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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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à leurs chevaux. Caris réprima l’envie
d’enterrer la religieuse. Elles n’en auraient pas le temps, elles seraient
surprises par la nuit. Mais où aller ? Où trouver refuge ? Le soleil
se couchait rapidement.
    « Retournons auprès de la vieille femme sous le
pommier, décida Caris. Sa maison était la seule à tenir encore debout, de
toutes celles que nous avons vues depuis Caen. En poussant les chevaux nous
serons rendues avant qu’il ne fasse nuit noire. »
    Elles forcèrent leurs montures à prendre une allure
soutenue. Devant elles, le soleil ne tarda pas à se cacher derrière l’horizon.
Quand elles arrivèrent à la maison près du pommier, le monde était noyé dans
l’obscurité.
    La vieille femme, qui s’appelait Jeanne, les accueillit avec
bonheur, espérant partager leur nourriture. Ce qu’elles firent bien entendu,
dans le noir complet. Il n’y avait pas de feu dans l’âtre, mais le temps était
doux, et les trois femmes s’enroulèrent côte à côte dans des couvertures. Caris
et Mair serrèrent contre elles les sacs de selle contenant leurs réserves.
    Caris resta un moment les yeux ouverts. Elle était heureuse
d’avoir finalement pu entreprendre ce voyage, après tout le temps perdu à
Portsmouth. Elle avait bien progressé au cours de ces deux jours. L’évêque
Richard forcerait le prieur à rembourser l’argent qu’il s’était approprié, elle
en était certaine. Le tout était de parvenir jusqu’à lui. Richard n’était pas
un modèle d’intégrité, mais il avait l’esprit ouvert et, à sa manière, il était
juste. Une manière qu’on pouvait qualifier de nonchalante. Lors de son procès
en sorcellerie, il n’avait pas pris systématiquement le parti de Godwyn. Caris
était convaincue qu’il lui remettrait une lettre ordonnant à Godwyn de
rembourser le couvent sur la vente de biens appartenant au prieuré. De toute
façon, elle ferait tout ce qui était en son pouvoir en vue de le convaincre
d’agir en ce sens.
    Pour l’heure, elle s’inquiétait pour sa sécurité et celle de
Mair. L’idée que les soldats ne touchaient jamais aux religieuses s’était
révélée fausse, elle avait pu s’en convaincre à L’Hospice-des-Sœurs. Il leur
fallait un déguisement.
    Quand elle se réveilla, au point du jour, elle demanda à Jeanne :
« Avez-vous conservé les habits de vos petits-fils ?
    — Prenez ce que vous voulez, dit la vieille femme en
ouvrant une commode. Je n’ai personne à qui les offrir. » Sur ces mots,
elle se saisit d’une cruche et partit tirer de l’eau.
    Caris entreprit de trier les vêtements rangés dans les
tiroirs. La vieille femme ne réclama rien en échange. Tant de gens étaient
morts que les vêtements n’avaient plus aucune valeur monétaire.
    « Que faites-vous ? s’enquit Mair.
    — C’est dangereux de nous promener en habit de
religieuses, expliqua Caris. Transformons-nous en pages au service d’un Breton
de petite noblesse, Pierre, sieur de Longchamp, par exemple. Pierre est un
prénom courant et il doit y avoir un bon nombre de lieux qui s’appellent
Longchamp. Notre maître a été capturé par les Anglais, et notre maîtresse nous
envoie pour le retrouver et payer sa rançon.
    — Bien ! s’exclama Mair avec ardeur.
    — Gilles et Jean avaient quatorze et seize ans. Avec un
peu de chance, leurs habits nous iront. »
    Caris se choisit une tunique, un haut-de-chausses et une
cape à capuchon, le tout en laine vierge écrue. Mair se trouva une tenue
similaire, de couleur verte, avec des manches courtes et une chemise.
D’ordinaire, les femmes ne portaient pas de caleçons, contrairement aux hommes.
Par bonheur, Jeanne avait lavé avec amour les dessous de ses proches décédés.
Quant aux chaussures, Caris et Mair pouvaient conserver les leurs – de commodes
souliers de marche dont l’aspect ne différait guère de ceux portés par les
hommes.
    Elles retirèrent leur robe de religieuse. Caris, qui n’avait
jamais vu Mair nue, ne put résister à la tentation de jeter un coup d’œil. Sa
beauté la laissa sans voix. Sa peau avait un éclat de perle rose. Sa poitrine,
généreuse, avait des tétons pâles de petite fille, et son mont de Vénus
s’ornait d’une luxuriante toison de poils blonds.
    Consciente de ne pas être aussi belle, Caris se détourna
pour enfiler vivement sa tunique par-dessus sa tête. La coupe en était
identique à celle d’une robe de femme, sauf qu’elle s’arrêtait aux

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