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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’ardoise de la cathédrale de
Kingsbridge en formant des bulles monumentales sur les torrents qui dévalaient
la pente et faisaient déborder les chenaux. Des fontaines jaillissaient de la
bouche des gargouilles et des rideaux de pluie cascadaient le long des
contreforts. À l’intérieur de l’édifice, des rigoles traversaient la voûte et
coulaient jusqu’au bas des colonnes, noyant au passage les statues des saints.
Le ciel, le sanctuaire immense et la ville autour déclinaient toutes les
nuances des gris mouillés.
    La fête de la Pentecôte, septième dimanche après Pâques,
commémoration de l’instant où l’Esprit Saint descendit sur les Apôtres, tombait
en mai ou en juin, peu après la période où l’on tond les moutons dans la plus
grande partie de l’Angleterre. C’est pourquoi la foire à la laine de
Kingsbridge débutait toujours à cette date.
    Pataugeant sous une cataracte, sa capuche rabattue sur le
front dans une vaine tentative de protéger au moins son visage, Merthin se
rendait à la cathédrale pour assister à l’office du matin. Son chemin
traversait le champ de foire. Sur la grande pelouse qui s’étendait devant le
parvis de la cathédrale, des centaines de commerçants avaient monté leurs
tréteaux, protégeant leurs marchandises de l’intempérie sous un auvent de toile
cirée ou de feutre tendu à la hâte. Vendeurs au détail écoulant la production
de quelques bergers ou négociants en gros comme Edmond dont l’entrepôt
regorgeait de ballots, les marchands de laine étaient les personnages les plus
importants de la foire. Les autres commerçants, massés autour d’eux,
proposaient à la vente à peu près toutes les denrées que l’argent permet
d’acquérir : du vin doux de Rhénanie, des brocarts de Lucques – en soie à filets
d’or –, des compotiers en verre de Venise, du gingembre et du poivre d’Orient
rapportés de pays dont peu de gens connaissaient seulement le nom. Enfin, les
habituels boulangers, brasseurs, confiseurs, diseuses de bonne aventure et
autres prostituées offraient aux chalands de quoi satisfaire leurs besoins
courants.
    Cloués à leurs étals, les marchands tentaient de faire
contre mauvaise fortune bon cœur et plaisantaient entre eux, s’efforçant de
créer une ambiance de fête, mais la pluie ne laissait pas présager de gros
bénéfices. Pour certains d’entre eux, faire des affaires était une nécessité
absolue, qu’il pleuve ou qu’il vente. Ainsi en allait-il pour les négociants
italiens et flamands qui avaient besoin de douce laine anglaise pour faire
tourner leurs milliers d’ateliers à Florence et à Bruges. Mais les acheteurs
occasionnels préféraient rester chez eux. L’épouse du chevalier estimait
qu’elle pourrait se passer de noix de muscade ou de cannelle ; le paysan
prospère décidait que son vieux manteau lui ferait l’hiver prochain ;
l’avocat jugeait que sa maîtresse n’avait pas vraiment besoin d’un bracelet
d’or fin.
    Merthin n’avait pas l’intention d’acheter quoi que ce soit.
Il n’avait pas d’argent. Apprenti, il ne touchait pas de salaire. Logé chez son
maître, Elfric le Bâtisseur, il était nourri à la table familiale, dormait dans
la cuisine à même le plancher et portait ses vêtements usés. Pendant les
longues soirées d’hiver, il sculptait d’ingénieux objets qu’il vendait quelques
pennies – un coffret à bijoux pourvu de compartiments secrets ou bien un coq
qui sortait la langue quand on lui tirait la queue. L’été, il n’en avait pas le
loisir, car le travail se prolongeait jusqu’à la nuit tombée.
    Sa période d’apprentissage touchait à sa fin. Dans moins de
six mois, très précisément le 1 er décembre, il serait majeur. Ce
même jour, il serait admis à la guilde des charpentiers de Kingsbridge en tant
que membre de plein droit. Il attendait ce moment avec impatience.
    Le large portail de la façade ouest de la cathédrale était
grand ouvert pour laisser entrer les milliers de fidèles désireux d’assister à
l’office, gens de Kingsbridge ou d’ailleurs. Sitôt à l’intérieur, Merthin
secoua la pluie de ses vêtements. Le sol en pierre, couvert de boue, était
glissant. Par beau temps, des rais de lumière éclairaient un peu la nef et les
bas-côtés que les vitraux maintenaient dans la pénombre. Aujourd’hui, l’église
semblait plus sombre encore qu’à l’accoutumée à cause de toute cette foule
vêtue d’habits

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