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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’années,
s’encadra dans la porte du fond. Derrière lui, une petite fille dodue glissa un
œil dans la salle. « Que se passe-t-il ? » s’exclama-t-il sur un
ton autoritaire.
    L’homme d’armes continuait à pilonner sa victime. « Te
mêle pas de ça, compris ? »
    Pa vomit du sang.
    « Arrêtez immédiatement ! ordonna l’aubergiste.
    — Hé, là ! Tu te prends pour qui ? répliqua
le soldat.
    — Je suis Paul la Cloche : vous êtes ici chez
moi !
    — Tu sais quoi, Paul la Cloche ? Occupe-toi de tes
oignons, ça vaudra mieux pour toi !
    — Vous vous croyez tout permis sous prétexte que vous
portez l’uniforme ? lança Paul avec un mépris manifeste.
    — On peut dire ça.
    — On peut savoir à qui sont ces couleurs ?
    — À la reine.
    — Bessie, jeta-t-il par-dessus son épaule, file
chercher John, le sergent de ville. Si on assassine quelqu’un chez moi, je veux
qu’il en soit témoin. » La petite fille disparut.
    « Personne ne sera tué dans ta taverne, dit l’homme
d’armes. Joby a changé d’avis. Il a décidé de m’emmener à l’endroit où il a
dépouillé deux morts, pas vrai, Joby ? »
    Pa inclina la tête, incapable d’articuler un son. L’homme
d’armes le lâcha et Pa s’écroula sur les genoux, toussant et hoquetant.
    Le soldat considéra le reste de la famille. « Et
l’enfant qui a assisté au combat... ? »
    Gwenda ne put retenir un hoquet de terreur.
    « C’est cette gamine à face de rat, si je comprends
bien ! » laissa tomber le soldat en hochant la tête d’un air
satisfait.
    Gwenda courut se réfugier dans les bras de Ma, qui se mit à
supplier : « Sainte Marie, Mère de Dieu, protégez mon
enfant ! »
    Le soldat attrapa Gwenda et la tira brutalement en arrière.
« Pas un bruit, cria-t-il sèchement, comme elle se mettait à pleurer. Ou
tu subis le même sort que ton misérable père. »
    Gwenda serra les dents pour s’empêcher de hurler.
    « Debout, Joby ! fit l’homme d’armes en soulevant
Pa sur ses pieds. Remets-toi, on sort tous ensemble faire un tour. »
    Son compagnon ramassa les vêtements et les armes.
    « Fais tout qu’ils te demandent ! » hurla Ma
sur un ton frénétique tandis qu’ils quittaient l’auberge.
    Les hommes d’armes avaient des chevaux. Le plus âgé installa
Gwenda devant lui. Pa fut hissé lui aussi sur l’encolure de l’autre cheval. Il
gémissait, sans forces. Ce fut donc Gwenda qui conduisit le petit groupe. Elle
se rappelait bien le chemin pour l’avoir déjà emprunté deux fois. À cheval, le
trajet ne leur prit pas longtemps. Néanmoins, le jour tombait quand ils
arrivèrent à la clairière.
    Laissant à son compagnon plus jeune le soin de surveiller Pa
et Gwenda, le chef entreprit de tirer les corps de leurs camarades hors des
buissons.
    « C’est un sacré combattant, ce Thomas, pour arriver à
tuer à la fois Alfred et Harry ! » déclara-t-il en examinant les
cadavres.
    Gwenda comprit alors qu’il ne savait pas que d’autres
enfants avaient assisté à la scène. Elle aurait volontiers avoué qu’un des deux
hommes d’armes avait été tué par Ralph, mais elle était trop effrayée pour
pouvoir seulement articuler un son.
    « Il lui a presque tranché la tête, à
Alfred ! » continuait l’homme d’armes. Se retournant vers Gwenda, il
la regarda durement. « Est-ce qu’ils ont parlé d’une lettre ?
    — Je ne sais pas ! répondit celle-ci, retrouvant
sa voix. J’avais si peur que je gardais les yeux fermés. De là où j’étais, je
ne pouvais pas les entendre. C’est vrai ! Si je savais quelque chose, je
vous le dirais !
    — De toute façon, s’ils lui avaient pris la lettre, il
l’aurait récupérée après les avoir tués », dit le plus jeune à son
camarade. Il promena les yeux sur les arbres entourant la clairière, comme si
cette lettre pouvait être accrochée quelque part au milieu des feuilles mortes.
« Il doit l’avoir avec lui, au prieuré. Mais là, nous ne pouvons pas
l’arrêter sans violer la sainteté des lieux. »
    Le chef reprit la parole : « En tout cas, on
pourra faire un rapport circonstancié et ramener les corps pour les enterrer
chrétiennement. »
    Il y eut soudain du remue-ménage. Pa s’était arraché aux
mains de celui qui le surveillait et s’enfuyait au milieu de la clairière. Le
soldat s’élança à ses trousses. Son chef l’arrêta : « Reviens !
À quoi bon l’éliminer,

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