nuit tombée et même des
matines célébrées dans la quiétude du demi-sommeil à trois heures du matin.
Oui, elle s’était habituée à la vie du couvent. Après les horreurs découvertes
aujourd’hui, ces murs gris lui apparaissaient comme un havre de paix et de
sécurité. Elle piqua des talons pour obliger Blackie à prendre le trot.
    L’endroit, pourtant, semblait figé dans une immobilité
inhabituelle. Caris voulut se rassurer : le couvent était petit, somme
toute, et situé dans un village isolé. Elle ne pouvait s’attendre à y découvrir
l’agitation et l’activité qui régnaient à Kingsbridge. Cependant, à cette heure
du jour où l’on préparait le souper, de la fumée aurait dû s’échapper de la
cheminée. D’autres signes sinistres vinrent étayer ses craintes à mesure
qu’elle se rapprochait du village. L’édifice le plus proche avait perdu son
toit ; les fenêtres, privées de volets ou de vitres, ressemblaient à des
trous béants. Certains murs étaient couverts de suie. Et il régnait un silence
absolu. Pas un son, pas un tintement de cloche, pas un cri de palefrenier ou de
fille de cuisine. Les lieux avaient été abandonnés.
    Caris en prit conscience en pénétrant dans la cour du
couvent. Le découragement la saisit. Ici, comme dans le reste du village, tout
avait été ravagé par un incendie. Les murs, en pierre pour la plupart, tenaient
encore debout, mais les charpentes s’étaient effondrées ; tout ce qui
était en bois, portes et ornements, avait brûlé et les vitres avaient explosé
sous l’effet de la chaleur.
    « Ils ont mis le feu à un couvent ? s’exclama
Mair, sidérée.
    — Qu’on n’évoque plus devant moi l’esprit
chevaleresque ! » renchérit Caris, tout aussi ébahie. Elle avait
toujours cru que les armées d’envahisseurs laissaient intacts les bâtiments
religieux. C’était une règle de fer, disait-on. Un chef d’armée mettait à mort
tout soldat qui violait un édifice sacré. Elle n’avait jamais remis ce discours
en question.
    Les deux religieuses descendirent de cheval. D’un pas précautionneux,
elles s’avancèrent parmi les poutres noircies et les pierres roussies jusqu’au
quartier des domestiques.
    Arrivée à la porte de la cuisine, Mair poussa un cri
perçant :
    « Oh, Seigneur ! Qu’est-ce que c’est ?
    — Une religieuse décédée », répondit Caris avant
même d’apercevoir le cadavre dévêtu qui gisait sur le sol.
    Et de fait, cette tête aux cheveux coupés était bien celle
d’une nonne. Curieusement, le feu l’avait épargnée. En revanche, des oiseaux
avaient picoré ses yeux et des prédateurs dévoré une partie du visage. Cette
femme était sans doute morte depuis une semaine.
    Ses seins aussi avaient disparu, tranchés par la lame d’un
couteau.
    « Et ce sont les Anglais qui ont fait ça ?
s’exclama Mair, saisie de stupéfaction.
    — Assurément, ce ne sont pas les Français !
    — Mais il y a des étrangers parmi nos combattants,
n’est-ce pas ? Des Germains, des hommes de Cornouailles. Peut-être que ce
sont eux !
    — Ils sont tous sous les ordres de notre roi, prononça
Caris sur le ton d’une terrible condamnation. C’est lui qui les a fait venir
ici. Il est responsable de leurs actes. »
    Elles restaient là, les yeux fixés sur cette vision
d’horreur, quand soudain une souris s’échappa de la bouche du cadavre. Mair se
détourna en hurlant.
    Caris la serra dans ses bras. « Calmez-vous, dit-elle
en lui frottant le dos pour la réconforter. Allez, venez. Partons
d’ici ! »
    Elles revinrent

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